Le co-Nobel d’économie inquiet de la montée du scepticisme face aux sciences

Le co-lauréat du prix Nobel d’économie, Paul Romer, s’est inquiété lundi de la vague de scepticisme qui touche aujourd’hui les sciences, notamment quant au changement climatique ou aux vaccins, lors de sa première intervention publique depuis l’annonce de son prix. “Vous avez droit à votre propre opinion, mais pas à vos propres faits”, a déclaré M. Romer lors d’une conférence de presse organisée à New York, quelques heures après avoir été désigné prix Nobel d’économie, conjointement avec un autre chercheur américain, William Nordhaus. “Ce qui est un peu troublant, même si je demeure très optimiste sur les possibilités de la technologie, c’est que nous semblons commencer à perdre notre ancrage dans les faits”, a ajouté l’économiste de 62 ans. Il répondait à une question sur le climato-scepticisme, incarné notamment par le président américain Donald Trump, qui a décidé de sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Paul Romer a été récompensé pour ses travaux montrant comment l’innovation et le progrès technique participent de manière importante à la croissance économique. William Nordhaus a lui poursuivi ce travail en s’interrogeant sur les notions de croissance verte et de croissance durable.

M. Romer a pris comme autre exemple le mouvement antivaccination né, a-t-il rappelé, de recherches publiées par le Britannique Andrew Wakefield, dont les conclusions ont été depuis remises en cause par la communauté scientifique. “Nous devons avoir à l’esprit qu’il est incroyablement dangereux et ravageur de ne pas donner d’importance à la fraude académique”, a insisté Paul Romer, qui travaille aujourd’hui sur l’urbanisme et la croissance des villes au sein de l’université de New York (NYU). “Nous devons avoir une tolérance zéro pour ce genre de choses”, a-t-il poursuivi.