Terre Urbaine: Je t’a(b)ime

Dans 80% des cas, les victimes de viol connaissent leur agresseur. C’est un ami, un proche, ou même son propre conjoint. Une femme sur quatre s’est déjà fait imposer des relations sexuelles par son propre partenaire. Dans une société où l’objectivation sexuelle des corps et où la culture du viol sont aussi prégnants, les victimes n’ont pas fini de ressentir les effets de leur agression une fois l’acte terminé. Au traumatisme s’ajoutent la honte, et la culpabilité. Cette petite voix qui dit : “tu l’as peut-être un peu cherché”. Pour ce qui est de porter plainte et de suivre des examens médicaux permettant de “prouver” l’agression, c’est un véritable parcours du combattant … Camille Tang Quynh et Camille Dequeker ont rencontré des victimes de violences sexuelles, ainsi que l’équipe du projet 320 rue Haute : un nouveau centre d’accueil et d’accompagnement des victimes de viol à Bruxelles. 

Après un viol, nombreuses sont les victimes qui hésitent à porter plainte. Le faire est rarement un soulagement. Nombreux sont les témoignages de victimes qui se sont retrouvées en face d’un agent de police apathique ou condescendant. Bien souvent, la déposition tombe dans l’oubli et l’agresseur n’est pas inquiété. C’est peut-être pour cela que seulement 16% des victimes portent plainte.

À Bruxelles, après deux mois de travaux, un projet pilote est désormais sur pied pour venir en aide aux victimes de violences sexuelles et leur éviter le véritable parcours du combattant qui les attendrait en temps normal. Examens gynécologiques bâclés, absence de prise en charge psychologique … Au 320 rue Haute, la volonté est au contraire d’accueillir les victimes dans un lieu chaleureux qui ne ressemble pas à un hôpital et de leur fournir un véritable suivi spécialisé, au cas par cas. Une équipe d’infirmières et de psychologues ont suivi une formation spéciale pour écouter et aider au mieux les victimes de viol. Le centre est ouvert 7j/7, 24h/24.

Dans ce numéro de Terre Urbaine, plusieurs victimes s’expriment pour faire part de leur expérience. Aucune d’entre elles n’a obtenu gain de cause, malgré les plaintes déposées et des preuves médico-légales.

  • Un documentaire de Camille Tang Quynh et Camille Dequeker