Colère des agriculteurs : un manifestant condamné pour avoir tenté de forcer un barrage policier

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné mardi un agriculteur de 27 ans à 10 mois de prison avec sursis pour avoir tenté de forcer un barrage policier avec son tracteur lors d’une manifestation le 26 février dernier.

Le tribunal l’a reconnu coupable de rébellion armée et de diffamation. Il était également poursuivi pour traitement dégradant, mais cette prévention n’a pas été retenue. Alors que la police affirmait avoir été aspergée de fumier, l’agriculteur affirmait qu’il s’agissait seulement d’eau.

Près d’un millier de tracteurs ont gagné la capitale le 26 février, un peu plus de trois semaines après un premier rendez-vous, en marge d’un conseil des ministres de l’Agriculture des 27 États membres. Certains agriculteurs ont tenté de forcer des barrages policiers avec leur tracteur. Au terme de la journée de manifestation, trois policiers avaient été blessés.

Selon le parquet, l’agriculteur condamné ce mardi, fait partie de ceux qui ont forcé un barrage. Il aurait en outre aspergé les forces de l’ordre de fumier. Il a pu être identifié grâce à la base d’images des caméras de surveillance.

Le prévenu de son côté a relativisé et démenti partiellement les faits qui lui étaient reprochés. “J’ai suivi d’autres tracteurs et j’ai aspergé les policiers, pour qu’ils s’écartent du chemin. Il n’y avait que de l’eau dans ma charrette. Le fumier est bien trop cher pour que nous l’utilisions à cet effet.” L’homme a affirmé avoir rempli sa charrette d’eau afin de pouvoir éteindre les éventuels feux, qui avaient en effet été allumés en nombre lors de la manifestation précédente, le 1er février.

Rébellion armée et diffamation

La défense a dès lors demandé l’acquittement pour diffamation et traitement dégradant. Son avocate, Me Luna Onzia a relevé qu’à “aucun moment il n’y avait eu d’analyse pour déterminer le liquide qui avait été pulvérisé“. “La charrette n’a jamais été analysée non plus“, a-t-elle indiqué au tribunal.

La rébellion armée est reconnue. “Une limite a effectivement été franchie, mais le contexte est important“, a plaidé Me Onzia. “L’ambiance était tendue car la police avait d’abord promis aux manifestants qu’ils pourraient avancer plus loin”, avant de revenir sur ses paroles. “Une suspension du prononcé devrait suffire“, a estimé l’avocate.

“Nous voulions nous faire entendre, et ce n’était pas possible de le faire à un carrefour situé à deux kilomètres du bâtiment où se trouvaient les décideurs“, a appuyé le prévenu.

Le tribunal a estimé qu’il n’était en effet pas question de traitement dégradant, mais a reconnu les préventions de diffamation et de rébellion armée avérées. Le vingtenaire a été condamné à dix mois de prison avec sursis.

Belga – Photo : Belga

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19 juin 2024 - 06h58
Modifié le 19 juin 2024 - 06h58