Brésil: le magnat Batista, accusateur de Temer, est en détention provisoire à Brasilia
Le magnat de l’agro-alimentaire Joesley Batista, à l’origine d’un scandale de corruption qui éclabousse le président brésilien Michel Temer, a été transféré lundi vers une prison de Brasilia pour y être placé en détention provisoire. M. Batista, un des propriétaires du géant de la viande JBS, est accusé d’avoir dissimulé à la justice des informations impliquant les plus hautes autorités de l’État.
Il s’était rendu aux autorités dimanche, à Sao Paulo, en compagnie de Ricardo Saud, un ancien cadre de l’entreprise également impliqué dans cette affaire, après qu’un juge de la Cour suprême eut ordonné leur arrestation.
Ils sont arrivés lundi en milieu d’après-midi à l’aéroport de Brasilia en provenance de Sao Paulo.
Joesley Batista a déclenché une crise politique de grande ampleur en enregistrant à son insu le président Temer lors d’une conversation au contenu hautement compromettant.
Dans cet enregistrement rendu public en mai, le chef de l’Etat semble donner son accord à l’achat du silence d’un député aujourd’hui en prison pour son implication dans le méga-scandale de corruption Petrobras.
Lui-même ciblé par plusieurs enquêtes anti-corruption, l’homme d’affaires avait remis l’enregistrement aux autorités dans le cadre d’un accord de collaboration avec la justice grâce auquel il espérait échapper à la prison.
Mais il est accusé d’avoir dissimulé des éléments importants au moment de passer aux aveux, ce qui a motivé l’ordre d’arrestation de la Cour suprême et peut entraîner l’annulation de l’accord de collaboration.
Le contenu explosif des révélations de M. Batista a poussé le procureur général Rodrigo Janot à accuser formellement le président Temer de corruption.
Début août, le chef de l’État avait néanmoins sauvé son mandat haut la main, obtenant une large majorité à la Chambre des députés pour empêcher l’ouverture d’un procès à son encontre, à l’issue de débats houleux.
Mais d’autres éléments des aveux de M. Batista peuvent donner lieu à de nouvelles mises en accusation de la part du procureur Janot. L’enquête contre le président porte notamment sur des faits d’obstruction à la justice.