Etat d'urgence: Amnesty s'inquiète du retour de "méthodes brutales" en Tunisie

Amnesty International s’inquiète d’une recrudescence “importante” de “méthodes brutales du passé” en Tunisie dans le cadre de la lutte antiterroriste, à la faveur notamment de l’état d’urgence, selon un rapport publié lundi. L’unique pays rescapé du Printemps arabe a connu à partir de mars 2015 une série d’attaques djihadistes sanglantes qui ont fait plusieurs dizaines de morts. En réaction, les autorités ont pris un ensemble de mesures sécuritaires dont l’état d’urgence, en vigueur depuis l’attentat contre un bus de la garde présidentielle en novembre 2015 à Tunis (12 agents tués).
En “recourant de plus en plus aux lois d’exception” et aux “méthodes brutales du passé”, la Tunisie met “en péril les avancées obtenues” depuis la révolution de 2011, prévient Amnesty International dans un rapport sur les “violations des droits humains sous l’état d’urgence”. “Torture”, “arrestations arbitraires”, “perquisitions” parfois menées en pleine nuit et “sans mandat”, “restriction des déplacements des suspects”, “harcèlement de proches”: l’ONG fait état de “récits glaçants” qui, selon elle, marquent une “hausse inquiétante du recours à des méthodes répressives contre les suspects dans les affaires de terrorisme”. Ces témoignages constituent un “sinistre rappel du régime” de Zine el Abidine Ben Ali, poursuit Amnesty.
Elle précise avoir étudié “23 cas de torture et mauvais traitements depuis janvier 2015”, dont un “viol” présumé. Elle relève aussi que “des milliers de personnes ont été arrêtées” tandis qu'”au moins 5.000″ autres “se sont vu interdire de voyager” depuis que l’état d’urgence a été réinstauré.
L’état d’urgence, prolongé le 17 janvier pour un mois, octroie notamment des pouvoirs d’exception aux forces de l’ordre.
Au terme d’une mission ce mois en Tunisie, le rapporteur de l’ONU sur les droits de l’Homme et la lutte antiterroriste, Ben Emmerson, s’est dit “préoccupé” par les conditions de détention. Il a également indiqué avoir recommandé une plus grande “vigilance” vis-à-vis de possibles cas “de torture”.

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13 février 2017 - 01h55