Leonard Cohen fête ses 82 ans avec un nouvel album hanté par la mort

Leonard Cohen a fêté mercredi ses 82 ans en entretenant, avec un nouvel album, son incessante réflexion métaphysique, noyant sa solitude dans des chansons toujours aussi noires. Deux ans après son dernier album et annoncé dans les bacs le 21 octobre, le 14e opus du poète et interprète canadien reste fidèle aux arrangements musicaux minimalistes.
Avec sa voix grave toujours murmurée, Leonard Cohen s’interroge dans “You Want It Darker” sur la nature de l’homme et d’un dieu tout puissant.
L’album ouvre sur ses souvenirs d’enfance dans sa ville natale de Montréal, imprégné des choeurs de la congrégation juive Shaar Hashomayim.
La résonance de la guitare acoustique, accompagnée d’une contrebasse, donne plus de relief à la quête spirituelle d’un Cohen solitaire mais serein face à la vieillesse.
Déjà largement abordé dans “Hallelujah” (1984), l’un de ses plus grand succès, sa relation avec Dieu s’affiche pour cette fois aborder la mort.
“Hineni, hineni / je suis prêt mon Dieu”, chante Cohen de sa voix rauque avec les mots en hébreu signifiant “me voici”.
La mort plane à maintes reprises dans cet album, comme un rappel d’une issue inexorable et sans doute un peu plus manifeste avec le décès en juillet de sa muse Marianne Ihlen, amoureuse devenue célèbre par le titre “So Long Marianne” (1967).
“Je ne veux pas de pardon / Non, non il n’y a personne à blâmer / Je quitte la table / Je suis hors-jeu”, sont quelques unes des paroles plaçant la propre mort du chanteur au fil des morceaux.
Produit par Adam Cohen, son fils musicien, l’album devient plus lyrique sur des airs jazzy pour le titre “Treaty” –pour l’une des deux versions avec un quatuor à cordes–, une métaphore pour une trêve entre deux amoureux.
Avec un héritage et une influence incontestés, Leonard Cohen avait disparu de la scène dans les années 90, préférant se réfugier dans le bouddhisme, devenant même moine en 1996.
Dépouillé par son impresario, Cohen est revenu à la chanson moins d’une décennie plus tard, plus créatif et productif que jamais.
L’artiste vient en effet de signer trois albums en six ans et “You Want It Darker” s’annonce aussi chargé émotionnellement et plus musical que “Popular problems”, sorti pour ses 80 ans en 2014.
Il avait alors jugé qu’à son âge, il était temps d’être moins sage avec sa santé et, sous forme de cabotinage, il avait pris comme résolution de recommencer à fumer.
En forme de clin d’oeil, la pochette de son dernier album montre un Leonard Cohen mal rasé, une cigarette entre les doigts.
“Je pense que je te suivrai bientôt”, avait écrit Leonard Cohen juste après le décès de Marianne Ihlen.