11 novembre : il y a cent ans, le Soldat inconnu était inhumé à la Colonne du Congrès

C’était le 11 novembre 1922, à Bruxelles.

Nous sommes quatre ans, jour pour jour après l’Armistice, signée le 11 novembre 1918 à Compiègne : pour commémorer les soldats belges tombés au combat durant la Première Guerre Mondiale, la Belgique inhume le 11 novembre 1922 un Soldat inconnu, au cœur de Bruxelles. Notre pays suit alors l’exemple de ses voisins, la France et le Royaume-Uni notamment, qui avaient inhumé un Soldat inconnu en 1920, respectivement sous l’Arc de Triomphe de Paris et en la Cathédrale de Westminster de Londres.

L’identité du Soldat inconnu ne sera jamais connue : seul le fait qu’il est tombé au cours de la Première Guerre Mondiale le caractérise. Pour le reste, il est choisi le 10 novembre par autre soldat, invalide de guerre et aveugle : le gantois Reinold “Raymond” Haesebrouck fait face à cinq cercueils de soldats belges non-identifiés, tombés à Anvers, Liège, Namur, sur le front de l’Yser et ailleurs en Flandre.

Les cinq cercueils à la Gare de Bruges – © Archives de l’Etat

À la gare de Bruges, l’aveugle (sur la photo, derrière la couronne de fleurs, avec son chapeau-melon) choisit le cercueil qui reposera sous la colonne du Congrès de Bruxelles.  Il s’agit du quatrième, tandis que les quatre autres soldats inconnus sont réinhumés au cimetière militaire de Bruges.

Cérémonie de réinhumation au cimetière de Bruges – © Archives de l’Etat

L’inhumation a lieu le 11 novembre

Le 11 novembre, la dépouille du Soldat inconnu est transportée dans un train spécial jusqu’à la Gare du Nord de Bruxelles, où un premier hommage leur est rendu. Le cercueil est ensuite installé sur un affût de canon, qui le conduit jusqu’à la Colonne du Congrès, lors d’une procession suivie à travers la capitale. Lors de cette procession, une haie d’honneur est formée par des invalides de guerre et des déportés.

Arrivé à la Colonne du Congrès, le cercueil du Soldat inconnu est inhumé dans la crypte située juste devant la flamme éternelle. L’inhumation a lieu en présence des plus hauts dignitaires de l’époque, belges et étrangers.

Le Roi Albert Ier devant le Soldat inconnu – © Archives du Palais royal

Le Roi Albert Ier prend la parole, et explique que “peu importe qu’il s’agisse d’un civil, d’un ouvrier ou d’un agriculteur, flamand ou wallon ; nous leur rendons hommage parce qu’ils représentent à nos yeux ce qui caractérise encore notre peuple, parce qu’ils sont un symbole tangible de la défense de notre liberté, de notre unité et de notre indépendance, et une garantie de l’existence éternelle de notre patrie“.

 

ArBr – Photo : Archives du Palais royal

■ Reportage d’Arnaud Bruckner et Stéphanie Mira