Plus de 90% de francophones à Bruxelles : un chiffre stable, mais qui doit aussi être nuancé

De nouveaux chiffres révèlent les tendances sur la présence de francophones et de néerlandophones en Région bruxelloise. Ils ont été demandés par le député fédéral DéFI François De Smet lors des questions parlementaires, rapporte La Libre ce mercredi. Il en ressort qu’une grande majorité des Bruxellois reste francophone.

Le recensement linguistique en Belgique étant interdit depuis une loi de 1961, les analystes du ministère des Finances se sont basés sur les déclarations fiscales rendues par les Bruxellois en 2023 pour déterminer les grandes tendances : 91,7% ont été rendues en français, les 8,3% restants en néerlandais – des chiffres qui restent stables par rapport aux dernières estimations qui fixaient déjà à environ 10% la présence néerlandophone à Bruxelles.

Les chiffres récoltés permettent également d’identifier 93% de francophones parmi les nouveaux pensionnés bruxellois.

Des chiffres à nuancer

Ces données basées sur la fiscalité comprennent certains angles morts. Il y a d’abord toute la partie de la population qui ne rentre pas de déclaration fiscale. Puis il y a aussi le fait que l’administration impose un choix linguistique – français ou néerlandais – alors que beaucoup de ménages ne parlent ni l’un ni l’autre. Enfin, il y a aussi les nombreux couples mixtes, qui peuvent choisir entre les deux langues pour leur déclaration fiscale commune.

Poids politique

Cette demande de chiffres au Parlement est une tradition à laquelle le parti DéFI tient beaucoup. S’ils sont imprécis, ils ont le mérite de dresser les grandes tendances et d’appuyer certaines politiques en faveur des francophones, notamment dans les six communes à facilités linguistiques de la périphérie bruxelloise où 63,6 % des déclarations fiscales ont été remplies en français. Par ailleurs, ces chiffres permettent de rendre compte de la surreprésentation des partis néerlandophones à l’échelle du Parlement régional et au niveau des votes.

Lors des dernières élections régionales, les partis politiques néerlandophones ont recueilli 17% des voix exprimées à Bruxelles, soit plus de deux fois la proportion de néerlandophones estimée dans la capitale. Cela s’explique en partie par le fait que de nombreux francophones ont voté pour des listes néerlandophones – dont la nouvelle venue, la Team Fouad Ahidar, qui a réalisé une percée fulgurante lors de ces élections. Il est aussi de coutume que des Bruxellois francophones votent pour des listes néerlandophones afin de faire barrage à certains partis flamands opposés à l’autonomie bruxelloise.

Par ailleurs, si l’on tient compte des données fiscales, il faut garder en tête que toutes les personnes imposées ne sont pas forcément de nationalité belge et n’ont donc pas forcément le droit de vote.  Selon les derniers chiffres de l’Ibsa publiés en décembre dernier, sur les près de 1.250.000 habitants de la Région, 37,2% ne disposent pas de la nationalité belge, soit 464.629 personnes. Or, c’est le français qui est le plus souvent choisi par cette catégorie de personnes pour remplir leur déclaration fiscale.

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Les explications de Victor de Thier dans le 8h