Grèce: usage de gaz irritants lors d'une manifestation de retraités

La police grecque a fait usage lundi de gaz irritants pour repousser des retraités manifestant contre les coupes dans leurs pensions, suscitant un mea culpa du gouvernement qui a annoncé l’interdiction de l’usage de gaz lacrymogènes contre “travailleurs et retraités”. La tension entre manifestants et policiers est montée quand le cortège, fort de quelques milliers de personnes répondant à l’appel de l’opposition communiste, a approché le palais gouvernemental, dont l’accès avait été barré par la police antiémeute, a constaté l’AFP. Un groupe de retraités a tenté de forcer le cordon, tandis que d’autres tentaient de renverser un car de police barrant la route. La police a fait un usage limité de gaz irritants, mais les manifestants sont d’abord revenus à la charge avant finalement de se disperser.

Dans une réaction très rapide, le ministre de la Protection du citoyen a affirmé “assumer la responsabilité politique” de l’usage de gaz irritants, et annoncé interdire désormais “tout usage de gaz lacrymogènes lors de manifestations de retraités et travailleurs”. Le parti de gauche radicale Syriza du Premier ministre grec Alexis Tsipras pourfendait régulièrement quand il était dans l’opposition l’usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants. Cette mesure policière s’était généralisée au point d’asphyxier des quartiers entiers lors des grands rassemblements anti-austérité organisés en Grèce au début de la décennie contre la mise sous tutelle du pays hyper-endetté par ses créanciers UE et FMI.

Aux cris notamment de “Nous ne pouvons pas vivre avec 400 euros” et “Que la ploutocratie paie la crise”, les retraités manifestaient contre la quinzaine de rabotages successifs imposés depuis aux pensions, le dernier en date au printemps via l’adoption d’une vaste réforme du système des retraites réclamée au pays par ses créanciers. En fonction de leur montant, le niveau des pensions a ainsi été réduit de 25% à 55%, selon la principale caisse du pays, Ika.

Six retraités grecs sur 10 vivent avec des pensions inférieures à 700 euros par mois, a estimé la semaine dernière une de leurs associations, le Réseau unitaire des retraités, alors que des familles entières dépendent désormais de ces revenus, dans un pays où le chômage, peu voire pas indemnisé, dans le cas des auto-entrepreneurs, touche un quart de la population active.

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03 octobre 2016 - 15h05