Coronavirus – Lancement d’une initiative citoyenne pour que l’UE fasse des vaccins un bien public

Un groupe de citoyens européens se lance ce lundi soir dans une vaste récolte de signatures pour mettre à l’agenda des instances européennes une demande pour que les médicaments et vaccins contre la Covid-19 soient considérés comme “biens publics”, non protégés par des droits de propriété intellectuelle aux mains de sociétés pharmaceutiques. La proposition doit recueillir au moins un million de soutiens, dont un certain minimum dans 7 Etats membres, pour être présentée ensuite à la Commission européenne, en tant qu'”initiative citoyenne européenne”. Via ce système relativement nouveau, les citoyens ont l’occasion de mettre à l’agenda de l’UE des problématiques qui les interpellent, pour peu que le soutien soit suffisamment large et traverse les frontières nationales.
La représentante principale de l’initiative est une Belge, Anne Delespaul, médecin généraliste à Anvers et “porte-parole santé” pour le PTB et Médecine pour le peuple.
“Nous voulons faire des médicaments contre le coronavirus un bien public mondial. Tout comme le vaccin contre la polio, qui est entré sur le marché international sans brevet et dont la propriété privée n’a pas été abusée par le secteur pharmaceutique”, explique-t-elle via communiqué.
Sous le slogan “No profit on pandemic”, les organisations et citoyens qui ont mis sur pied l’initiative souhaitent que la Commission européenne fasse tout pour “faire des vaccins et des traitements anti-pandémiques un bien public mondial, librement accessible à tous”. Concrètement, les organisateurs demandent qu’il n’y ait pas de brevet pharmaceutique sur les vaccins et médicaments développés, mais aussi que les contrats conclus par les autorités avec les entreprises pharmaceutiques soient rendus publics ainsi que les informations sur les coûts réels de production.
Un brevet donne à l’entreprise pharmaceutique qui a développé le produit le monopole de sa production et de sa commercialisation pour plusieurs années, avant que la “recette” ne tombe dans le domaine public. Cela veut donc aussi dire qu’elle en détermine la disponibilité et le prix.
Une critique qui revient régulièrement sur la table est que les firmes pharma profitent ainsi partiellement d’une recherche largement subsidiée par des financements publics. Dans le cas de la pandémie de Covid-19, l’Europe a aussi directement soutenu les entreprises développant un vaccin prometteur.
Selon les lanceurs de l’initiative, la Commission pourrait “obliger les entreprises pharmaceutiques qui reçoivent des subventions publiques à fournir les coûts de production, à maintenir les médicaments développés dans le domaine public ou à les partager dans une ‘communauté de brevets’ mise en place par l’Organisation mondiale de la santé”.