JO 2020 – “C’est toute la filière du jumping belge qui est mise à l’honneur avec cette médaille”
L’équipe belge de jumping, médaillée de bronze samedi aux Jeux Olympiques de Tokyo, a pu réaliser en quelque heures à peine que la reconnaissance de leur performance a dépassé le cadre des seuls sports équestres. Le plus bel exemple : Grégory Wathelet a reçu un appel du roi Philippe pour le féliciter. Le Condruzien, qui a assuré le troisième parcours de l’équipe, sera dimanche soir (13h00 à Bruxelles) le porte-drapeau de la Belgique lors de la cérémonie de clôture. “C’est un honneur pour l’équitation”, reconnaissait-il.
“On comprend seulement maintenant tout le soutien que l’on a eu, pas seulement de nos proches, mais aussi de toute la nation”, soulignait Pieter Devos qui ne comptait pas les messages reçus. “On a remporté le championnat d’Europe (en 2019. Mais cela n’a rien à voir. C’est phénoménal.”
L’épilogue inattendu qui a permis à la Belgique d’obtenir sa place sur le podium, le premier dans les JO depuis 1976 mais déjà le 13e dans l’histoire, a bouleversé les sentiments. “Nous n’étions pas en position idéale”, reconnaissait Grégory Wathelet après avoir fait tomber deux barres. “Nous étions dépendants des autres. Nous avions terminé. Les autres devaient encore faire le dernier parcours. Rien n’était perdu. Je ne voyais pas la Suède craquer. Les Etats-Unis un peu plus. La France pouvait craquer comme l’avait fait l’Allemand. Ce rebondissement c’est ce qui fait la beauté de ce sport.” Pieter Devos partage ce point de vue. “On a eu la démonstration combien c’est imprévisible comme dans aucun autre sport.”
Le coach national l’Allemand Peter Weinberg, qui aimerait continuer à diriger l’équipe à l’avenir, pensait après le parcours de Wathelet et les 12 points accumulés par la Belgique que “la médaille était partie. Les autres cavaliers nous l’ont donnée. Ce fut dramatique jusqu’au bout.”
“Ce sont nous les cavaliers qui ont été mis en avant, mais c’est le travail de toute la filière du sport équestre qui l’est à travers nous” insistait Jérôme Guéry. “L’équitation en Belgique a démontré son savoir-faire depuis des années. Notre pays est central. Nous avons les meilleurs élevages, de nombreux grands cavaliers sont venus s’installer chez nous.”
Le très bel esprit d’équipe des Belges a sans doute trouvé son plus bel exemple avec Niels Bruynseels. Il a vécu une finale individuelle dramatique par la faute d’un fer perdu à l’échauffement qui bouleversa son cheval Delux van T&L. Il a pris la décision en accord avec le coach de laisser sa place dans la “Team competition” au remplaçant Pieter Devos. “Imaginez que les deux premiers cavaliers fassent un sans-faute, et que cela se passe pour moi comme dans la finale individuelle (élimination près deux refus dès le 4e obstacle). C’était la meilleure décision pour l’équipe et le cheval”, assura Bruynseels qui ce faisant s’est privé d’une possible médaille. Ce n’est pas la première fois qu’il passe à côté d’une grande performance. Il avait dû renoncer aux championnats d’Europe en 2019 à Rotterdam (que l’équipe belge a remporté), pour lesquels il était sélectionné, à la suite d’une blessure de Delux. “C’est la seconde fois que j’ai la poisse. Mais ce n’est pas la fin du monde. Je suis super content pour la Belgique et le sport équestre.”
S’ils ont fêté jusqu’à 5 heures du matin leur médaille, les cavaliers n’auront pas trop le temps à leur retour au pays d’en profiter. “Dans quatre jours nous serons à Londres (Global Champions Tour)”, rappelaient Devos et Wathelet. Suivront ensuite la manche de Valkenswaard du GCT, le jumping de Bruxelles avant les championnats d’Europe et la finale de la Coupe des Nations en octobre à Barcelone. Heureusement, les autres héros de la soirée de samedi: Claire Z, Quel Homme de Hus et Nevados S, pourront eux profiter d’un repos bien mérité pendant quelques semaines.