Agnès b., 40 ans de création d'une styliste engagée et "franc-tireur"

“Je n’aime pas la mode, j’aime le vêtement”: depuis quatre décennies, la styliste Agnès b., qui présente mardi son défilé à Paris, a tracé sa voie singulière, préférant à la publicité un engagement en faveur des arts. Sa signature tracée d’une écriture penchée, ses cardigans à boutons pression et t-shirts rayés ont fait sa popularité. Quarante ans après l’ouverture de sa première boutique rue du Jour, dans le quartier parisien des Halles, elle a réédité des pièces des débuts, comme des jupons colorés.

“Je les avais faits à l’ouverture de la boutique, teints dans ma baignoire, ils n’étaient même pas secs parfois!”, raconte à l’AFP la créatrice de 74 ans, de son vrai nom Agnès Troublé, dans son bureau lumineux.

“Je dis souvent que je n’aime pas la mode, mais j’aime le style, j’aime le vêtement, celui qu’on peut garder et remettre 10 ans, 20 ans après”, décrit-elle, vêtue d’une jupe longue en crêpe Georgette sur laquelle est imprimée une photo de paysage islandais.

“J’ai toujours voulu faire des vêtements bien pensés, faits pour la vie moderne, dans lesquels on peut avoir confiance”, explique-t-elle en fumant une cigarette, une fleur dans ses cheveux blonds.

Pour les 40 ans de l’ouverture de sa première boutique sont prévues des expositions, notamment des t-shirts d’artistes édités par cette découvreuse de talents. Un livre doit aussi sortir en septembre.

Quant aux débats qui agitent le monde de la mode sur le calendrier des collections, ils ne la concernent pas: “On ne fait pas des vêtements qui se démodent au bout de deux mois, on n’est pas dans la même problématique”, tranche-t-elle: “Je suis différente, un peu franc-tireur”.

Elle a beau avoir eu une fille avec un publicitaire, Philippe Michel, elle se targue de n’avoir jamais fait de publicité pour sa marque. “Je déteste la pub! C’est de la manipulation”, clame Agnès b., marquée par les slogans soixante-huitards.

La guerre d’Algérie fait naître très tôt sa conscience politique.

A seulement 17 ans, elle se marie avec l’éditeur Christian Bourgois, dont l’initiale du nom de famille devient sa signature de styliste.

“On était dans les manifs tout le temps”, se rappelle-t-elle. Aujourd’hui encore cette fervente catholique, également soucieuse d’écologie, ne manque pas de sujets d’indignation: le vote Front National (extrême droite), l’évasion fiscale, le sort des réfugiés. Elle a récemment signé une tribune avec d’autres personnalités contre le démantèlement du camp de “La Jungle” à Calais (nord).

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07 mars 2016 - 14h40