Procès de l’attentat du Musée juif : la défense de Nemmouche accuse des manipulations, les enquêteurs répliquent
Le procès de Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, accusés d’être auteur et co-auteur de la fusillade qui a causé la mort de quatre personnes au Musée juif de Belgique le 24 mai 2014, a repris ce mardi avec la suite de l’audition des enquêteurs et juges d’instruction français et belges.
Les enquêteurs et les deux magistrats instructeurs ont été entendus depuis lundi dernier et fait été, pendant six jours, devant la cour d’assises de Bruxelles, de toutes les phases de l’enquête sur l’attentat au Musée juif de Belgique dont sont accusés Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer. Cette fois, c’était au tour des jurés, des parties civiles, des procureurs fédéraux et de la défense des accusés d’interroger ces enquêteurs et magistrats.
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Tensions entre le parquet et la défense de Mehdi Nemmouche
Durant cette audience, les jurés ont demandé de nombreuses précisions techniques alors que le procureur fédéral Yves Moreau a demandé à revoir les images de l’intervention des douaniers qui ont interpellé Mehdi Nemmouche à Marseille le 30 mai 2014. Il visait ainsi à démonter l’hypothèse d’une arrestation “préparée”, qui pourrait, selon lui, être soutenue par la défense de l’accusé. Cette première anticipation a fait monter la tension entre les deux parties.
“On a entendu qu’il y avait un complot, que Mehdi Nemmouche aurait été ‘livré'” à la police à Marseille, a affirmé le procureur, qui “craint” que cette thèse soit défendue par les avocats de l’accusé. Ces mots n’ont cependant pas été prononcés devant la cour, a corrigé la présidente Laurence Massart. Le ministère public tenait en tout cas à souligner que les douaniers qui ont procédé à l’interpellation arrivaient lentement vers le bus où se trouvait Mehdi Nemmouche et que la scène n’évoquait pas une “souricière”. “Nous avons fait appel aux militaires mobilisés dans le cadre de l’opération ‘vigipirate’ une fois les armes sécurisées”, a rappelé l’un des douaniers, qui a démenti toute préparation. “Il serait inconscient d’interpeller une personne lourdement armée dans un bus”, a-t-il ajouté.
L’anticipation du procureur Moreau a fortement déplu à Me Courtoy, l’avocat de Mehdi Nemmouche. “Il est complètement fou”, a-t-on clairement pu lire sur ses lèvres alors qu’il s’adressait à son collègue Me Laquay. L’avocat s’est également agité lorsque le représentant du ministère public lui a prêté l’intention de développer un argumentaire quant au fonctionnement du réseau wifi du Musée juif et quand il a fait constater à la cour que des enfants étaient présents sur les lieux des faits quelques heures avant l’attaque. Soit une remarque relevant d’un commentaire, alors que les parties sont actuellement censées s’en tenir à des questions.
Mehdi Nemmouche se tait toujours
Les procureurs ont ainsi également fait confirmer aux juges d’instruction que les avocats de Mehdi Nemmouche n’avaient demandé aucun devoir d’enquête complémentaire concernant l’habitation de la rue des Chandeliers. “Aucune demande n’a été faite concernant cet appartement de la rue des Chandeliers par la défense de monsieur Nemmouche durant l’enquête, pas même pour le wifi de cet appartement”, a confirmé la juge d’instruction Berta Bernardo Mendez aux procureurs. Au début du procès, les avocats de Mehdi Nemmouche avaient demandé que la cour et toutes les parties effectuent une descente vers une habitation de la rue des Chandeliers à Bruxelles, en raison du fait qu’elle avait été louée sous une fausse identité quelques semaines avant l’attentat au Musée juif, situé non loin. Les avocats de Mehdi Nemmouche avaient également sollicité que les enquêteurs vérifient si le réseau Wifi du Musée juif pouvait être capté depuis ce logement.
À la suite d’une question du procureur sur la “navigation privée” utilisée par Mehdi Nemmouche pour surfer sur internet, la présidente a suscité une réaction de l’accusé. Celui-ci a une nouvelle fois indiqué qu’il ne s’exprimerait qu’une fois que son avocat aura eu l’occasion de développer certains éléments. Il a aussi assuré à la présidente qu’elle n’avait pas à s’inquiéter pour le timing du procès.
Nemmouche connaissait les surnoms des kamikazes de l’attentat de Bruxelles
La juge d’instruction Berta Bernardo Mendez a confirmé que des policiers avaient surpris une conversation entre Mehdi Nemmouche et Salah Abdeslam à la prison de Bruges le 22 mars 2016. Mehdi Nemmouche commentait à l’attention de Salah Abdeslam ce qu’il était en train de voir à la télévision concernant les attentats de Bruxelles, en citant les surnoms des kamikazes et des suspects.
