Après le bon d’État, voici le bon communal à Etterbeek: “Placer de l’argent dans sa commune plutôt que dans sa banque”

Ce tout nouveau bon d’État vise à inciter les citoyens à participer à des projets vertueux et solidaires dans un environnement qu’ils connaissent.

Après le bon d’État, voici le bon communal. C’est la commune d’Etterbeek qui innove avec cette idée qui germe dans la tête de Vincent De Wolf depuis près de trois ans. La découverte d’un règlement européen va tout changer pour le bourgmestre. Il permet, sous certaines conditions, aux États membres de faire appel à l’épargne publique. De là l’idée d’aider les habitants à s’investir dans des projets durables dans la commune. “Le but est de placer de l’argent dans sa commune plutôt que dans sa banque”, commence le bourgmestre d’Etterbeek. “Nous faisons appel à l’épargne publique pour des projets qui sont durables, vertueux et bons pour l’environnement.”

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Pour Etterbeek, le premier projet est celui d’une crèche. “En plus de cela, il y a aussi une dimension sociale puisqu’elle servira en partie à des parents qui sont économiquement défavorisés”, poursuit Vincent De Wolf. L’ensemble du projet coûte 4,5 millions d’euros. Le but est de lever 1,2 million pour compléter le budget. À travers cette idée novatrice, le bourgmestre veut impliquer les citoyens. “Plus tard, lorsque la crèche sera sur pied, ils seront fiers de dire qu’ils ont participé à la construction de cette crèche. Pour provoquer un changement, il faut que chaque citoyen soit impliqué dans le projet.”

Ce mercredi, 540.000 Belges qui ont souscrit au bon d’État émis à un an en 2023 vont être remboursés. Une coïncidence ? “Il s’agit d’un heureux hasard. Initialement, on pensait le faire en mars 2024, mais cela a pris beaucoup de retard. Avec le bon d’État, on ne sait pas toujours dans quoi on investit. Avec le bon communal, c’est différent puisqu’il s’agit de projets plus concrets.”

En cas de réussite, d’autres projets sont possibles

Reste évidemment l’aspect financier. Etterbeek propose un taux d’intérêt brut de 4,5 % pour les Etterbeekois (soit 3,15 % nets) et de 4 % pour les non-Etterbeekois (ou 2,8 % nets). Pour y participer, il faut se diriger vers la plateforme spécialisée en financement participatif Spreds. “Cette idée change la donne pour plusieurs raisons”, assure de son côté Charles-Albert de Radzitzky, le CEO de Spreds. “Le risque avec une commune est plus faible et le rendement est supérieur à celui d’une banque, par exemple. Ensuite, être remboursé en 18 mois est aussi plutôt rare. Au-delà de cela, il s’agit d’une démocratie directe puisque les citoyens peuvent soutenir des projets dans lesquels ils croient.”

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Pour la commune, l’argent des citoyens va aussi permettre une plus grande marge de manœuvre puisqu’ils pourront investir ailleurs. De son côté, Vincent De Wolf est déjà satisfait de l’argent qui a été rassemblé. “On est déjà à 22.000 euros depuis ce matin. Nous ne voulons pas remplacer les banques, juste agir en complément.”

S’il est encore trop tôt pour affirmer que ce sera une pleine réussite, l’homme politique du MR voit déjà plus loin pour l’avenir. “On a d’abord voulu tester à petite échelle puisque c’est une grande première”, continue-t-il. “On a déjà prévu 10 millions d’euros pour différents appartements de quartiers pour la toiture, les chaudières, les pompes à chaleur ou les châssis. Enfin, il y a aussi la rénovation du centre sportif de la commune et de la piscine. Les projets ne manquent pas pour la suite.”

Rédaction – Photo Vanthournout/IMPULS(E)