Les bactéries intestinales, piste de recherche pour traiter le diabète

Certaines bactéries intestinales pourraient avoir des propriétés “anti-diabétiques” et ainsi, aider à traiter les patients atteints de diabète de type 2, selon une équipe de chercheurs, qui a reçu mercredi un prix pour financer son projet de recherche.

Les chercheurs, qui ont déjà identifié 24 souches de bactéries, veulent maintenant les isoler et les cultiver de façon industrielle, puis tester leur efficacité chez la mouche drosophile et la souris, avant un essai clinique chez l’homme en 2020, a expliqué le Dr Hubert Vidal, directeur de recherche à l’Inserm, au cours d’une conférence de presse organisée par la Fondation francophone pour la recherche sur le diabète (FFRD). “On ne va pas soigner le diabète juste avec des probiotiques“, avertit toutefois le chercheur. Il s’agit plutôt d’utiliser ces bactéries “en synergie avec d’autres molécules“.

Parmi les pistes envisagées, les bactéries ayant prouvé leur efficacité pourraient permettre de prescrire aux malades une dose plus faible de metformine. Cet antidiabétique oral est le plus prescrit aux patients diabétiques de type 2 (sous les noms commerciaux Glucophage, Stagid et leurs génériques), mais il provoque souvent des troubles digestifs.

Encore loin de pouvoir tirer des traitements

Le diabète est un trouble d’assimilation des sucres par l’organisme. Le diabète de type 2, qui représente 90% des cas et qui progresse le plus, correspond à une hausse prolongée du taux de sucre dans le sang, souvent liée à l’obésité et à la sédentarité. On sait depuis plusieurs années que le déséquilibre du microbiote intestinal joue un rôle dans le diabète, mais on est encore loin de pouvoir en tirer des traitements, car “il existe un verrou important dans l’identification et la sélection de souches bactériennes ayant une réelle efficacité“, par exemple pour améliorer la dégradation du glucose ou la sensibilité à l’insuline, explique ce spécialiste du diabète et de la nutrition. Autre difficulté: faire en sorte que les bactéries identifiées conservent leurs propriétés et ne “dérivent” par lorsqu’on les cultive puis qu’on les prépare pour les utiliser en thérapie. Enfin, “ce n’est pas parce qu’on rajoute une souche bactérienne dans notre microbiote qu’on va juste avoir l’effet bénéfique de cette souche”, a souligné le Dr Vidal. “Il va y avoir tout un rééquilibrage de l’écosystème (…) avec des interactions qui peuvent être positives ou négatives“.

Le monde comptait plus de 425 millions de diabétiques en 2017, et leur nombre pourrait passer à 629 millions en 2045, selon la Fédération internationale du diabète

Belga- Illustration BX1