La mobilité partagée doit compléter et non se substituer aux transports en commun
Pour réduire la congestion, la pollution et les émissions de CO2, la mobilité partagée doit compléter et non se substituer aux transports en commun. Y parvenir suppose que les autorités politiques jouent un rôle plus actif afin d’optimiser l’utilisation de l’espace public dans les villes, conclut un rapport du Centre sur la régulation en Europe (CERRE) publié mardi.
Le partage de véhicules (voitures, scooters, vélos, trottinettes électriques,…), que facilitent les plateformes numériques, “peut très bien compléter les transports publics, en fournissant le premier et le dernier kilomètre, en atteignant les zones où les transports publics ne sont pas rentables et où la demande est si sporadique que la fréquence des services doit être faible”.
Mais s’il se substitue aux transports en commun, il ne pourra en résulter qu’une augmentation des embouteillages, de la pollution et des émissions de CO2, rappelle l’étude de ce think tank qui promeut notamment la régulation des entreprises numériques.
Pour les trois auteurs, Yves Crozet, Georgina Santos et Jean Coldefy, les politiques publiques doivent “privilégier les modes de transport qui optimisent l’utilisation de l’espace public, et non ceux qui offrent aux usagers un gain de temps infinitésimal”.
Dans la plupart des villes, le transport routier reste trop attrayant. Le développement à grande échelle d’une mobilité multimodale, avec des services accessibles de manière coordonnée, n’aura lieu qu’à la double condition que “les règles d’utilisation de la voirie (soient) orientées vers des incitations à la mobilité partagée et vers une désincitation à l’autosolisme”. Malgré le mauvais accueil de ces mesures par les automobilistes, les experts évoquent l’élévation des frais de stationnement, les péages urbains ou la réduction des espaces de voiries dédiés à la voiture. Parallèlement, les pouvoirs publics doivent investir dans les transports en commun, la marche et le vélo.
“Lorsqu’il existe des avantages sociaux potentiels” (desserte de zones peu denses, services aux personnes âgées, handicapées, à faible revenu, etc.), les autorités devraient subventionner les nouveaux services de mobilité, plaident encore les chercheurs.
Enfin, le rapport encourage l’ouverture des données de mobilité. Ces données, publiques comme privées, “doivent être rassemblées sous l’égide des autorités organisatrices de mobilités, qui sont le seul tiers de confiance capable de le faire”, défend le document, qui invite aussi les autorités à mettre en place des licences pour garantir que l’utilisation des données reste compatible avec l’intérêt public. Le CERRE est un think tank indépendant basé à Bruxelles. Il mène des activités de recherche et de diffusion à propos de la régulation des industries de réseau et du numérique, en collaboration avec des régulateurs, des entreprises et des universités.
Belga – Photo : Eric Lalmand