Bpost : de plus en plus de colis envoyés et de plus en plus de pression pour le personnel
Pour commander un tapis de yoga, acheter le moule à gâteau manquant ou envoyer une lettre aux grands-parents isolés, de nombreux Bruxellois font appel à la poste en ces temps de confinement. Le volume de colis traité par les équipes explose, augmentant ainsi stress et pression sur l’organisation et les travailleurs. Jusqu’ici, tous les services de Bpost, à l’exception de certains envois internationaux, sont assurés. Mais jusqu’à quand ?
Alors que de nombreuses entreprises bruxelloises tournent au ralenti, chez Bpost depuis plusieurs semaines, on accélère le tempo.
Il faut dire qu’avec le confinement et l’augmentation des achats en ligne, il faut pouvoir tenir la cadence. Ce sont plus de 400 000 colis qui sont ainsi traités et distribués chaque jour. Du jamais vu en cette période de l’année. “On constate une diminution du courrier traditionnel notamment parce qu’il y a moins de courrier administratif. Par contre du côté des paquets, c’est un vrai boom”, explique Delphine Van Bladel, porte-parole de Bpost.
400 000 colis, c’est d’habitude ce qui est traité par les services de Bpost lors de la période des fêtes. Sauf qu’en ces temps d’épidémie de coronavirus, l’entreprise doit assurer cette charge de travail, tout en faisant face à un absentéisme important. Entre les maladies et les quarantaines pour symptômes de coronavirus, Pierre Van Brussel, secrétaire de l’interrégionale bruxelloise de la CGSP-Poste estime que le taux d’absentéisme atteint les 10, voire les 15%. “J’espère que les capacités de tri et de distribution vont tenir, parce que si cela continue encore longtemps, ça pourrait devenir problématique”, s’inquiète-t-il.
Des colis en augmentation, du stress aussi
Du côté de Bpost, on assure que tout est sous contrôle. Il a fallu s’adapter bien sûr, mais tous les services sont assurés. Les bureaux de poste sont ouverts la semaine, le courrier est distribué quotidiennement, seuls les envois de colis hors Europe sont pour l’instant suspendus en raison de la diminution du nombre et de la capacité des vols internationaux disponibles.
Des mesures ont été prises pour protéger autant que possible clients et travailleurs de Bpost : la livraison sans contact, la pose de vitre en plexiglas dans les bureaux de poste ou la distribution de gel hydroalcoolique par exemple. Du côté de la CGSP, on salue ces mesures, mais on s’inquiète de leurs conséquences si la situation devait s’éterniser. “Avec toutes les mesures à respecter, les conditions de travail ont changé. Cela ajoute forcément du stress et de la tension. Il ne faut pas oublier qu’avant que votre paquet arrive, il est passé entre de nombreuses mains. S’il y a un problème à un endroit de la chaîne, cela peut se répercuter ailleurs”, explique Pierre Van Brussel.
Des clients agressifs
Dans certains bureaux de poste bruxellois, les guichetiers ont dû faire face à l’agressivité de clients. “On fait respecter au maximum les distanciations sociales dans les bureaux, cela veut dire que des gens doivent attendre à l’extérieur parfois, attendre plus longtemps que d’habitude, et ils s’en prennent au personnel”, déplore le secrétaire de l’interrégionale bruxelloise de la CGSP-Poste. Selon lui, la violence verbale envers les travailleurs de la poste est en augmentation, même si cela reste des comportements minoritaires. Du côté de Bpost, on se dit conscient de cette regrettable réalité. Le respect et la bienveillance envers les travailleurs doivent être les maîtres-mots, insiste Delphine Van Bladel.
Jusqu’ici, aucun incident grave n’a été signalé à Bruxelles, mais du personnel de sécurité a été déployé dans certains bureaux de poste lorsque cela s’avérait nécessaire.
Vers une situation à la française ?
En France, La Poste est à bout de souffle. Les syndicats dénoncent des lacunes sur le plan sanitaire et le manque d’effectif a même poussé l’entreprise à ne plus distribuer le courrier certains jours. Débordée, la Poste a d’ailleurs demandé à ses clients de concentrer leurs commandes et leurs envois sur ce qui leur est strictement nécessaire. En Belgique, nous n’en sommes manifestement pas là. La situation est évaluée au jour le jour et tout est mis en place pour que Bpost ne soit pas dépassée. “On sera là le temps qu’il faudra parce qu’on est conscient de l’importance de notre rôle en cette période”, assure Delphine Ban Bladel. L’inquiétude semble plus présente du côté syndical, même si l’on reconnaît que pour l’instant, tout se passe pour le mieux au vu des circonstances.
Pour Pierre Van Brussel, les clients sont aussi un rôle à jouer. Il invite d’ailleurs les citoyens à agir en client raisonnable et responsable en ne commandant pas à tout-va.
Emilie Eickhoff – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck