“Du jamais vu”, “rupture de confiance”, “manque de respect”: les syndicats réagissent à l’annonce de la direction d’Audi Brussels
“Ce que la direction d’Audi Brussels planifie de faire, c’est du jamais vu. C’est regrettable et inacceptable“, a réagi jeudi Ronny Liedts de l’ACV (CSC). Ce dernier fait référence à la volonté de la direction d’Audi Brussels de proposer leur offre, rejetée dans la nuit par les syndicats, directement aux travailleurs.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les négociations concernant le plan social entre la direction et les syndicats d’Audi Brussels ont été interrompues, les représentants des travailleurs ayant rejeté la sixième et dernière proposition en date de l’entreprise. La direction a donc décidé de s’adresser directement aux travailleurs avec une “offre très équitable“.
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“C’est regrettable et inacceptable“, a estimé M. Liedts. “Nous avons eu deux longues journées de négociations. La direction a effectivement mis une augmentation du budget global sur la table hier soir après de longues discussions, mais cela reste largement insuffisant. Puis est venue la décision de s’adresser directement aux travailleurs. Je n’ai jamais entendu parler d’une entreprise ayant fait ce genre de choses.”
Selon Ronny Liedts, les syndicats avaient proposé d’organiser un référendum auprès du personnel sur la dernière proposition de plan social, mais la direction n’en a pas voulu. “Parce qu’elle pense elle-même que le personnel dira ‘non’“, a-t-il ajouté.
M. Liedts a néanmoins affirmé souhaiter poursuivre les discussions avec la direction.
“Rupture de confiance“
Pour le syndicaliste Jan Baetens (ACV Metea) la nouvelle proposition du mois de novembre “mérite d’être débattue“. Mais les syndicats ont mis sur la table une contre-proposition, qui a été balayée par la direction, selon M. Baetens, à la grande frustration du personnel présent.
La situation a mené au blocage dans la salle de négociation, si bien que la direction a été escortée par des agents de police hors de l’usine de Forest.
La direction a condamné “les protestations des employés qui ont mené à des violences“. Les syndicats de leur part évoquent “une profonde rupture de confiance“.
La CGSLB rejette l’approche de la direction
Du côté de la CGSLB, Stephan De Muelenaere, secrétaire permanent, indique : “À notre grande surprise, la direction d’Audi Brussels a décidé de contourner le dialogue social, lequel passe normalement par les syndicats, en s’adressant individuellement aux travailleurs“.
“Bien que l’approche de la direction soit légalement possible, elle témoigne d’un manque de respect pour le dialogue social et la négociation collective. Elle va à l’encontre des principes de coopération et de solidarité, qui sont essentiels à un plan social équitable.”
Les syndicats notent que la direction d’Audi Brussels cherche à isoler les “maillons faibles” du personnel en les abordant individuellement. “Cette stratégie sape la nature collective du dialogue social et renforce l’impression que la réduction des coûts est une priorité aux dépens des travailleurs“, précise la CGSLB.
“La confiance dans le dialogue social est gravement mise à mal“, poursuit Stephan De Muelenaere. “La direction doit prendre ses responsabilités et respecter les procédures collectives. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons parvenir à un plan social équitable qui garantisse le respect et la dignité de toutes les personnes concernées.”
La CGSLB demande à la direction d’Audi Brussels de reprendre les négociations et de respecter à nouveau les principes de la négociation collective.
“Pure provocation”
Franky De Schrijver de l’ABVV (FGTB) a lui dénoncé une “pure provocation” de la direction d’Audi Brussels et affirmé que la situation était “sans précédent dans le monde de l’entreprise belge”. “Dans des négociations, il faut se rapprocher l’un de l’autre et faire des compromis”, a rappelé M. De Schrijver. “Aujourd’hui, l’ambiance est au ‘c’est à prendre où à laisser’. Nous sommes toujours ouverts à la discussion, mais il faut augmenter les budgets. Nous voulons à tout le moins une amélioration de la situation par rapport à la restructuration (de l’usine Volkswagen, située sur le même site à l’époque, NDLR) en 2006. Après tout, il s’agissait alors de départs volontaires et non pas de licenciements forcés comme aujourd’hui.”
avec Belga – Photo : Victor de Thier