Airbnb demande au gouvernement bruxellois de modifier sa réforme du marché locatif touristique
La plateforme Airbnb a envoyé un courrier au gouvernement bruxellois pour dénoncer la future réforme régionale autour de l’hébergement touristique.
Revenons d’abord sur l’avant-projet du gouvernement bruxellois : celui-ci a été adopté fin septembre et souhaite réguler le marché locatif touristique à Bruxelles, tout en protégeant le logement à long terme face à l’explosion des biens en location de courte durée.
Le gouvernement bruxellois souhaite, via ce texte, mettre fin à l’illégalité de la majorité des offres en poussant à l’obligation de suivre les règles d’enregistrement déjà en place. Et en y ajoutant des amendes importantes (jusqu’à 100 000 euros) en cas de manquement. Actuellement, pour gérer un tel bien locatif de courte durée sur Airbnbou toute autre plateforme du genre, il est notamment nécessaire d’avoir un numéro d’enregistrement auprès de Bruxelles Économie et Emploi, de changer l’affectation du bien au niveau urbanistique (de logement à commerce), d’obtenir un certificat de conformité urbanistique, etc.
Un revenu moyen moins important à Bruxelles
Face à cette réforme qui s’annonce, Airbnb a transmis un courrier au gouvernement bruxellois, dont le quotidien Le Soir a obtenu une copie. Cette lettre fait logiquement partie d’une stratégie de lobbying de la part de l’entreprise américaine, dont la plateforme est la plus utilisée par les touristes pour ce type de logement locatif de courte durée.
La société pointe que la règlementation actuelle a été critiquée par la Commission européenne et qu’elle est particulièrement complexe pour les hôtes. Elle demande à être associée aux discussions avec le gouvernement bruxellois et que le projet de révision propose un enregistrement plus simple aux hébergeurs.
Airbnb argue encore qu’à cause des règles en place, les hébergeurs bruxellois bénéficient d’un revenu moyen moins important qu’en Wallonie ou en Flandre. Et que l’horeca serait touché par ce manque à gagner. L’entreprise américaine propose enfin que la règlementation soit plus simple : une déclaration aux autorités avec des contrôles plutôt qu’une autorisation préalable qui demande du temps et des ressources.
Du côté du gouvernement bruxellois, le cabinet du ministre-président Rudi Vervoort (PS) confirme avoir reçu la lettre et précise que le projet de réforme est toujours en cours d’analyse avant un renvoi au Conseil d’État. Le texte passera seulement ensuite devant le Parlement bruxellois.
Le cabinet ajoute que les représentants d’Airbnb ont déjà été rencontrés à plusieurs reprises et que le projet de réforme suit son cours.
Des manifestations en France
La Région bruxelloise n’est toutefois pas la seule à dénoncer l’explosion des logements locatifs touristiques, qui tendent le marché immobilier. En Bretagne, où les demandes de logements de type Airbnb ont progressé de plus de 30% en un an et où des manifestations de protestation contre ces plateformes ont déjà été menées, on réfléchit à une régulation plus importante pour protéger les logements de longue durée.
Des manifestations ont également été menées en 2022 dans les Alpes françaises et dans le Pays Basque espagnol, où Airbnb est vu comme le responsable de ce manque de logements dans des destinations touristiques.
En France, on pointe le fait que la loi votée fin octobre et qui tente de réguler le marché ne concerne que les grandes villes et non des Régions entières, notamment des villages où les logements deviennent de plus en plus rares.
Bref, Airbnb et les plateformes de locations touristiques doivent faire face à de nombreuses critiques tant à Bruxelles que dans d’autres pays européens.
■ Les explications de Grégory Ienco dans Le 12h30.
Photo : Airbnb