Le nombre d’infections sexuellement transmissibles particulièrement en hausse dans la capitale
Une augmentation globale des diagnostics d’infections sexuellement transmissibles (IST) a été observée en 2023, ressort-il d’un récent rapport de surveillance en la matière de Sciensano. La courbe, qui inquiète l’Institut de santé publique, est en hausse continue depuis 2020, lorsqu’elle avait exceptionnellement connu une légère diminution en raison de la pandémie de Covid-19.
La chlamydia était l’IST la plus fréquente, avec un nombre de diagnostics estimé à 218 par 100.000 habitants en 2023. Il s’agit d’une augmentation de 8% par rapport à 2022 et de 24% par rapport à 2021. La gonorrhée a, elle, connu une forte tendance à la hausse avec 147 diagnostics par 100.000 habitants (+42% par rapport à 2022 et +90% par rapport à 2021). La syphilis était l’IST la moins fréquente des trois (73/100.000 habitants). Il s’agit d’une progression de 25% par rapport à 2022 et de 17% par rapport à 2021.
“Une tendance jamais observée”
Ces chiffres s’expliquent en partie par le fait que davantage de tests de dépistage des IST ont été réalisés. La syphilis était ainsi la plus testée l’an dernier, avec 550.562 tests tréponémiques ayant été remboursés, soit un taux de tests de 47 pour 1.000 habitants. Entre 2021 et 2023, le nombre de tests remboursés a augmenté de 16%, note Sciensano.
Les taux de tests de la chlamydia (37/1.000) et de la gonorrhée (36/1.000) étaient similaires tandis que le nombre de tests a progressé respectivement de 37 et 39% depuis 2021. Pendant longtemps, la chlamydia a été diagnostiquée principalement chez les femmes. Mais, en 2023, le nombre estimé de diagnostics est quasiment identique dans les deux sexes, constate Sciensano, avec une hausse de 41% chez les hommes entre 2021 et 2023, en particulier parmi les 20-34 ans. “Il s’agit d’une tendance jamais observée auparavant“, souligne Sciensano. Quant à la gonorrhée, elle a été diagnostiquée cinq fois plus chez les hommes (+100% depuis 2021) que chez les femmes (+97%) l’an dernier. La hausse est la plus prononcée chez les hommes de 20 à 39 ans.
La syphilis est l’IST la moins rapportée avec 73/100.000 habitants. La syphilis continue à toucher majoritairement les hommes, avec 7 fois plus de diagnostics chez les hommes que chez les femmes.
Un nombre de diagnostics plus élevé
Les résultats présentés illustrent la nécessité de consacrer une attention particulière à la Région de Bruxelles-Capitale, où le nombre de diagnostics d’IST rapportés par habitant est le plus élevé, analyse Sciensano. Pour l’Institut de santé publique, la perspective globale concernant les IST interpelle et inquiète. Le VIH a connu une augmentation préoccupante au cours des trois dernières années en Belgique, après des années de tendance à la baisse, rappelle-t-il.
Sans compter la mpox, la variole du singe, qui peut se transmettre par voie sexuelle.
La hausse des infections reflète une propagation accrue, et non une simple augmentation du volume des tests réalisés.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette augmentation, selon Sciensano, parmi lesquels des changements dans les comportements sexuels, tels que la multiplicité des partenaires et la réduction de l’utilisation des préservatifs. De nombreuses personnes peuvent en outre avoir une perception erronée de leur risque d’exposition aux IST. Une situation exacerbée par un manque de connaissances en matière de santé sexuelle qui a pu être influencé par la pandémie de Covid-19 et les confinements et l’apprentissage à distance qui l’ont accompagnée.
Pour Sciensano, un plan national IST permettrait une approche coordonnée face à cette progression des infections.
Belga