Budget fédéral : les syndicats affichent leur déception, l’opposition évoque “un pas en arrière”

L’annonce d’un accord sur le budget fédéral par le gouvernement de Charles Michel (MR) n’a pas rallié que des voix optimistes.

CGSLB : “Le gouvernement favorise à nouveau les employeurs”

Si le syndicat neutre des indépendants ou l’UCM affichent leur satisfaction au vu des mesures proposées sur la fiscalité des indépendants et des PME, le CGSLB, syndicat libéral, a affiché sa déception “une fois de plus”. “Fidèle à la politique menée jusqu’ici, le gouvernement, loin de viser une plus grande justice fiscale, favorise à nouveau les employeurs avec de nouvelles réductions de charge et davantage de flexibilité”, explique la CGSLB, par voie de communiqué.

“Le gouvernement a laissé passer sa dernière chance de tracer les grandes lignes d’une fiscalité du patrimoine raisonnable et équitable”, juge la CGSLB. “La taxation linéaire des (gros) comptes-titres qui devrait générer 254 millions d’euros représente tout juste un emplâtre sur une jambe de bois.”

Pour le syndicat, les mesures ne “suffiront pas à rendre la fiscalité plus équitable, (…) que du contraire: la priorité va aux chiffres, pas à la population”. Et la CGSLB de dénoncer “l’ingérence du gouvernement dans les dossiers sociaux, hypothéquant d’emblée l’équilibre des négociations entre les partenaires sociaux”.

Or, les accords sur la période d’essai et les starter jobs démontrent bien l’importance de cette concertation. Elle déplore “d’autant plus qu’aucun consensus n’a pu être trouvé entre les partenaires sociaux en juin, alors que ces accords étaient “mieux équilibrés”. L’extension des flexi-jobs et la poursuite de la dérégulation du travail de nuit et de l’e-commerce sont autant d’autres exemples “d’une politique impulsive qui, sans aucun respect des travailleurs et des accords collectifs, est propre à déstabiliser le marché du travail”. Le syndicat rappelle par ailleurs que la Cour constitutionnelle doit encore se prononcer à l’automne sur la légitimité des flexi-jobs dans l’horeca.

“La CGSLB dénonce l’entêtement du gouvernement face à l’équité fiscale et son ingérence obstinée dans les dossiers socio-économiques en mettant trop l’accent sur la flexibilité et la dérégulation”, conclut le communiqué. “Le syndicat libéral analysera les textes définitifs de l’accord pour définir ensuite sa stratégie et demander les correctifs qui s’imposent.”

20150624 - BRUSSELS, BELGIUM: A man wearing CGSLB liberal union vest pictured ahead of an extraordinary works council (Conseil d'entreprise - ondernemingsraad) of Delhaize group, Wednesday 24 June 2015 in Brussels. They will discuss the future of the group with the possible consolidation with Dutch group Ahold and their supermarket Albert Heijn. BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ

FGTB : “Un accord imbuvable et injuste”

La FGTB juge mercredi que l’accord intervenu au sein du gouvernement pour le budget fédéral est “imbuvable, déséquilibré et injuste”. Le syndicat socialiste le qualifie même de “honte pour le gouvernement”. Il dénonce des mesures offertes aux “nantis”, employeurs et entreprises et des efforts demandés uniquement aux travailleurs.

Le syndicat déplore que le budget ne comporte aucune mesure structurelle “susceptible de garantir une fiscalité juste. Apparemment, les cadeaux fiscaux octroyés aux grosses fortunes et aux grandes entreprises sont toujours la priorité des priorités pour l’équipe Michel”. Alors que la FGTB est demandeuse d’une réforme de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, elle reçoit une réduction du taux d’impôt des sociétés. “Une mesure incompréhensible, d’autant qu’elle engendrera moins de rentrées pour les finances publiques”, juge le syndicat. Cette décision est considérée comme d’autant plus inacceptable que le gouvernement ne prévoit que “des miettes en compensation”.

Le syndicat critique également la taxation des comptes-titres, “un remède homéopathique qui n’a que l’apparence d’un impôt sur les fortunes”. La FGTB s’offusque des mesures concernant les travailleurs : extension de la flexibilité, réintroduction de la période d’essai, synonyme pour le syndicat d’insécurité, extension des flexi-jobs ainsi que du travail de nuit et le dimanche, démantèlement du statut du personnel des services publics…

“La FGTB constate une fois de plus que les mesures sont loin d’être équilibrées. (…) Les entreprises et les plus fortunés sont servis au doigt et à l’œil, alors que les travailleurs, les pensionnés, les demandeurs d’emploi et les jeunes doivent accepter une diminution de leur protection sociale, une détérioration de leurs conditions de travail, une baisse de leur pouvoir d’achat”, dénonce le syndicat. L’ADN de couleur bleu foncé de ce gouvernement commence à coûter cher, conclut-il.

