Le programme unique, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le traitement médiatique du décès et des funérailles de la reine Elizabeth II.

11 h 46, le cercueil d’Elizabeth II quitte le hall de Westminster.
12 h 00, le cercueil d’Elizabeth II entre dans l’abbaye de Westminster.
12 h 06, le roi Charles III est dans l’abbaye.
12 h 20, l’archevêque de Canterbury prend la parole.

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Toute cette journée, vous avez donc pu suivre les funérailles de la reine d’Angleterre. En direct à la télévision. Et faire l’expérience de la zappette était particulièrement révélateur. La Une, RTL-TVI, LN24, TF1, France 2, France 24, LCI, BFM, La VRT, CNN et on ne vous parle pas des chaînes anglaises. Les mêmes images partout. Seul le commentaire différait légèrement en fonction des journalistes ou spécialistes invités en plateau.

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12 h 58, minute de silence. 13 h 02, on chante “God Save The King”. 14 h 05, le cercueil d’Elizabeth II est dans un corbillard. Il sort de Londres, direction le château de Windsor. 14 h 52, il y a du soleil.

À bien y regarder, il n’y a pas que les écrans de télévision qui étaient monopolisés par ces obsèques. Les sites internet, toute la journée. Les programmes d’information à la radio. Pour la presse écrite, les Unes de ce matin étaient un peu plus nuancées. La photo d’Elizabeth II était bien visible en première page de La Libre Belgique, de La Capitale, de la DH … Mais pas du Soir ou de l’Avenir. On vous rassure quand même, ces journaux avaient bien eu le temps de parler des funérailles dans leurs éditions précédentes.

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16 h 06, le corbillard arrive à Windsor. 16 h 40, Charles III est à l’entrée de la chapelle de Windsor.

Qu’on s’entende bien. Que le décès d’Elizabeth II soit un événement n’est contesté par personne. Que sa longévité mérite un traitement médiatique dans les heures qui suivent non plus. Que ce décès occupe autant de place 11 jours plus tard mérite en revanche d’être questionné. En 11 jours, on a eu le temps d’écrire et de dire beaucoup de choses sur le règne d’Elizabeth II et sur son influence sur la marche du monde. Cette journée de funérailles est clairement passée dans un registre qui n’est plus strictement de l’information, mais plutôt le partage de l’émotion. De belles images, des commentaires graves, beaucoup de pathos, et c’est très naturellement quand on suit ces directs que nos gorges se serrent et qu’on pleure dans les chaumières.
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Alors bien, on peut trouver des raisons qui justifient cet engouement morbide. Notre proximité avec les valeurs britanniques, le sentiment de partager la même culture, le cousinage de nos familles royales, les correspondances qu’on peut envisager entre nos deux monarchies parlementaires. Il y a aussi bien sûr une sorte de fascination pour les puissants et les gouvernants, et en particulier pour les princes et les princesses. Et ce désir de communier. Partager la douleur d’autrui, c’est une manière de se sentir la partie d’un tout, de se trouver une famille d’adoption, et paradoxalement de se sentir bien vivant.
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Malgré tout cela, il y a quand une question un peu iconoclaste qu’on a envie de poser aujourd’hui. Une question rationnelle. Celle de la pluralité des médias. À quoi sert-il donc d’avoir tous ces journaux, tous ces sites internet, toutes ces télévisions si c’est pour que tout le monde nous serve un programme unique…. Si on n’était pas un accro de la monarchie britannique aujourd’hui, on ne pouvait que s’étonner du manque de diversité. 

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Un édio de Fabrice Grosfilley