Naomi Kawase prête à se tourner vers Netflix par souci de liberté

L’une des réalisatrices japonaises les plus encensées à l’étranger, Naomi Kawase, se dit prête à travailler avec Netflix pour se libérer du carcan des sponsors nippons qui étouffent selon elle la créativité du cinéma de son pays. “Si une firme comme Netflix ou toute autre société de production étrangère a des moyens pour travailler avec une réalisatrice qui a acquis une réputation internationale, ce peut être une façon pour moi d’exprimer librement ce que je veux”, a-t-elle lancé. “Je ne rejetterais pas une telle occasion que je vois plutôt comme un défi à relever”.

La cinéaste de 48 ans, habituée du Festival de Cannes qui en fit en 1997 à 27 ans la plus jeune lauréate de la Caméra d’or, se confiait à l’AFP à Tokyo à son retour de la Croisette. Son dernier film, “Vers la lumière” (Hikari), de production franco-japonaise, était en lice pour la Palme d’Or.

La présence en compétition, pour la première fois, de deux films produits par Netflix dont “Okja” du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho avait créé la polémique à Cannes, alors que le géant américain de la vidéo en ligne a refusé de les sortir dans les salles françaises.

C’est en écoutant des propos de Bong Joon-ho, qui s’est publiquement félicité de la liberté donnée par la jeune société américaine partie prenante à son long-métrage présenté au festival, qu’elle est venue à envisager de prendre une voie similaire.

“Il dit que Netflix lui donne tout l’argent dont il a besoin et n’intervient pas”, dit Mme Kawase, connue pour ses images travaillées et son oeuvre personnelle animée par la communion avec la nature et le rapport aux autres. “Il dit que c’est un environnement formidable pour les réalisateurs et je pense qu’il a bien raison”, ajoute-t-elle.

Selon Mme Kawase, les investisseurs japonais ne prennent pas le risque d’investir dans un film basé sur un scénario original dont ils ne peuvent pas prévoir les profits.

En ce sens, les cinéastes ici “ne sont pas vraiment en mesure de créer ce qu’ils veulent vraiment”, d’autant que les sponsors sont, dit-elle, “obnubilés par la notoriété des acteurs: ils ne veulent que ceux qui peuvent rapporter de l’argent”.

“Par conséquent, nous devons chercher des financements étrangers mais alors, ces films peuvent ne pas être couronnés de succès au Japon”, précise-t-elle.

Quelque 610 films ont été produits dans l’archipel l’an passé, dont beaucoup sont basés sur des mangas à succès ou des romans déjà déclinés en dessins animés ou séries TV et qui sont transposés en long-métrage d’animation ou film incarné par des stars du petit et grand écran. Les trois quarts des 40 plus gros succès de 2016 sont des adaptations d’oeuvres existant sur un autre support.

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09 juin 2017 - 15h00