Jay-Jay Johanson toujours mélancolique mais ouvert aux changements du monde musical

Le CD était roi à l’époque où la voix mélancolique de Jay-Jay Johanson commençait à séduire ses fans. Depuis, le chanteur – originaire de Suède, la patrie du streaming musical – a été aux premières loges pour constater les bouleversements du monde de la musique, et il apprécie cette évolution. Jay Jay Johanson, dont les mélodies portées par une voix gracile et envoutante sont aisément reconnaissables, fait maintenant des tournées pour vivre, les ventes d’album n’étant plus ce qu’elles étaient à ses débuts dans les années 1990. “J’aime la façon dont les choses évoluent. Nous vivons un moment passionnant dans l’industrie musicale”, a confié le chanteur à l’AFP à Québec, où il se produit dans le cadre du Festival d’été de Québec.

“J’apprécie que ce soient les gens qui décident et pas les maisons de disque. Les grandes maisons avaient l’habitude de choisir ce que nous étions censés écouter. Ce n’est plus le cas et çà me plait”, souligne Johanson qui sort un album en moyenne un an sur deux. Le changement, il dit l’avoir observé de près à Stockholm, siège de Spotify, leader du domaine en forte croissance de l’industrie du streaming, qui offre à ses abonnés de la musique en continu sur internet.

Alors que les maisons de disques s’installaient dans des locaux luxueux du centre de Stockholm au début de sa carrière, Jay Jay Johanson dit qu’il aurait quasiment du mal aujourd’hui à trouver un endroit où s’acheter un disque dans la capitale suédoise. S’il préfère personnellement avoir en main le produit physique avec les possibilités qu’il offre en matière de design, le chanteur dit respecter non seulement le streaming mais aussi les téléchargements illégaux.

Il n’a pas oublié son premier spectacle au Mexique, où il partageait la vedette avec la chanteuse islandaise Bjork et le groupe électronique français Daft Punk. Le chanteur s’étonnait d’être en telle compagnie alors qu’il n’avait pas vendu plus de 500 CD au Mexique. Mais, une fois sur scène, il s’est rendu compte que 25.000 personnes connaissaient les paroles de ses chansons, “tout cela grâce à la diffusion illégale de la musique”, raconte-t-il. “Et j’ai réalisé que l’on ne peut rien y changer. C’est ce qui arrive et c’est fantastique. Je ne vais pas me plaindre de cette pratique car je lui dois beaucoup”, dit-il en ajoutant qu’on ne “peut pas lutter contre l’anarchie de la jeunesse”.

Jay Jay Johanson chante exclusivement en anglais, ce qui ne l’empêche pas d’être apprécié en France, où son album de 1996, “Whiskey,” avait rencontré un grand succès. Déjà à cette époque, il y a vingt ans, le chanteur évoquait la venue de l’âge. Dans “I’m Older Now,” (j’ai vieilli), il chante la jeunesse qui s’éloigne et avec elle l’intérêt que lui portent les femmes. Aujourd’hui, à 46 ans, Johanson est marié et père d’un enfant de 9 ans. Mais il n’a pas abandonné les thèmes de ses jeunes années. Il dit se sentir fondamentalement “plus sûr de lui” tout en continuant à comprendre le “gars inquiet et à la recherche de quelque chose” qu’il était avant. “La solitude que j’évoquais dans mes trois ou quatre premiers albums était celle d’une personne très seule. La solitude dont je parle dans les albums suivants, c’est d’être éloigné des gens que j’aime”, explique-t-il.

Johanson met la dernière main à un 11ème album qu’il espère pouvoir sortir au début de l’an prochain. Cet opus qui n’a pas encore de nom devrait être son premier double-album, avec 16 titres, et le principal instrument sera le piano. “Je pense que les gens me reconnaitront, mais l’accent sera davantage sur le piano qu’avant”, dit-il. Il continue à y travailler sur la route. “Je n’écris que lorsque je suis seul”, confie-t-il, ajoutant avec un sourire: “il y a encore beaucoup à écrire sur la solitude et la mélancolie”.

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11 juillet 2016 - 13h35