Affaire Mawda : les parents ont obtenu un titre de séjour permanent en Belgique

Les parents de Mawda, la fillette kurde tuée lors d’une course-poursuite entre police et passeurs de migrants il y a près de trois ans, ont obtenu un titre de séjour permanent en Belgique, relaye la RTBF vendredi matin.

Le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Sammy Mahdi, a utilisé son pouvoir discrétionnaire en la matière en ce sens, a-t-il confirmé le même jour au micro de La Première. “Cette décision a été prise en décembre“, a-t-il expliqué. “Les parents avaient précédemment un permis temporaire à renouveler chaque année.

Dans un cas particulier comme celui-là, utiliser son pouvoir discrétionnaire en faveur d’une régularisation permanente de leur séjour se justifie amplement, estime le secrétaire d’Etat. “Ces parents ont vécu un traumatisme. Leur enfant est enterré ici, je pense qu’il était normal de leur donner un repos, de la paix, (…) pour qu’ils puissent faire leur deuil de manière apaisée“, ajoute Sammy Mahdi.

Ce dernier indique qu’il n’est bien sûr “pas tout seul” à prendre une telle décision, et que des services compétents examinent les dossiers. Le tribunal correctionnel de Mons doit rendre ce vendredi son jugement dans “l’affaire Mawda”, en se prononçant sur la culpabilité du policier belge auteur du tir et de deux présumés passeurs irakiens.

Le jugement de l’affaire rendu ce vendredi

Le tribunal correctionnel de Mons rendra son jugement vendredi à 13h00 dans l’affaire Mawda. Le ministère public a requis une peine d’un an de prison avec sursis contre le policier qui a tiré en direction de la camionnette, qui roulait à vive allure avec une vingtaine de migrants entassés à l’arrière, dont des enfants.

Selon le médecin légiste et l’expert en balistique, la petite Mawda se trouvait à l’avant du véhicule au moment du tir. Le policier a déclaré lors de l’instruction d’audience qu’il n’avait pas vu l’enfant et qu’il n’avait pas reçu d’informations indiquant sa présence dans le véhicule. Accusé d’homicide involontaire, il a ajouté avoir voulu viser le pneu avant gauche de la camionnette pour provoquer une lente crevaison, ce qui aurait obligé le véhicule à s’immobiliser.

Lors du choc entre la camionnette et le véhicule de police, la balle a été déviée. “Il y avait l’adrénaline, la peur d’avoir un accident. Mon client a ouvert la fenêtre, sorti son arme et s’est penché en dehors de la voiture. C’était dangereux, il risquait d’être percuté”, a souligné son avocat, Me Kennes. “Il a fait signe avec son bras armé mais cela n’a servi à rien. Il a chargé son arme (…) et visé le pneu, à un mètre cinquante. Il cherchait la crevaison lente, une solution pour arrêter le chauffard. Il a hésité. La camionnette a donné un coup de volant vers la gauche, son collègue policier l’a évité“, a narré le pénaliste.

Surpris, le policier aurait cherché à se retenir. Sa main droite se serait alors crispée, laissant partir le tir. “Un tir par crispation ou par réflexe semble compatible avec les éléments qui ont été analysés”, avait pour sa part acquiescé l’avocate générale Ingrid Godart. Cette dernière estime qu’il s’agit d’un homicide involontaire par défaut de prévoyance ou de précaution. “Aucun élément dans ce dossier ne prouve que le policier aurait voulu attenter à la vie d’autrui. Je ne peux pas démontrer qu’il était animé de l’intention de tuer ou qu’il avait consciemment accepté ce risque.” Toutefois, la question de la prévisibilité, contestée par le prévenu, ne fait pas de doute, a déclaré la magistrate. “Il a décidé d’avoir recours à une pratique déconseillée, la nuit, à vitesse excessive, proscrite. Aucun autre policier n’aurait adopté une telle attitude et, d’ailleurs, aucun autre policier n’a fait usage de son arme.

Concernant les deux passeurs irakiens, le procureur du Roi a requis des peines de sept et 10 ans de prison ferme. Me Frank Discepoli a plaidé l’acquittement du convoyeur de la camionnette. Également poursuivi à Liège, le jeune homme risque sept ans de prison ferme. L’avocat a insisté sur l’insuffisance des preuves. “Nous avons seulement un témoin anonyme sur lequel l’accusation se base, ce qui est interdit par le code d’instruction criminelle“, a plaidé l’avocat. Pour le troisième prévenu, Me Thomas Gillis a également plaidé l’acquittement de son client. “Plus de 15 personnes ont déclaré qu’il n’était pas le chauffeur de cette camionnette, dont une policière”, a-t-il souligné. Me De Beco estime en outre que l’homme ne peut être considéré comme co-auteur d’une entrave méchante à la circulation. “Le tribunal de Mons n’a pas été saisi pour se prononcer sur le fait qu’il soit passeur ou non, c’est le tribunal de Liège qui tranchera cette question“, a-t-il conclu.

Source/Image : Belga

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12 février 2021 - 09h20
Modifié le 12 février 2021 - 09h24