Imbroglio à l’ONU sur qui représente désormais la Birmanie

L’ONU a reçu deux lettres “contradictoires” sur qui représente diplomatiquement la Birmanie au siège de l’Organisation à New York depuis la prise de distance spectaculaire vendredi de l’ambassadeur birman avec la junte, a indiqué mardi son porte-parole. Vendredi lors d’une réunion spéciale de l’Assemblée générale de l’ONU, Kyaw Moe Tun avait rompu avec les militaires lors d’un discours empreint d’émotion réclamant la fin du coup d’Etat et achevant son plaidoyer envers le peuple birman dans sa langue avec trois doigts levés, symbole de la protestation en Birmanie.

Le lendemain, il avait été démis de ses fonctions par la junte mais a adressé lundi une lettre au président de l’Assemblée générale de l’ONU, avec copie au secrétaire général de l’Organisation, pour affirmer être toujours le représentant de son pays.

“Les auteurs du coup d’État illégal contre le gouvernement démocratique de Birmanie n’ont aucune autorité pour annuler l’autorité légitime du président de mon pays”, souligne dans cette missive obtenue par l’AFP Kyaw Moe Tun, qui rappelle sa nomination par le président civil birman et la cheffe de la diplomatie Aung San Suu Kyi renversée.

“Je tiens donc à vous confirmer que je reste le représentant permanent de la Birmanie auprès de l’Organisation des Nations unies”, ajoute-t-il.

Mardi, le ministère birman des Affaires étrangères a adressé une note verbale à l’ONU, également obtenue par l’AFP, signifiant la fin de mission de Kyaw Moe Tun.

“Le ministère des Affaires étrangères (…) a l’honneur d’informer que le Conseil d’administration de la République de l’Union de la Birmanie a mis fin aux fonctions et responsabilités de l’ambassadeur Kyaw Moe Tun, représentant permanent de Birmanie accrédité auprès des Nations unies avec résidence à New York le 27 février 2021”, indique cette note.

“A l’heure actuelle, Tin Maung Naing, ambassadeur représentant permanent adjoint a été désigné comme chargé d’affaires par intérim de la mission permanente” de Birmanie auprès de l’ONU, ajoute cette missive.

“Nous avons reçu deux lettres contradictoires, et nous allons les étudier, voir d’où elles viennent et ce que nous allons faire”, a déclaré lors de son point-presse quotidien le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, dont l’embarras était perceptible en raison de la rareté d’une telle situation.