Rodrigo Prieto évoque "Silence" de Scorsese et les scènes érotiques avec "J-Law"

Le directeur de la photographie mexicain Rodrigo Prieto n’a plus grand chose à prouver, après avoir collaboré pendant deux décennies avec les plus grands réalisateurs, d’Oliver Stone à Alejandro Inarritu en passant par Pedro Almodovar et Cameron Crowe. Il n’a toutefois pas encore gagné d’Oscars, les récompenses suprêmes du cinéma américain. Nommé une seule fois pour “Le secret de Brokeback Mountain” d’Ang Lee (2005), il est l’un des favoris du cru 2017 pour son travail dans “Silence”, le nouveau Martin Scorsese. Le Mexicain pourrait ainsi poursuivre la conquête d’Hollywood entamée par son compatriote Emmanuel Lubezki, primé ces trois dernières années pour son travail avec des cinéastes mexicains eux aussi: Inarritu et Alfonso Cuaron.

A 51 ans, Rodrigo Prieto s’est notamment taillé une belle réputation pour son utilisation unique de l’éclairage et des couleurs, mais assure qu’il ne cherche pas à faire d’effets de style et se préoccupe avant tout des besoins du film. “Je ne sais pas si les prix reconnaissent ce genre de choses”, remarque-t-il, minimisant ses chances d’emporter une nouvelle nomination. Depuis sa ville adoptive de Los Angeles, Prieto a contribué à une renaissance du cinéma mexicain aux côtés d’Inarritu dont il a mis en image les débuts: “Amours chiennes”, “21 Grammes”, “Babel” et “Biutiful”.

C’est encore lui qui a dirigé la photographie d'”Argo”, film oscarisé de Ben Affleck, de “La 25ème heure” de Spike Lee ou de “8 Mile” de Curtis Hanson. “Silence” est sa seconde collaboration avec Scorsese, après “Le loup de Wall Street” (2013), l’histoire très sexe, drogue et rock’n’roll de l’escroc financier Jordan Belfort. Méditation sur la loyauté, la foi, le péché et le sacrifice, le film “Silence” est servi par les paysages grandioses des côtes accidentées de Taïwan. Une ambiance à l’exact opposé de celle du “Loup de Wall Street”. Prieto a de nouveau filmé des scènes érotiques dans “Passengers” –les premières pour Jennifer Lawrence– mais avec davantage de pudeur.

“Le plus important, c’est que les acteurs se sentent à l’aise, et je sais que Jennifer était (…) un peu nerveuse”, raconte-t-il. Prieto s’est pris d’amour pour le septième art pendant son enfance à Mexico, où son grand frère et lui tournaient des films de monstres avec la caméra 8mm de leur père, et ont appris la technique d’animation de “stop-motion” en regardant des films fantastiques comme “Jason et les Argonautes”. Après avoir fréquenté une école de cinéma et des débuts au Mexique, il a posé ses valises à Hollywood en 2000.

Lorsqu’on lui demande quel genre de cinéaste il préfère –collaboratif, dictatorial, méticuleux, libertaire…–, il répond aimer la variété. “Ang Lee et Oliver Stone sont deux styles presque exactement opposés et pourtant j’apprécie les deux. Ang est très précis. Oliver aime être étonné”, décrit-il. “Il s’épanouit quand il y a une dose de chaos sur le plateau et il faut toujours être en état d’alerte avec lui. Scorsese est un mélange des deux. Inarritu aussi. Ils sont tous les deux précis mais ils laissent aussi les choses se passer comme elles viennent”, conclut-il.

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26 décembre 2016 - 10h25