Italie: des centaines de personnes assistent aux funérailles d'un Nigérian battu à mort

Des centaines de personnes ont assisté dimanche aux funérailles d’un réfugié nigérian qui avait été battu à mort par un supporteur de foot d’extrême droite à Fermo dans le centre de l’Italie, une agression qui a suscité des interrogations sur la manière de gérer le racisme dans ce pays. “Il est venu pour vivre en paix, il a trouvé la mort” pouvait-on lire dans l’un des nombreux messages déposés parmi les fleurs sur la tombe d’Emmanuel Chidi Namdi, auprès de laquelle était assise sa veuve, toute de blanc vêtue, dans la cathédrale de Fermo.
Nnamdi, âgé de 36 ans, est mort à l’hôpital après avoir été frappé à la tête mardi par Amedeo Manini, qui l’avait pris à partie, traitant sa femme Chinyere de “singe africain”.
L’agresseur, qui a été arrêté, a reconnu avoir insulté la jeune femme mais a prétendu qu’il pensait que le couple s’apprêtait à voler une voiture et qu’il n’avait agressé Nnamdi qu’après que celui-ci l’eut frappé en premier au moyen d’un panneau de signalisation.
Il a de même nié toute connotation raciste au terme de “singe” qu’il avait utilisé, arguant qu’il était communément employé dans les stades de football.
Cette agression mortelle a non seulement suscité un vif émoi mais aussi un questionnement sur la manière de traiter la xénophobie dans un pays où certains hommes politiques d’extrême droite n’hésitent pas à donner libre cours à leur racisme à l’égard de personnes de couleur.
En juillet 2013, Roberto Calderoli, sénateur de la Ligue du Nord (proche du Front national français), avait fait scandale en comparant Cécile Kyenge, alors ministre de l’Intégration en Italie, à un orang-outang.
En dépit de l’indignation suscitée par cette insulte, le Sénat italien a bloqué les poursuites contre l’homme politique.
La ministre des Relations avec le Parlement, Maria Elena Boschi, et le président de la chambre basse du Parlement, Laura Boldrini, étaient présentes aux funérailles.
Emmanuel Chidi et sa compagne de 24 ans se trouvaient à Fermo depuis huit mois, accueillis dans un centre de réfugiés de la Caritas, ONG catholique. Ils avaient fui le Nigéria après une attaque du groupe islamiste Boko Haram contre une église, lors de laquelle leur fils de deux ans et d’autres membres de leur famille avaient été tués.
La compagne de Chidi avait également perdu le bébé qu’elle portait juste après une difficile traversée de la Méditerranée.

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10 juillet 2016 - 20h45