Le conseil supérieur de l’Emploi favorable à une révision des indemnités de chômage

Le Conseil Supérieur de l’Emploi (CSE), organe interfédéral rassemblant interlocuteurs sociaux et experts universitaires, a dévoilé lundi son dernier rapport annuel sur l’évolution du marché du travail en Belgique. Il indique que le taux d’emploi belge reste en 2023 en deçà de la moyenne de l’Union européenne.

Face aux difficultés de recrutement, le CSE propose des recommandations en quatre axes aux futurs gouvernements régionaux et fédéral. Il revient notamment sur la question de la limitation des allocations de chômage dans le temps et sur le tandem indexation-norme salariale.

En 2023, le nombre d’emplois créés est redescendu de près de 100.000 les deux années précédentes à environ 41.000, soit la moyenne pré-crise sanitaire. Le taux d’emploi en Belgique, s’il progresse, reste cependant en 2023 en deçà de la moyenne des pays de l’Union européenne (72,1% contre 75,3% dans l’UE).

Un taux d’emploi de 65% à Bruxelles

Cette différence est encore plus flagrante selon les Régions: le taux d’emploi est de 76,8% en Flandre contre 65% environ en Wallonie et en Région bruxelloise. Cette absence de convergence entre les données belges et européennes s’explique, selon le CSE, par des difficultés de recrutement, les conditions de travail et de rémunération, un manque de main-d’œuvre dans certains secteurs, et des incitants insuffisants pour rejoindre le marché du travail.

Face à ces défis, le Conseil formule une série de recommandations en quatre axes pour améliorer le taux d’emploi en Belgique. D’abord, améliorer l’activation des demandeurs d’emploi, avec un meilleur accompagnement, une réintégration des personnes en incapacité de travail longue durée ainsi qu’un réexamen du système de l’assurance chômage. Le rapport indique toutefois qu’il est nécessaire qu’une telle réforme “ne conduise pas à une augmentation du risque de pauvreté”.

Revoir la durée des indemnisations

Une majorité des membres du CSE, et non pas l’unanimité du Conseil, ce qui constitue une première dans son histoire, estime ainsi que “le paramétrage de l’assurance chômage (en particulier concernant la durée d’indemnisation, qui est une spécificité du système belge) peut être amélioré pour renforcer et augmenter la transparence des incitants au travail”. “Nous rappelons que l’assurance chômage est un système d’assurance et que cela implique que la personne a toujours la volonté d’entrer dans le marché du travail. Nous estimons donc qu’il est normal qu’il y ait une évaluation”, précise le vice-président du Conseil et vice-gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Steven Vanackere. “C’est désormais au politique de trancher.”

Le CSE propose encore une plus grande promotion de l’emploi des personnes faiblement diplômées. Cela passe notamment par une réduction du coût du travail pour les bas salaires, des incitants à travailler plus élevés, le développement de formes alternatives d’emploi et la promotion des métiers manuels et de la formation continue. Les experts appellent aussi à une amélioration des compétences, “répondant à l’évolution de la société”. Ils précisent un besoin de profils techniques et scientifiques, notamment autour de l’intelligence artificielle ou du numérique, avec la nécessité de mettre l’accent sur les femmes.

Une politique de migration choisie

Il est par ailleurs proposé de mettre en place une politique de migration choisie pour “répondre aux besoins de compétences qui ne sont pas disponibles au sein de la population”. Enfin, le Conseil invite à des discussions sur la formation des salaires, évoquant clairement la question de l’indexation des salaires et de la norme salariale (loi de 1996). “Il y a un équilibre à trouver entre sauvegarde de la compétitivité et préservation du pouvoir d’achat, mais aussi entre norme salariale nationale uniforme et diversité de situations en matière de productivité et de compétitivité entre firmes”, suggère le rapport.

“L’inconvénient de ces mécanismes d’indexation et de norme salariale, c’est que la compétitivité entre les entreprises semble disparaître”, justifie Steven Vanackere. “Nous sommes un pays toujours très productif, mais les prévisions confirment un déclin à venir. On doit donc trouver des solutions pour dynamiser le marché. (…) Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont au travail, mais pas dans les secteurs les plus productifs”, conclut-il.

Par ces propositions, le CSE dit désormais se tenir “à la disposition des autorités”, à savoir les gouvernements régionaux et fédéral, pour “contribuer à l’élaboration de politiques de l’emploi inclusives et créatrices de richesses”.

Belga – Photo: Thierry Roge

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16 juillet 2024 - 08h26
Modifié le 16 juillet 2024 - 14h01