La chorégraphe et cinéaste Lydia Chagoll est décédée
La chorégraphe, autrice et cinéaste Lydia Chagoll a rendu son dernier souffle le 23 juin dernier à Overijse à l’âge de 89 ans. Sa mort n’a été annoncée que mercredi, respectant ainsi ses dernières volontés qui voulaient que son décès ne soit rendu public que quelques jours après sa crémation et uniquement par l’agence de presse Belga. Elle est décédée d’une mort naturelle. Lydia Chagoll, née Lydia Aldewereld en 1931 aux Pays-Bas, à Voorburg, était la fille d’un journaliste antifasciste. Elle a grandi dans une famille juive qui a déménagé à Bruxelles assez rapidement. La famille a ensuite fui l’Allemagne nazie et s’est installée, après une longue errance, dans les Indes néerlandaises, qui ont à leur tour été envahies par l’armée de l’empereur japonais Hirohito.
Pendant trois ans, Lydia Chagoll a survécu dans différents “camps japonais”, une période de son adolescence dont elle gardait des souvenirs horribles. Elle a toutefois été importante dans sa vie, cette époque étant à la base de sa créativité battante et de son engagement social profond.
La future danseuse a obtenu un certificat de philologie germanique à la Vrije Universiteit van Brussel avant d’étudier la danse à l’Ecole Supérieure d’Etudes Chorégraphiques (Esec) de Paris. Elle a ensuite entamé des études en danse classique et moderne en Belgique, aux Pays-Bas, en France, en Allemagne et aux États-Unis.
De 1948 à 1973, elle a été ballerine, chorégraphe et professeure de danse classique. Elle a fondé sa propre compagnie de ballet, baptisée en son nom, qui propose des programmes spécifiques pour adultes, adolescents et enfants. Danseuse et chorégraphe, elle a notamment travaillé pour l’Opéra de Bruxelles, le KVS, le BRT, la RTBF et plusieurs chaînes de télévision étrangères.
À partir des années 1970, elle a ajouté cinéaste comme corde à son arc. Elle a notamment réalisé le documentaire “Au nom du Führer” en 1992, récompensé par de nombreux prix, tout comme “Pour un sourire d’enfant”. Elle a appris les ficelles du métier par son compagnon, le réalisateur Frans Buyens, l’un des cinéastes les plus engagés que la Belgique ait connu, connu notamment pour le film “Moins morte que les autres”, plaidoyer pour le droit à mourir dans la dignité. À 83 ans, Lydia Chagoll réalisait encore un documentaire sur la persécution des Roms, “Ma Bister”.
La danseuse a également travaillé comme consultante laïque dans des prisons pour hommes. En 1999, la Vrije Universitait Brussel lui avait remis le titre de Docteure Honoris Causa pour son engagement social.
Elle a été enterrée à Temse, aux côtés de son compagnon Frans Buyens.