Fashion Week de Paris: Balenciaga fétichiste, Givenchy minéral

Balenciaga a exploré les liens entre fétichisme et couture, dimanche au sixième jour des défilés printemps-été 2017 de la Fashion Week parisienne, également marquée par l’inspiration minérale de Givenchy et la collection de Céline tout en contrastes. Pour sa deuxième collection féminine chez Balenciaga, le créateur géorgien Demna Gvasalia a voulu explorer “la relation intime qui lie la haute couture au fétichisme”. Les femmes sont gainées des pieds à la taille dans des collants en élasthanne intégrant des escarpins à talons aiguille. Ici, on bouscule le bon goût: les couleurs – rose, violet, rouge vif – et les imprimés à grosses fleurs oranges ne craignent pas le kitsch. Outre le spandex, tissu étirable inventé en 1958, le créateur utilise aussi du latex pour des capes dont les capuches se nouent sous le visage.

Demna Gvasalia, également à la tête du label Vetements, continue à revisiter les proportions de la veste de costume masculin et du trench: les épaules sont résolument larges mais la silhouette de profil singulièrement fine. Pour aller avec une telle carrure, les bottes ont les bouts et les talons carrés. L’humour est présent dans cette collection, avec des doudounes sans manches aux airs de bouées, dotées d’embouts de gonflage. Chris Isaak, Whitney Houston et George Michael composent la bande son années 80-90 de ce show, organisé dans un hangar d’un centre d’exposition du nord de Paris.

Chez Givenchy, la collection de Riccardo Tisci est aux couleurs de l’agate, pierre fine dont les formes concentriques s’impriment sur des robes soyeuses. La pierre se porte aussi autour du cou, volumineuse, au bout d’une chaîne imposante. Les années 1970 sont présentes dans cette collection à la palette chaude – bordeaux, orange, fuchsia, tabac -, avec des cols pelles à tarte, des pantalons pattes d’eph, des vestes ajustées. Les robes, faites de superpositions, épousent le corps, et se portent avec chaussettes et escarpins à lacets, ouverts à l’arrière. Kim Kardashian, déjà présente au défilé Balenciaga, était aussi au premier rang du show Givenchy qui se tenait en plein air, au Jardin des Plantes. Vêtue d’une nuisette blanche, elle faisait peu de cas de la fraîcheur de la soirée, tandis que les invités s’emmitouflaient dans les couvertures de survie mises à leur disposition.

Chez Céline, la créatrice britannique Phoebe Philo voit grand pour la veste de tailleur, dans une collection mêlant masculin et féminin. Le costume d’homme a des manches longues mais un pantalon qui s’arrête à mi-mollet, d’où s’échappe un tissu léger, flottant comme un foulard sur la cheville. La collection, d’une grande diversité, célèbre le corps féminin: des robes blanches reprennent les “anthropométries de l’époque bleue” d’Yves Klein, réalisées à partir d’empreintes de corps de femmes enduits de peinture. Sur d’autres robes, la poitrine est mise en valeur par des bustiers de dentelle, noirs ou blancs comme deux toiles d’araignée sur chaque sein.

Chez Valentino, l’Italien Pierpaolo Piccioli a présenté sa première collection en tant qu’unique directeur artistique, après le départ chez Dior de Maria Grazia Chiuri, avec qui il formait un duo à la tête de la maison depuis huit ans. Les silhouettes, longues, ont toujours la même élégance raffinée, dans ce vestiaire où le rose s’allie avec le rouge Valentino.

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03 octobre 2016 - 10h50