Hadja Lahbib obtient le feu vert des députés européens
La nomination de Hadja Lahbib en tant que commissaire européenne a été confirmée mercredi par les eurodéputés, a appris Belga peu après 17h au terme d’une réunion des coordinateurs des groupes politiques. Elle a obtenu deux tiers des voix nécessaires.
Cette confirmation suit une audition de plus de trois heures de la ministre sortante des Affaires étrangères par les eurodéputés, lors de laquelle a répondu à de nombreuses questions sur ses convictions et ses compétences pour ses futures fonctions. Hadja Lahbib a été chargée des portefeuilles de l’égalité, de la gestion des crises et de l’aide humanitaire dans la nouvelle Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen.
“C’est un grand honneur pour moi de recueillir la confiance des députés européens. Les défis et les responsabilités qui m’attendent sont à la hauteur de ma motivation”, a affirmé Hadja Lahbib. “Les valeurs européennes d’égalité et de solidarité ont fait de moi qui je suis. Je les défendrai avec toute ma force et ma conviction.” L’ancienne journaliste a fait forte impression lors de son oral mercredi matin, malgré des questions répétées sur les dossiers des visas iraniens et de sa visite en Crimée. Les coordinateurs des différents groupes politiques au Parlement européen devaient se réunir dans la foulée pour décider s’ils soutenaient ou non sa nomination.
Leur réunion a finalement été reportée en fin d’après-midi, car le PPE a souhaité coupler le délibéré à celui sur la commissaire-désignée suédoise Jessika Roswall, dont l’audition s’est moins bien passée la veille. Cette dernière a également reçu une évaluation positive des députés en fin d’après-midi. Après l’audition des tous les commissaires par le Parlement européen, qui se tiennent jusqu’au 12 novembre, le collège dans son ensemble devra recueillir le soutien de l’ensemble des eurodéputés, probablement lors de la session plénière de fin novembre
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Seul léger faux pas quand, interrogée pour la énième fois par l’extrême droite sur deux dossiers qui ont mis en péril son mandat (l’affaire des visas iraniens et le reportage en Crimée), elle a répondu sur le premier alors qu’elle était questionnée sur le second. Pour sa collègue de parti Sophie Wilmès (MR, Renew), aucun doute : conviction, connaissance, défense des valeurs de l’UE, “calme et fermeté”, la candidate Lahbib a “totalement réussi” son audition et n’a jamais été mise en difficulté. La socialiste Kathleen Van Brempt (Vooruit) est du même avis : “elle a été très solide sur l’égalité des droits, la lutte contre les discriminations et l’aide humanitaire. Elle peut faire le job, oui. Elle va défendre les normes et les valeurs européennes, absolument. Et elle a répondu aux forces d’extrême droite!”.
Le ton était différent chez Marc Botenga (PTB, La Gauche). Il juge la libérale trop peu combative sur l’aide humanitaire, en particulier la situation à Gaza. Hadja Lahbib aurait une position “trop limitée” comme l’est celle du Conseil de l’UE (États membres). Il déplore aussi que l’Égalité n’ait pas reçu un commissaire à part entière. Saskia Bricmont (Verts/ALE) considère quant à elle que la cheffe de la diplomatie belge “a montré qu’elle était du côté des progressistes” en matière de droits des femmes, des minorités (LGBTQI notamment), et qu’elle a bien défendu l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. “Même si elle est restée évasive sur certaines questions, où l’on voyait bien qu’elle cherchait à donner des gages aux conservateurs”. Car la commissaire-désignée doit maintenant recueillir le soutien des “coordinateurs”, à savoir les eurodéputés désignés par leurs groupes politiques pour répercuter leur position dans les commissions parlementaires compétentes.
Ces soutiens doivent représenter deux tiers des élus de ces commissions. Or, la mécanique des auditions fait entendre quelques grincements. Les premiers commissaires-désignés entendus depuis lundi ont été reçus sans encombre, soutenus par un consensus PPE, S&D, Renew, Verts/ALE et ECR. A l’exception notable, hier/mardi soir, de la Suédoise Jessika Roswall (Environnement et Santé publique), qui pourrait être contrainte par la commission de l’Environnement à des devoirs complémentaires. De quoi faire prendre ombrage à son parti, le PPE, qui pourrait être tenté de lier les deux candidatures, et retarder ainsi la confirmation de la Belge ? “S’il devait y avoir un problème, ce serait lié à un jeu politique dommageable pour l’ensemble” du Parlement européen, a grincé Sophie Wilmès. “Ce serait dégoûtant”, juge Kathleen Van Brempt. Mais le risque existe bel et bien que le PPE et l’ECR lient les deux dossiers, confirme Saskia Bricmont, car l’audition d’Hadja Lahbib est la première d’une candidate non-PPE intervenant dans la foulée de celle de Jessika Roswall.
“Il nous reste des questions”, a confirmé l’eurodéputé français François-Xavier Bellamy (PPE, Les Républicains). Selon lui, “il y a des frustrations” au PPE car Hadja Lahbib n’aurait montré “aucune remise en question” sur les dossiers de la Crimée et des visas iraniens. Au CD&V (PPE), il n’était pas possible d’obtenir une réaction, dans l’attente de la réunion des coordinateurs.
Avec Belga – Photo Belga
■ Reportage de Bryan Mommart, Frédéric De Heneau et Paul Bourrières