Une bière, des concerts, un livre… les Snuls sont partout pour fêter leurs 33 (ou 34) ans

Les Snuls fêtent leur 33 ans et pour marquer le coup, un concert a lieu ce soir à la salle de la Madeleine.

Ils n’ont sévi que quatre ans sur l’antenne de Canal+ Belgique (1989-1993), mais cela semble une éternité pour des Snuls persuadés à leurs débuts qu’on allait les remercier après quelques semaines. Un état d’esprit qui leur a permis de développer un humour déjanté, qui n’épargne personne. Plus de 33 ans après leur première émission, les Snuls reviennent sur leurs péripéties dans un ouvrage modestement intitulé “Les Snuls sont très connus” (CFC éditions).

“Trente ans après, je n’arrive toujours pas à définir l’esprit snul”, concède un des membres du collectif, Stefan Liberski, dans la préface. “Il y avait en tout cas un côté jusqu’au-boutiste que je n’ai jamais vraiment retrouvé ailleurs, un côté foutraque et punk.” Si le nom de scène s’inspire directement des Nuls français, les téléspectateurs se sont rapidement aperçus que l’émission hebdomadaire “Plus ou moins net”, animée par Serge Honorez, Kristiaan Debusscher, Nicolas Fransolet, Frédéric Jannin et Stefan Liberski, s’éloignait fortement de l'”ironie branchouille de Canal+”. “Beaucoup de gens à Canal ne comprenaient pas ce qu’on faisait. Cela nous a permis de voir à quel point il y avait un décalage entre ce que nous faisions et un humour français plus franchouillard, plus premier degré, qui se met moins facilement en péril”, confie Fred Jannin à l’agence Belga. Outre l’influence d’un humour anglo-saxon à la Monty Python, “la Belgique se prête à une sorte d’autodérision. Comme si nous savions plus que les autres qu’on allait bientôt mourir et qu’on s’en fout. On n’a pas le poids ou la grandeur d’un empire sur les épaules. C’est un peu l’avantage de notre inconvénient”, ajoute-t-il.

 

Chaque samedi de 19 à 20h, BX1 en dab+ accueille les 3 “journalistes” du “Grand Journal du Rien”, un trio composé de deux ex-Snuls  et d’un compère qui préfère travailler sous pseudonyme. Kris Debusschere, Frédéric Jannin et François Segant présentent le samedi une émission déjantée consacrée à ce que l’on trouve de plus surréaliste et absurde sur les réseaux sociaux. Ils commentent dans la zwanze et les vannes les posts philosophiques, les blagues à deux balles et les réactions les plus croquignolesques.

■ Duplex d‘Arnaud Bruckner

Et c’est précisément cette posture de Petit Poucet de l’humour qui va permettre au groupe de se lâcher. “On va rire vraiment de tout ce qu’on voit et ne rien épargner, à commencer par notre condition d’être humain dans un petit pays misérable.” Et comme Paris semblait ne pas s’intéresser au résultat d’une émission qui pouvait passer “dans la colonne des pertes et profits”, selon Stefan Liberski, les Snuls redoublent d’irrévérence. “On avait de moins en moins de limites, on y allait à fond. Le foutage de gueule était absolu. (…) La moquerie n’a de sens que si elle est omniprésente et générale. Ne pas rire de quelque chose aurait été synonyme de prendre parti”, ajoute Fred Jannin. À une époque où le parler belge suscitait raillerie voire pitié aux quatre coins de l’Hexagone, les Snuls n’y vont pas par quatre chemins et accentuent le phrasé du Plat Pays tout au long de leurs prestations.

Chansons, sketches loufoques intégrant des “guests” qui deviendront stars (Laurence Bibot, Bouli Lanners…), la Belgique est “scannée”, dira de ces artistes le musicien Marc Moulin. Mais au-delà de la belgitude et de la zwanze, le ton moqueur des Snuls ne se voulait pas blessant. “Nous rigolions aussi de ce qui pose problème. C’est peut-être très illusoire, mais ça peut aider le cerveau à remettre certaines choses un peu en question. Nous étions loin d’être des donneurs de leçons, mais on aimait bien qu’il y ait une petite réflexion derrière l’accent bruxellois ou belge”, poursuit Fred Jannin. Après quatre années “intenses”, le voile tombe sur l’émission, entraînant la dissolution du groupe, même si Jannin et Liberski mèneront encore quelques projets en commun. Les célébrations liées à leur 34e anniversaire n’augurent aucunement d’une reconstitution. “Il faudrait qu’on soit tous les cinq gâteux ou qu’on reçoive une offre qu’on ne pourrait pas refuser”, plaisante Frédéric Jannin.

