Les prix du chocolat vont-ils encore augmenter ? “Cela va dépendre de la stratégie commerciale des entreprises”

Depuis plusieurs mois, le prix de la fève de cacao a explosé. Une nouvelle augmentation est attendue selon certains. Mais cela ne sera pas le cas pour tout le monde. 

“On a déjà reçu des courriers de certains producteurs à propos d’une hausse pour le 1er octobre. Les prix deviennent complètement fous.” Ce cri d’alarme est lancé par Laurent Gerbaud. Avec une crainte en filigrane pour celui qui a été élu Chocolatier de l’année 2021 à Bruxelles par Gault et Millau : “J’ai peur que le chocolat devienne un produit de luxe, ce qui n’est pas le but de base.” Depuis mars 2024, les prix de la fève de cacao ont totalement explosé. La faute à une tempête parfaite de maladies et d’un temps sec qui ont entraîné une série de mauvaises récoltes, ce qui a engendré une augmentation de près de 130 % du prix de la fève. “Et la récolte de cette année en septembre est aussi mauvaise. De plus, en 25 ans, nous n’avons jamais eu d’indexation. On le paye aujourd’hui.”

Cette hausse est aussi due au phénomène climatique El Niño qui a provoqué un temps plus sec au Ghana et en Côte d’Ivoire. Ces deux pays sont les plus grands producteurs de fèves de cacao au monde. “Leur fève est moins chère, mais aussi de moins bonne qualité”, poursuit l’artisan chocolatier. “Le problème est que les autres producteurs, ceux d’Amérique du Sud ou de Madagascar, qui ont un meilleur produit, ont augmenté mécaniquement leurs prix.”

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Dans le secteur, tout le monde a connu cette augmentation. “Personnellement, je suis tenu par d’anciens contrats qui nous permettent de garder la tête hors de l’eau pour le moment. Mais à un moment ou à un autre, on va payer le prix fort.”

“Je ne pense pas que les prix vont exploser”

Philippe De Selliers n’est pas de cet avis. L’homme a deux casquettes : une première de directeur général de Leonidas, une seconde de président de Choprabisco, la fédération sectorielle belge des entreprises qui produisent et/ou commercialisent en Belgique du chocolat, des pralines, des biscuits et des confiseries. C’est à ce titre qu’il répond à nos questions. “Je ne pense pas que les prix vont exploser”, tempère-t-il.

Pour lui, il n’y a qu’un seul mot d’ordre : tenir. “Si les producteurs maintiennent des prix élevés, c’est à cause d’une certaine spéculation. Les spéculateurs ont bientôt terminé de spéculer.” Selon Philippe De Selliers, le secteur voit tout doucement le bout du tunnel. “L’augmentation des prix a été fulgurante”, admet-il. “Les prix sont passés de 2.500 à 10.000 dollars la tonne. Aujourd’hui, on se situe à 6.500 et on espère atteindre 5.000 dollars.”

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Ce qui laisse tout de même une sacrée augmentation par rapport au passé. Sur ce point, les deux hommes sont plutôt d’accord. “C’est une bonne nouvelle”, explique Laurent Gerbaud. “On revient à un prix qui est beaucoup plus juste pour les producteurs.”

Même son de cloche de la part de Philippe De Selliers : “Les prix étaient beaucoup trop bas auparavant et les producteurs n’étaient pas assez rémunérés.”

Qui va payer l’addition ?

Face à cette situation, Laurent Gerbaud s’attend à du changement. “Je pense que les différentes maisons vont revoir les prix entre maintenant et début octobre”, assure-t-il. Pour Philippe De Selliers, cette hausse n’est pas obligatoire. “Cette hausse n’est pas sectorielle”, rétorque-t-il. “Les prix dépendront de la stratégie commerciale des entreprises. Elle n’est pas obligatoire. Cette augmentation dépendra aussi de la capacité des entreprises à gérer les autres coûts que les matières premières, comme le marketing par exemple.”

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Il y a donc deux solutions : augmenter ses prix en magasin ou les maintenir. “On préfère prendre sur nous pour le moment”, dit Laurent Gerbaud. “Un calcul des recettes a été effectué pour une éventuelle augmentation du prix. Actuellement, nous sommes à cinq ou six euros de plus par produit. Du coup, on ne va pas augmenter nos prix et on va puiser dans notre trésorerie.”

Pour lui, la question est de savoir jusqu’à quand il va pouvoir tenir. Philippe De Selliers reste optimiste : “Notre secteur est prospère et le restera.”

Rédaction 

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04 septembre 2024 - 11h03
Modifié le 04 septembre 2024 - 18h21