“L’addiction aux jeux vidéo n’est pas une maladie” pour Serge Minet, thérapeute
L’addiction aux jeux vidéo bientôt reconnue comme une maladie : c’est une proposition faite par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Une idée qui ne convainc pas tout le monde dans le secteur médical.
“J’ai été étonné que l’OMS psychiatrise un mode de relation et un mode occupationnel au point d’en faire une maladie. L’addiction au jeux vidéo n’est pas une maladie.” Serge Minet, thérapeute n’est pas satisfait de la proposition faite par l’OMS. ” Cette addiction peut être éventuellement une dépendance chez l’adulte et un comportement excessif chez les jeunes, mais pas une maladie” précise le spécialiste.
Pour Serge Minet, les pièges de cette reconnaissance médicale sont que les firmes pharmaceutiques vont développer des médicaments et que les médecins vont donner des antidépresseurs, par exemple, à des adolescents. “Mais l’adolescence est une période, parfois, de dépression mais aussi de construction. Et des outils comme le jeu peuvent aider à cette construction” ajoute Serge Minet.
Ne pas envoyer le jeune en disant : va te faire soigner
Pour Serge Minet, il faut bien sûr s’inquiéter quand le jeune passe 10h par jour derrière un écran. Mais il ne faut pas envoyer ce jeune chez un thérapeute, seul, en disant: va te faire soigner. “Il faut faire la thérapie en famille. Il faut réguler la place que l’écran prend au sein de la famille” ajoute Serge Minet. Pour ce thérapeute, il faut s’inquiéter quand des conflits dans la famille apparaissent et qu’ils viennent exprimer la douleur des parents et du jeune.
“Après quelques mois de thérapie, je peux arriver à réorganiser le temps du jeune et on négocie un contrat” explique le fondateur de la clinique Dostoïevski. Pour le thérapeute, le but n’est pas d’abolir le jeu car il a une fonction sociale qui permet au jeune de se responsabiliser. De plus, l’outil de l’ordinateur permet parfois de diminuer la dépression qui est une pathologie bien qu’il faut rappeler le principe de réalité au jeune conclut Serge Minet.
- Invité dans M, le Mag de la Rédac’ : Serge Minet, thérapeute et fondateur de la clinique du jeu pathologique Dostoïevski à l’Hopital Brugmann