Le Lesotho aux urnes pour un scrutin législatif incertain

Les électeurs du Lesotho votent samedi pour des législatives aux résultats très incertains, qui ne devraient pas permettre à ce petit royaume africain de rompre avec son instabilité politique chronique, nourrie par une armée omniprésente. Ce scrutin, le troisième en cinq ans, a été précipité par la mise en minorité en mars de la coalition de sept partis dirigée par le Premier ministre Pakalitha Mosisili, au pouvoir depuis 2015. Plus d’un million de Lesothans –sur une population de 2 millions– sont appelés aux urnes dans cette monarchie enclavée au milieu des montagnes d’Afrique du Sud, considérée comme l’un des pays les moins développés de la planète. Souvent difficiles d’accès, les bureaux de vote y sont ouverts de 07h00 à 17h00. Les premiers résultats fiables n’y sont pas attendus avant plusieurs jours.
Le scrutin s’oriente vers un duel entre le sortant Mosisili, 72 ans, et l’ex-chef du gouvernement Thomas Thabane, 77 ans, qui avait été contraint de quitter le pays en 2014 après une tentative de coup d’Etat militaire. Même s’il n’a quitté son exil sud-africain qu’il y a trois mois, M. Thabane et son parti, le Congrès des Basotho (ABC), ont réussi à mobiliser les foules, notamment dans Maseru et ses environs où les jeunes électeurs sont nombreux.
“Le vote des villes est largement acquis à l’ABC”, déclare l’analyste Mafa Sejanamane, de l’université du Lesotho. L’influence du Congrès des démocrates (DC) de M. Mosisili dans ses bastions ruraux s’est en même temps “considérablement érodée”, note-t-il. “Il est donc très peu probable que l’un des deux partis réunisse seul une majorité absolue”.
Le Parlement est composé de 120 sièges de députés, 80 élus au suffrage majoritaire, les 40 autres répartis à la proportionnelle. Ce système électoral et la présence sur la ligne de départ d’une ribambelle de petits partis laissent présager d’une nouvelle coalition gouvernementale, synonyme d’instabilité, d’autant plus que le pays se remet difficilement du coup d’Etat manqué de 2014.
Accusé d’avoir alors ordonné l’assaut du quartier général de la police, le chef de l’armée, le général Tlali Kamoli, a été démis de ses fonctions l’an dernier. Mais son influence continue d’alimenter les rumeurs d’intervention militaire, malgré les mises en garde de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) qui a assuré qu’elle ne tolèrerait aucun détournement des résultats du scrutin.

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03 juin 2017 - 07h10