20150624 - BRUSSELS, BELGIUM: Illustration shows FGTB logo at a trade union protest against social dumping in Brussels, Wednesday 24 June 2015. BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ

Ecolo : “Une Belgique toujours plus inégalitaire”

Le projet de budgets 2018 et 2019 élaboré par le gouvernement fédéral manque désespérément de justice sociale et d’une vision écologique, estime Ecolo dans un communiqué mercredi après-midi.

“Hormis l’annonce d’une baisse de l’impôt des PME, les décisions budgétaires annoncées ce matin par le gouvernement sont du même tonneau que les précédentes, conduisant à une Belgique toujours plus inégalitaire, pas beaucoup plus fringante sur le plan économique et certainement pas à la pointe des enjeux écologiques pourtant urgents”, regrette le député fédéral Georges Gilkinet.

Le parti d’opposition s’inquiète aussi de la “neutralité budgétaire” annoncée par le gouvernement fédéral, rappelant qu’il est déjà arrivé à l’équipe de Charles Michel de surévaluer les rentrées amenées par les mesures décidées. “Les écologistes appellent de leurs vœux des mesures en faveur des PME, mais comment cette réduction de l’Isoc sera-t-elle financée, sinon par des nouvelles mesures qui toucheront les entreprises elles-mêmes? “, s’interroge le député. “Les écologistes réclament une fiscalité plus juste, notamment via une contribution plus importante des revenus des capitaux et une lutte beaucoup plus efficace contre la fraude, mais on n’en trouve que des traces très timides dans l’épure budgétaire fédérale!” Georges Gilkinet note aussi que le système des voitures de société n’est pas du tout remis en question malgré les recommandations européennes.

Ecolo-Groen's Georges Gilkinet pictured during a session of the parliamentary inquiry commission on the plea agreement, at the federal parliament, in Brussels, Wednesday 24 May 2017. This commission inquires the circumstances which led to the approbation and the application of the law of 14 April 2011 on the plea agreement. BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ

PS : “Un pas de géant en arrière”

La cheffe de groupe PS au Parlement fédéral, Laurette Onkelinx, reconnaît que l’accord budgétaire trouvé par le gouvernement fédéral contient “indubitablement” des réformes, mais que celles-ci constituent “un pas de géant… en arrière”. C’est ce qu’elle a indiqué mercredi après-midi par communiqué de presse.

Il y a des réformes annoncées, certes, mais “outre leur iniquité fiscale, outre la toujours plus grande flexibilité imposée aux travailleurs, elles noircissent l’avenir de la Sécurité sociale et des services publics, souligne la députée socialiste. “Le définancement de la Sécu et des services à la population présente des menaces très importantes pour la majorité de la population, dans des secteurs clés comme la Santé, les pensions, l’assurance chômage ou encore la justice et la sécurité.” Laurette Onkelinx déplore que, petit à petit, on détricote “ce qui a fait de la Belgique un des pays les mieux placés sur le plan du bien-être”. “Le gouvernement fait un pas de géant… en arrière!”, conclut-elle.

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DéFI : “Le gouvernement continue à nier son échec budgétaire”

L’accord budgétaire survenu au sein du gouvernement fédéral “confirme le manque de rigueur flagrant et l’improvisation dont fait preuve l’ensemble du gouvernement”, estime DéFI.

“En repoussant l’équilibre budgétaire à 2019, le gouvernement MR/N-VA néglige ses engagements inscrits dans le programme de stabilité 2015-2018”, dénonce le président de DéFI, Olivier Maingain. “Ne tenant pas compte des observations de la Commission européenne, de la Cour des comptes, de la Banque nationale, du Bureau du Plan, le gouvernement De Wever/Michel continue à nier son échec budgétaire dont les conséquences néfastes seront supportées par les travailleurs et les contribuables aux faibles et moyens revenus.”

Les mesures annoncées par le gouvernement fédéral – pour baisser l’impôt des sociétés, relever les allocations de protection sociale ou tendre vers le plein-emploi d’ici à 2025 – ne trouvent pas grâce aux yeux du président de DéFI. “Les déclarations gouvernementales mensongères, les effets d’annonces incessants et l’échec de la politique budgétaire ne trompent plus les citoyens. La croissance économique et la création d’emplois sont plus faibles en Belgique que la moyenne constatée dans les autres Etats membres de l’Union européenne”, constate-t-il. (avec Belga, photos Belga/Aurore Belot, Belga/Laurie Dieffembacq)

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26 juillet 2017 - 16h35
Modifié le 26 juillet 2017 - 18h18