Première journée au ton militant à la Fashion Week de New York

Une jeune Indienne de 19 ans défigurée à l’acide a été la reine de la première journée jeudi de la semaine de la mode de New York, au ton résolument militant. Invitée improbable de cette fenêtre glamour qu’est la Fashion Week, Reshma Qureshi a été aspergée d’acide en 2014 par son beau-frère alors qu’elle protégeait sa soeur. L’homme cherchait alors à punir son épouse qui l’avait quitté. Elle a défilé mercredi pour le collectif de jeunes créateurs italiens FTL Moda, qui a régulièrement fait parler de lui ces dernières saisons, davantage pour ses choix de mannequins que pour ses vêtements. Il y a un an, il avait ainsi fait défiler la jeune trisomique australienne Madeline Stuart ainsi qu’une vendeuse de voitures du New Jersey, Rebekah Marine, née avec un seul avant-bras.

Dans une longue robe blanche brodée de motifs colorés dessinant un corps en surimpression, la jeune femme a arpenté l’allée avec naturel, une fois les premières émotions surmontées. Le public, en partie composé de spectateurs d’origine indienne, a bruyamment encouragé Reshma Qureshi, ravie une fois son aller-retour terminé. “Je sens que cela a changé ma vie”, a expliqué à l’AFP, après le défilé, celle qui est devenue l’égérie d’une campagne pour l’interdiction de la vente libre d’acide en Inde. La jeune mannequin espère avoir envoyé un message fort aux autres victimes d’attaque à l’acide.

Les attaques à l’acide, souvent des crimes d’honneur commis au sein d’une même famille pour punir un acte jugé déshonorant, sont répandus en Asie du Sud-Est, en Afrique subsaharienne, dans les Caraïbes et au Moyen-Orient. Cette première journée officielle de la semaine de la mode de New York avait déjà pris un tour résolument militant plus tôt dans la journée avec le défilé de Johny Dar. L’artiste américain a présenté une collection, baptisée “Jeans for Refugees”, de cent jean’s donnés chacun par une célébrité et décorés par lui-même, dont le produit de la vente ira au Comité international de secours (IRC).

Dans l’après-midi, l’espagnol Desigual a apporté une note plus légère. Mélange des motifs, des couleurs et des matières, le couturier n’a pas hésité à se livrer à une foule d’expérimentations avec, en fil conducteur cette année, le thème du voyage. A l’heure de l’androgynie, tendance actuelle chez les femmes et plus encore chez les hommes, Desigual a offert une vision de féminisme revendiqué, voire militant, comme en témoignent les bérets et casquettes militaires portés par beaucoup de mannequins.

Jeudi toujours, la polémique s’est poursuivie autour de Kanye West, qui avait innové lui aussi dès mercredi en organisant son défilé “Yeezy Season 4” en plein air sur une île, entre Manhattan et le Queens. De nombreuses critiques se sont élevées via les réseaux sociaux contre le traitement infligé aux mannequins du défilé, “une séance de torture”, selon la responsable éditoriale du site de mode The Cut, Stella Bugbee. Des dizaines de jeunes femmes ont ainsi dû patienter plusieurs heures debout, sous le soleil, sans bouger, en attendant que le défilé ne démarre. L’une d’elles s’est même effondrée, prise d’un malaise.

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09 septembre 2016 - 08h45