Grande Mosquée de Bruxelles: Régions compétentes pour la reconnaissance, rappelle Geens
A l’instar d’autres membres du gouvernement, le ministre de la Justice, Koen Geens, également en charge des cultes, s’est montré vendredi prudent sur le cas de la Grande Mosquée de Bruxelles. Il a rappelé que la reconnaissance d’un lieu de culte appartenait à la compétence des Régions, après un avis du pouvoir fédéral. La députée flamande Yamila Idriss (sp.a) a appelé le gouvernement fédéral à mettre fin au contrôle de la grande mosquée de Bruxelles par l’Arabie saoudite. Elle traduit de la sorte un sentiment répandu chez un nombre croissant de responsables politiques face à un lieu présenté souvent comme le foyer d’un islam radical, influencé par la doctrine wahhabite. Selon elle, il faut mettre un terme au bail emphythéotique conclu par la Belgique avec Ryad pour la mise à disposition de la Grande Mosquée du Cinquantenaire qui abrite le Centre islamique belge.
“La reconnaissance, et son retrait, est une compétence des Régions mais nous pouvons donner un avis”, a expliqué M. Geens (CD&V), interrogé en marge d’une réunion de commission à la Chambre.
Le gouvernement fédéral exerce la compétence de reconnaissance des imams. Le ministre a rencontré à ce sujet le président de l’Exécutif des musulmans de Belgique mardi afin d’assurer une formation en Belgique des imams dans l’esprit d’un islam européen. Il doit se concerter à ce sujet avec les entités fédérées, d’autant plus qu’il veut en faire une condition de reconnaissance des nouvelles mosquées.
M. Geens a aussi indiqué qu’il cherchait pour le moment une meilleure façon de contrôler le financement extérieur des lieux de culte en Belgique.
Depuis les attentats à Paris, les relations avec l’Arabie saoudite sont mises en cause en Belgique comme dans d’autres pays européens.
Interrogé jeudi à la Chambre, le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR), a fait savoir qu’il entendait pas changer la politique belge, fondée sur le dialogue avec le royaume saoudien. Le quotidien “De Standaard” a pourtant rapporté vendredi que son collègue des Finances, Johan Van Overtveldt (N-VA), avait suspendu une convention fiscale avec l’Arabie.
En avril 2012, le gouvernement précédent avait obtenu dans la discrétion le renvoi du directeur du Centre islamique belge pour des propos jugés trop radicaux. La semaine passée, le Premier ministre Charles Michel avait affiché la plus grande fermeté face aux prédicateurs radicaux, affirmant qu’ils n’avaient pas leur place en Belgique. Le cas du Centre islamique belge fait toutefois l’objet de prudence. En 2009, la présidence du Centre était confiée à Abdallah Al Moualimi, alors ambassadeur saoudien à Bruxelles.