La juge d’instruction a confirmé cette information, en réponse à une question de Me Michèle Hirsch, conseil du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB). “Si je résume, les enquêteurs en charge du dossier des attentats de Paris se trouvent dans le quartier de haute sécurité de la prison de Bruges pour y interroger Salah Abdeslam. Les détenus peuvent parler d’une cellule à l’autre et les enquêteurs entendent une conversation entre Mehdi Nemmouche et Salah Abdeslam. Mehdi Nemmouche relate ce qu’il est en train de voir à la télévision et transmet les informations du journal télévisé. Il dit: Brahim et Sofian de Schaerbeek sont morts à l’aéroport. Ils cherchent l’homme au chapeau. La troisième bombe a été retrouvée intacte à l’aéroport”, a relaté la juge.
“Mehdi Nemmouche est en effet capable de donner les surnoms. Je confirme que Sofiane de Schaerbeek est le surnom de Najim Laachraoui et que ce nom ne figurait pas encore dans la presse”, a-t-elle précisé. Les noms de Mehdi Nemmouche et Najim Laachraoui sont liés depuis leur passage en Syrie, où ils seront ensemble geôliers de journalistes français pris en otage, selon les témoignages de ces derniers. Ils seront par la suite à nouveau réunis au sein de l’Amn al-Kharji, l’une des divisions des services secrets de l’Etat islamique qui aura pour mission de planifier des attaques en Europe. Un groupe au sein duquel ils ont également cotoyé Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats de Paris en novembre 2015 et aussi impliqué dans l’attaque déjouée à Verviers début 2015.
Dans une conversation préalable, en juillet 2014, également à la prison de Bruges, Mehdi Nemmouche avait affirmé à un autre détenu que “tant que (les enquêteurs) ne démantèleraient pas la filière, tout irait bien”, a relaté la juge d’instruction. Le rapport reprenant ces propos résultait d’une demande de la justice française.
Le cas des lunettes
La défense a ensuite pu poser ses questions aux enquêteurs et juges d’instruction. Me Courtoy, conseil de Mehdi Nemmouche, a réitéré son argumentaire sur un “trucage” des images de vidéo-surveillance du Musée juif de Belgique. Il affirme que des lunettes sont visibles sur le visage du tueur au début de la scène, avant de “disparaître” à un moment. Un argument peu évident qui suscite la perplexité des parties.
Me Courtoy, qui a reçu à son tour la parole pour interroger les juges d’instruction et enquêteurs, estime que les lunettes sont bien visibles et que cela serait clair pour tout le monde si les images étaient visionnées sur un “petit écran”. “Je pourrais alors me rassoir”, a-t-il ajouté, pour souligner que cet élément prouverait l’innocence de son client. Les images sont “manipulées”, a martelé l’avocat. “C’est grave de dire que les policiers font des faux, il faut des éléments”, a souligné de son côté la présidente de la cour. “Ce qui est grave, c’est ce que je dois constater. Je suis responsable de la vie d’un homme”, a répondu Me Courtoy.
L’enquêteur en charge des images a, lui, une nouvelle fois confirmé qu’elles étaient scrupuleusement identiques aux originales, sans modification. “Plus la résolution est mauvaise, plus votre cerveau fait des suppositions”, a-t-il commenté. L’avocat de Mehdi Nemmouche avait soulevé ce “problème” dès la première chambre du conseil, a-t-il encore dit. La juge d’instruction a confirmé cette affirmation et précisé qu’elle avait dès lors demandé une expertise supplémentaire pour y répondre. “Normalement on ne fait pas ça, normalement on croit les (enquêteurs) qui déposent sous serment”, a-t-elle taclé.
Face à l’étonnement de la présidente quant à son absence de demande de récusation des enquêteurs ou de la juge d’instruction s’il les jugeait partiaux, Me Courtoy a répondu que “la seule chose qui peut (le) sauver, c’est un jury populaire”.
■ Duplex de Camille Tang Quynh et Thierry Dubocquet.
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19h35 – Fin de l’audience
La plupart des enquêteurs ne vont pas être interrogés par la défense de Nacer Bendrer. La présidente de la cour d’assises leur demande, un à un, s’ils persistent dans leurs déclarations et s’ils ont pris des notes. Si oui, celles-ci seront ajoutées au dossier. Pendant ce temps, Mehdi Nemmouche discute longuement avec Me Courtoy. Ils ne semblent pas sourire.
L’audience peut ainsi se terminer là-dessus, après près de 9h00 d’auditions et de questions. Le procès reprendra ce mercredi dès 10h00 avec les questions de la défense de Nacer Bendrer aux juges d’instruction et à certains enquêteurs (cela devrait durer 1h) , et les auditions des médecins légistes et experts.
19h18 – Dernières questions
Me Courtoy termine ses questions. Il reparle de ce supposé accord qui aurait été scellé entre Nacer Bendrer et la justice française pour “faire tomber” Mehdi Nemmouche. La juge d’instruction réplique en lui disant de lire le mandat d’arrêt sur Nacer Bendrer.
Me Courtoy affirme encore qu’il est “entravé”, Me Laquay, l’autre avocat de Mehdi Nemmouche, n’a pas de questions. La défense de Nacer Bendrer affirme pour sa part qu’elle ne souhaite pas poser de question ce soir, vu qu’elle avait “prévu ce genre de scenario”, selon laquelle l’audition se termine très tard. La défense de Nacer Bendrer demande tout de même que les juges d’instruction et des enquêteurs reviennent ce mercredi matin pour poser d’autres questions.
