La police marocaine se retire de lieux publics à Al-Hoceïma

Les forces de l’ordre ont entamé un retrait “progressif” de lieux publics symboliques à Al-Hoceïma, un geste apparent d’apaisement après huit mois de contestation populaire contre le pouvoir dans cette région du nord du Maroc. Les policiers déployés depuis des semaines dans le centre des villes d’Al-Hoceïma et d’Imzouren, épicentres du mouvement revendiquant le développement de la région du Rif, ont entamé un retrait progressif lundi, a annoncé le nouveau gouverneur de la province, Fouad Chourak, sur les “directives” du roi Mohammed VI pour “garantir les libertés”. Le nombre de policiers et de gendarmes déployés dans la province pour contenir les manifestations du “hirak” –la mouvance, nom donné localement à la contestation– n’a jamais été divulgué. Mais leur omniprésence dans les lieux publics était dénoncée par les militants comme une nouvelle preuve d’une “militarisation” de la région par le “makhzen” (pouvoir).
Les principaux meneurs de la contestation dans le Rif, dont son leader Nasser Zefzafi, ont été arrêtés fin mai, accusés pour certains de lourdes charges. Mais les manifestations quasi-quotidiennes ont continué depuis, avec des heurts fréquents avec les forces de l’ordre.
Outre un développement de leur région enclavée, les manifestants réclament désormais en priorité la “libération des détenus”.
Une centaine de personnes a été placée en détention préventive. Des condamnations allant jusqu’à 18 mois de prison ont été prononcées contre 40 détenus et 18 autres sont poursuivis en liberté provisoire, selon les derniers chiffres officiels.
Le retrait policier d’Al-Hoceïma intervient au début de la saison touristique, qui voit chaque année des Rifains de la diaspora en Europe revenir en vacances. L’impact de ces retours suscite des craintes, alors que des associations de la diaspora affichent un fort soutien au “hirak”, et que Nasser Zefzafi avait appelé, avant son arrestation, à une grande marche le 20 juillet.
En visite sur place, le ministre du Tourisme a Mohamed Sajid a annoncé une série de “mesures urgentes pour sauver l’actuelle saison estivale”: subventions de lignes aériennes, allègement de taxes aéroportuaires, campagne de promotion…
La presse marocaine a par ailleurs diffusé de premiers extraits d’un rapport -très attendu- du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), un organisme officiel, sur les évènements d’Al-Hoceïma. Ces notes, établies par deux médecins experts et que l’AFP a pu consulter, rapportent des “mauvais traitements” décrits par les prisonniers et concluent à des “suspicions légitimes sur la violation” de leurs droits et un possible recours à “des faits de torture”. Le CNDH a exprimé son “étonnement” sur ces fuites, assurant que ses enquêtes sur Al-Hoceïma n’ont “pas encore abouti”.

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05 juillet 2017 - 01h35