 

L’invité de Pierre Beaudot et Charlotte Maréchal dans le Brunch de ce mercredi 4 octobre est Cédric Van Caillie, musicien. Il a été entre autres chanteur guitariste de Balimurphy. Aujourd’hui il rend hommage aux Snuls, groupe d’humoristes belges actifs entre 1989 et 1992 sur Canal + Belgique. L’hommage il est signé par le COCOFUB, le comité de coordination du Folklore Universel belge. Les Snuls, ce sont des sketchs mais aussi beaucoup de chansons et Cédric Van Caillie est le directeur musicale de ce spectacle ‘Santa Belgica’:

33,  34 ans?

C’est dans un esprit très… snul que ce collectif d’artistes célèbre ses 33 ans. 34 cet automne pour être exact. 33, 34… qu’importe, l’essentiel étant de marquer le coup, selon l’archiviste de la bande, Fred Jannin. Et il y a aussi “Le Grand Journal du Rien”, tous les samedis à 19h sur BX1 avec deux anciens de la bande.

Le trentième anniversaire était bien sûr dans les cartons en 2019, mais un premier retard pour raisons budgétaires et un autre plus “covidien” ont postposé les célébrations. De quoi mûrir par la même occasion moult projets. Comme ce documentaire signé Guillermo Guiz et Gilles Dal diffusé les 27 septembre et 12 octobre au Pathé Palace à Bruxelles avant d’autres cinémas et une diffusion en décembre sur la RTBF.

“Le film dure 1h30, mais on aurait pu en faire une série Netflix de 12 saisons”, plaisante Fred Jannin, très satisfait du travail des réalisateurs. “C’est un ovni, c’est comme un making of du documentaire. On ne pouvait pas rêver mieux comme vibrant hommage et foutage de gueule parce qu’ils arrivent à se moquer du format documentaire et des Snuls eux-mêmes.”

Trois soirées concerts en hommage aux Snuls sont programmées dans le cadre du festival FrancoFaune du 3 au 11 octobre à La Louvière, Bruxelles et Chênée. “Cet anniversaire n’est pas du tout un retour des Snuls“, clarifie Fred Jannin. “Nous n’allons pas chanter. Tout le monde est gagnant car nos chansons sont ici bien servies par de bons musiciens et chanteurs.”

Le 23 septembre, Manneken Pis et le quartier Saint-Jacques ont également rendu hommage à leur manière au collectif. Le plus célèbre ket de Bruxelles a enfilé un t-shirt complètement snul, barré de l’inscription “Mon tich heurte”. “Pour un petit Bruxellois qui pisse à longueur de journée, c’est quand même pas mal”, estime M. Jannin.

Au cours de la troisième édition de la fête folklorique des Jacqueries dans le quartier situé autour de la statuette, les organisateurs ont célébré la Joyeuse Entrée des Snuls à Bruxelles. A deux pas de ce quartier, c’est une fresque apposée sur un pan de façade situé rue du Marché aux Poulets.

Les Jacqueries : une fête populaire au cœur de Bruxelles:

Une bière et une grande soirée à la Bourse

Pour arroser ces trois décennies d’existence, une bière a également été conçue par la brasserie de la Senne. Son nom, la Santa Belgica, renvoie directement à l’un des tubes des Snuls et “résonne également bien à l’étranger”, confie Pascal Wyns, responsable de ce projet brassicole. Il s’agit d’une pale-ale légère (4,5%), accessible à tout le monde. M. Wyns espère à moyen terme lancer deux autres bières afin de constituer une trilogie aux couleurs de la Belgique.

La Santa Belgica sera présentée le jeudi 12 octobre au cours de “La Grande Soirée anniversaire des “Snuls 33 ans” à la Bourse de Bruxelles récemment inaugurée.

 

Un double vinyl “Collector” tiré à 500 exemplaires pour retrouver l’intégrale des chansons des Snuls, de Santa Belgica à Hazewee à Laeken, est également disponible.

Enfin, avec son comparse Stefan Liberski, Fred Jannin publie chez CFC “Les Snuls sont très connus”, un épais recueil dans lequel le duo, connu également pour Jaadtoly, et Froud et Stouf, revient en images et en paroles sur leur période Snuls aux côtés de leurs acolytes Serge Honorez, Kristiaan Debusscher et Nicolas Fransolet.