A New York, 5 médecins inculpés pour des milliers d’ordonnances d’opiacés bidon
Cinq médecins ont été inculpés jeudi à New York pour avoir rédigé des ordonnances bidon et prescrit indûment des millions de comprimés d’oxycodone, un puissant opiacé qui fait des ravages aux Etats-Unis. Dix personnes au total ont été mises en accusation dans six dossiers différents, qui ont pour point commun de concerner des professionnels de santé soupçonnés d’avoir délivré des ordonnances de complaisance.
La palme revient à Dante Cubangbang, un médecin du Queens qui, avec la complicité de l’infirmier John Gargan, a prescrit pendant six ans, selon l’enquête, plus de six millions de comprimés d’oxycodone à des “individus dont ils savaient qu’ils n’en avaient pas besoin pour des raisons médicales légitimes”, selon le communiqué publié jeudi par les services du procureur fédéral de Manhattan, Geoffrey Berman.
Aucun autre professionnel de santé de New York n’a prescrit, sur la même durée, ne serait-ce que la moitié de ce volume, selon les enquêteurs.
Les deux hommes facturaient chaque visite 300 dollars.
Un autre médecin inculpé jeudi, le Dr Carl Anderson, avait acquis une telle réputation qu’une queue se formait régulièrement à l’extérieur de son cabinet du quartier de Staten Island, en pleine nuit, certains des patients “montrant des signes visibles d’addiction à la drogue”, selon les services du procureur.
Le fait que plusieurs de ces “patients” soient morts d’overdose n’a pas incité le Dr Anderson à modifier ses prescriptions, indique l’acte d’accusation.
L’oxycodone est, au départ, un médicament opiacé antidouleur, dont la puissance équivaut au double de celle de la morphine et qui peut provoquer un effet de dépendance.
Plus de 17.000 personnes sont mortes d’overdoses liées aux opiacés sur ordonnance en 2016, selon les données du Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC).
Depuis plusieurs mois, la justice s’attaque de front au problème des médecins véreux et aux ordonnances de complaisance.
Mi-mars, cinq médecins new-yorkais ayant tous pignon sur rue ont été inculpés pour avoir surprescrit durant des mois un spray de fentanyl, antalgique 50 à 100 fois plus puissant que la morphine, en échange de pots-de-vin du fabriquant.