Bertrand Burgalat et ces "choses qu'on ne peut dire à personne"

“Il y a des émotions, des sentiments que je n’ai jamais réussi à dire autrement que par la musique”, confesse le dandy de la pop française Bertrand Burgalat, qui sort vendredi un 7e album très réussi, “Les choses qu’on ne peut dire à personne”. Patron du label Tricatel, inlassable fourmi travaillant à de multiples projets sous différentes casquettes (producteur, arrangeur, compositeur…), vice-président du Snep (le principal syndicat des producteurs), codirecteur de la collection Actes Sud Rocks, auteur d’un livre en 2015, “Diabétiquement vôtre”, sur cette maladie qui l’enquiquine depuis l’enfance… Burgalat n’est pas du genre inactif.

Cinq ans séparent ce nouvel album du précédent. Et comme d’habitude, avec cet artiste élégant sous toutes les coutures, les genres s’embrassent et se mêlent, conférant au projet une dimension musicale inclassable, qui va de la pop à la douce électro, en passant par la bossa nova ou l’easy-listening.

Malgré tout, Bertrand Burgalat ne donne pas l’impression de faire du surplace avec cet opus particulièrement soigné dans sa production et dont la tonalité plutôt énergique tranche avec la mélancolie qui émane de la plupart des textes.

“Sur l’écriture j’ai l’impression d’avoir brisé une barrière, dit-il. C’est un disque qui parle du monde qui nous entoure, ce que j’avais toujours du mal à faire par peur d’être indécent. Ma difficulté, c’est que j’ai tellement peur d’être lourd parfois que je pourrais passer pour quelqu’un de léger…”

“Mais je ne me vois pourtant pas faire des disques qui soient totalement déconnectés du réel, surtout à une époque assez intense actuellement. Ça me semble délicat”, poursuit-il.

Conçu “comme des montagnes russes sonores”, l’album contient 19 pistes sans jamais tomber dans le trop-plein. L’épure est au rendez-vous, la corde est sensible.

Burgalat, qui se produira le 2 juin à La Maroquinerie à Paris, se félicite par ailleurs de la bonne santé retrouvée de Tricatel, son label créé il y a 22 ans. “Après des périodes difficiles, liées à la crise du disque, nous sommes en meilleure forme aujourd’hui qu’au tout début”. “On vit une période où on est déboussolé, mais il y a un désir de construire des choses, c’est passionnant”, conclut-il.