La résistante Andrée Geulen a sauvé plus de 300 enfants juifs: une rue porte désormais son nom
Elle était l’une de ces héroïnes de la Seconde Guerre mondiale à Bruxelles. Andrée Geulen a contribué, à l’époque, à sauver 300 enfants juifs. Quelques années après son décès, Ixelles et Uccle renomment une rue pour lui rendre hommage.
Les arrière-petits-enfants d’Andrée Geulen ont dévoilé la plaque qui retrace l’histoire de leur aïeule, résistante durant la Seconde Guerre mondiale. Cette rue, à cheval entre Uccle et Ixelles, porte désormais le nom de cette enseignante bruxelloise qui a aidé 300 enfants juifs à se cacher.
Les parents de Michele Lieser, Uccloise présente ce dimanche, ont eux aussi été sauvés par Andrée Geulen : “Ma maman se souvenait qu’elle avait été cachée par elle. Je suis allée voir Andrée Geulen pour montrer à mon fils la femme qui l’avait protégée. Elle m’a alors demandé le nom de mon papa et m’a répondu : “J’ai aussi caché ton papa”. Sans Andrée Geulen, je ne serais pas là“, nous raconte-t-elle.
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Il était inconcevable pour Michele de rater cette cérémonie, tout comme d’autres qui doivent leur vie à Andrée Geulen. Marc Abramowicz témoigne : “Un jour, on est venu me chercher, mon frère et moi. Une madame sympathique de 20 ans dont je me rappelle vaguement, je n’avais que 7 ans, nous a pris. On est montés dans le train et on est allés à Jamoigne, dans les Ardennes, avec elle. Elle était d’une gentillesse fantastique. Elle nous protégeait, elle nous disait que ce n’était pas grave, que nos parents viendraient peut-être nous voir, même si cela ne s’est jamais passé évidemment“.
Un changement de nom porteur de sens
Son nom vient remplacer celui d’Edmond Picard. Ce juriste et écrivain bruxellois est mort durant l’entre-deux-guerres. Si son buste trône dans le palais de justice, son racisme et son antisémitisme ont longtemps été passés sous silence. Julie Ringelheim raconte : “Un jour, en flânant chez un bouquiniste, mon père a découvert toute une série de livres peu connus d’Edmond Picard. Dans ces livres, il développait un antisémitisme féroce qu’il présentait comme étant fondé sur des théories soi-disant scientifiques“.
Pour Simon Gronowski, survivant de l’Holocauste, ce changement de rue vient nous rappeler la fragilité de nos démocraties actuelles. “L’extrême droite est le chemin du nazisme, du fascisme, du racisme, de l’antisémitisme dont j’ai été victime. J’ai lutté toute ma vie contre l’extrême droite qui est un danger. Le meilleur moyen de lutte, c’est le devoir de mémoire“, martèle-t-il du haut de ses 93 ans.
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Honorée Juste parmi les Nations, Andrée Geulen poursuivra son combat tout au long de sa vie. Membre de la section communiste d’Ixelles, elle luttera contre le racisme, le colonialisme, contre les injustices sociales. “Elle serait venue manifester cet après-midi pour soutenir le peuple palestinien“, assure Agnès Burniat, sa petite-fille. “Ce qui se passe à Gaza est insupportable. Elle aurait trouvé ça tout aussi insupportable que ce qui s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale. C’était une femme qui défendait tous les combats que nous, petits-enfants et arrière-petits-enfants, on essaye de transmettre“.
De quoi inscrire durablement dans l’espace public la mémoire d’une indignation qui transcende les générations.
■ Reportage de Marine Guiet, Karime Fahim et Laurence Paciarelli.