Les caméras ANPR bruxelloises, premières reliées au réseau national de la police
Ce système centralisé permet la lecture automatique des plaques d’immatriculation et leur partage instantané entre services de police locaux et fédéraux.
Les premières caméras ANPR de la Région de Bruxelles-Capitale ont été reliées fin octobre à la plateforme nationale ANPR@GPI, ont annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR), la police fédérale, les polices locales et safe.brussels.
Le ministre de l’Intérieur a salué la mise en réseau progressive des caméras de reconnaissance de plaques à travers le pays. “C’est important qu’on puisse lier tous les boucliers ANPR, dans nos villes comme sur les autoroutes, pour suivre en temps réel certains criminels et aider les enquêteurs”, a-t-il déclaré. Selon lui, “il n’y aura pas une caméra à chaque coin de rue : ce ne sera pas Minority Report, mais il faut se donner les moyens de lutter contre les trafics d’armes, de drogue ou d’êtres humains”.
Le commissaire général de la Police fédérale, Éric Snoeck, y voit “une avancée déterminante dans la lutte contre la criminalité”. “Elle permet aux policiers d’agir avec plus d’efficacité et de précision pour répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain pour la sécurité de tous”, a-t-il ajouté, en remerciant les partenaires impliqués dans cette modernisation.
Le dispositif bruxellois, déjà actif sur environ 400 caméras issues notamment du réseau de la zone à basses émissions, constitue la première phase d’un déploiement national. La connexion des autres grandes villes et des autoroutes devrait être finalisée d’ici mars 2026.
Le chef de corps de la police de la zone Montgomery et représentant de la Commission permanente de la police locale, Michaël Jonniaux, a précisé que la capitale bénéficiait en primeur du système : “Nous avons la chance d’être les premiers à utiliser cette plateforme nationale ici à Bruxelles. Elle repose sur les caméras ANPR installées par la Région pour la zone à basse émission, ce qui signifie qu’elles couvrent tous les accès à Bruxelles.”
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Les images et données issues de ces caméras, complétées par celles présentes sur les véhicules de police, sont désormais accessibles à l’ensemble de la police intégrée. “Deux plus-values majeures: la réaction en temps réel, lorsqu’une plaque d’immatriculation suspecte est repérée, et le suivi rétrospectif dans les enquêtes judiciaires“, a-t-il ajouté.
Selon lui, les enquêteurs peuvent désormais retracer les déplacements d’un véhicule non seulement dans Bruxelles, mais aussi sur l’ensemble du territoire à mesure que la plateforme s’étendra. “D’ici mars 2026, quand toutes les villes et autoroutes du pays seront connectées”, a-t-il précisé.
Le dispositif s’appuie également, à Bruxelles, sur les autres réseaux de caméras de surveillance. “Outre les caméras ANPR, les services de police ont accès aux centaines de caméras régionales, ainsi qu’à celles de la Stib et, depuis peu, à celles de la SNCB”, a souligné Michaël Jonniaux. “C’est un maillage presque hermétique, particulièrement utile pour les enquêtes judiciaires.”
L’officier a rappelé que la connexion des caméras avait été accélérée après une demande du procureur du Roi Julien Moinil, en avril dernier. “Je n’aurais pas cru qu’on irait aussi vite”, a-t-il reconnu, saluant la collaboration entre la police fédérale, les zones locales, la région bruxelloise et le ministre de l’Intérieur.
Koen Van Overtveldt, directeur général de la gestion des ressources et de l’information de la police fédérale, s’est voulu rassurant au sujet de la protection de la vie privée. Les mécanismes de contrôle sont, selon lui, solides quant à l’utilisation de ces images : “Chaque utilisateur doit se connecter avec un identifiant personnel ; les accès sont vérifiés, et des sondes aléatoires seront réalisées. Les citoyens peuvent déposer plainte en cas d’abus, et l’Organe de contrôle de l’information policière peut ouvrir des enquêtes de sa propre initiative.”
Sophie Lavaux, gouverneure en charge de la gestion de crise et directrice générale de safe.brussels, a insisté sur l’enjeu sécuritaire : “En reliant les caméras ANPR de la Région bruxelloise à la plateforme nationale, nous renforçons les capacités d’intervention et d’enquête dans la lutte contre la criminalité organisée. La violence et les fusillades liées au trafic de drogues doivent tous nous mobiliser.”
Pour Bernard Quintin, cette interconnexion illustre aussi la réussite du modèle policier belge. “La police intégrée à deux niveaux – locale et fédérale – montre ici son efficacité, car ce projet a été développé par la police d’Anvers en collaboration avec la police fédérale”, a-t-il affirmé.
Belga
■ Interview de Michaël Jonniaux, commissaire de la Zone Montgomery au micro de Thomas Dufrane





