Les chocolatiers belges veulent pousser le secteur vers plus de durabilité
Le secteur chocolatier belge veut montrer l’exemple et devenir le moteur d’un marché plus durable et équitable. Il veut proposer 100% de produits durables et assurer “un revenu vital” aux cacaotiers d’ici 2030. “Le chocolat belge est reconnu comme l’un des meilleurs au monde, on a un rôle de leader à endosser”, a souligné mercredi Philippe de Selliers, président de la fédération sectorielle Choprabisco, invité de Bonjour Bruxelles ce jeudi matin
Le secteur belge du chocolat, de la praline, de la biscuiterie et de la confiserie a de l’appétit et connaît une croissance constante depuis plusieurs années. Selon les dernières statistiques, il englobait un chiffre d’affaires de 7,7 milliards d’euros en 2022, soit 10% de l’ensemble de l’industrie alimentaire. Ses 600 entreprises, dont une grande partie de petites PME, emploient plus de 14.200 personnes. Le secteur cherche d’ailleurs à davantage recruter car il recense 800 postes vacants. “On prévoit aussi de créer 2.000 jobs dans les prochaines années”, ajoute Philippe de Selliers. Le chocolat représente à lui seul un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros.
La Belgique en est le deuxième exportateur après l’Allemagne, avec 668.000 tonnes. Le secteur belge est également un gros importateur de fèves de cacao avec 330.000 tonnes chaque année, dont 70% en provenance de Côte d’Ivoire et du Ghana. Dans ces pays, les petits producteurs de cacao vivent toutefois généralement dans un contexte de pauvreté, entraînant un risque de déforestation et de travail des enfants, alerte Choprabisco. La fédération souhaite donc que la Belgique s’impose en moteur de l’amélioration des conditions de travail, avec des produits durables et de meilleurs revenus pour les producteurs. “On ne peut plus ignorer l’aspect durabilité, c’est extrêmement important”, insiste Philippe de Selliers. “Des centaines de milliers de personnes travaillent dans des conditions difficiles dans les plantations. On doit accélérer le processus pour que chaque cacaoculteur perçoive des revenus suffisants.”
Selon le rapport 2022 de Beyond Chocolate, un partenariat belge qui s’engage pour un secteur plus durable, 90% du chocolat vendu et 68% de celui produit en Belgique étaient certifiés ou couverts par un programme de durabilité. Par ailleurs, 47% du chocolat était traçable jusqu’à la ferme de cacao. Le programme vise d’ici 2025 à ce que tout le chocolat produit et vendu en Belgique soit certifié ou conforme à un programme de durabilité d’entreprise. D’ici 2030, l’objectif est que les cultivateurs de cacao liés au marché belge perçoivent “un revenu vital”. Le prix record du cacao complique cependant ces objectifs. La matière première principale du chocolat a battu un nouveau record ce lundi en atteignant 10.702 dollars la tonne sur le marché à terme de New York, alors qu’il dépassait à peine les 3.000 dollars il y a un an. Cette forte hausse s’explique par le mauvais temps et les maladies qui ravagent les plantations d’Afrique de l’Ouest. “C’est aussi un problème de spéculation”, ajoute le président de Choprabisco. “Ce prix est une mauvaise nouvelle parce que les revenus supplémentaires ne vont pas aux fermiers ivoiriens ou ghanéens mais aux spéculateurs pour la plus grande partie. Dans la démarche pour être plus durable, la société et les industriels doivent payer leur chocolat plus cher, mais le prix déjà très élevé rend les choses plus difficiles.”
Avec Belga