La séance est juste suspendue quelques minutes pour… une pause sanitaire.
19h10 – Personnes “bizarres”
L’avocat de Mehdi Nemmouche demande encore si une enquête a été menée autour de deux personnes “bizarres” qui se seraient présentées dans le magasin d’antiquités de Henri Coomans de Brachène, en face du Musée juif, vingt minutes avant la fusillade. “Cibler deux personnes qui ont regardé bizarrement des antiquités, c’est compliqué. Car on a eu plein de signalements avec l’audition de tous les témoins”, explique la juge d’instruction.
19h04 – L’ADN, encore
Me Courtoy revient une nouvelle fois sur le fameux ADN mixte sur la porte du Musée juif. “A-t-on vérifié l’ADN de toutes les personnes témoins des faits ?”, demande-t-il. “Non, sinon il fallait les ambulanciers, les services de secours, etc. Ce serait illusoire”, explique la juge d’instruction. Un expert répète : “On ne peut infirmer ou affirmer que l’ADN de Mehdi Nemmouche ne se trouve pas sur cette porte”.
19h00 – Le passé des Riva
Me Courtoy continue longuement d’évoquer le passé des époux Riva et affirme qu’ils ont travaillé pour l’État israélien, voire le Mossad. Il pose des questions précises pour aller dans le sens de son acte de défense.
18h55 – La théorie des “rendez-vous”
Me Courtoy demande encore des confirmations autour de l’enquête concernant les époux Riva, victimes de la fusillade. Il s’interroge sur le fait que les enquêteurs ont d’abord été enquêter à l’hôtel Radisson Blu de Bruxelles et demande aussi pourquoi les époux Riva ont “quatre bics de différents hôtels”. Un enquêteur explique que cette enquête a été menée car le premier inventaire des objets retrouvés sur les lieux, sur les époux Riva, montre qu’il y a un bic “Radisson Blu” et un bic “Holiday Inn” sur eux, ce qui peut expliquer pourquoi les enquêteurs ont été dans ces deux hôtels.
La théorie de Me Courtoy est que les époux Riva ont été dans ces hôtels pour “des rendez-vous”. Il demande ainsi à la juge d’instruction pourquoi les images de vidéosurveillance de ces hôtels n’ont pas été récupérées. La juge d’instruction réplique que les images n’ont pas été saisies vu que les époux Riva n’étaient pas clients de ces hôtels.
18h44 – Images de l’hôtel des époux Riva
Me Courtoy aborde une nouvelle fois la vie privée d’Alexandre Strens et sur la perquisition menée dans son appartement. Mais aucune information ne ressort vraiment de ces questions.
L’avocat de Mehdi Nemmouche revient ensuite sur les images de vidéosurveillance de l’hôtel des époux Riva, dont les caméras auraient arrêté de filmer à 13h36, affirme-t-il. Les juges d’instruction cherchent les P.-V. autour de ces caméras de surveillance et indiquent que les enquêteurs ont dû faire appel à des techniciens spécialisés dans le système de vidéosurveillance de l’hôtel. “Nous avons extrait, converti et archivé les vidéos des deux caméras potentiellement utiles. Certains plage-horaires manquent”, explique la juge d’instruction, selon le P.-V. placé dans le dossier.
La juge d’instruction affirme qu’aucune question n’a été posée sur le fait que des plage-horaires manquaient sur ces images.
18h29 – Alexandre Strens
L’avocat de Mehdi Nemmouche revient encore sur la théorie du double nom d’Alexandre Strens. M. Boulanger, un homme qui aurait été le petit ami d’Alexandre Strens, aurait ainsi dit qu’Alexandre Strens avait une autre identité. Me Courtoy demande donc si une enquête a été menée sur ce sujet. La juge d’instruction affirme que seul M. Boulanger explique cela et donc qu’aucune enquête n’a été menée à ce sujet.
Toujours selon M. Courtoy, M. Blondin, président du Musée juif, aurait dit à Daniel Strens, frère d’Alexandre Strens : “Cette balle lui était destinée”. La juge d’instruction explique cette phrase par le fait qu’Alexandre Strens devait en fait travailler à l’accueil le samedi, à la place Dominique Sabrier. M. Blondin a confirmé cette explication en audience.
18h22 – Liens avec les attentats
Me Courtoy revient sur sa théorie selon laquelle aucun ADN de Mehdi Nemmouche n’a été retrouvé sur le revolver de la fusillade. Un enquêteur précise qu’aucun ADN exploitable n’a pu être analysé.
L’avocat relance ensuite des questions sur le lien qui aurait entre l’attaque du Musée juif et les attentats de Bruxelles et de Paris. La juge d’instruction réplique en affirmant qu’il y a deux ans de différence entre les faits. Me Courtoy s’interroge ensuite sur le caractère antisémite de l’attaque, en se basant sur le drap retrouvé chez Mehdi Nemmouche et dans les vidéos de revendication. La juge d’instruction confirme que rien n’indique dans ces objets des revendications antisémites.
18h14 – Plusieurs lunettes
La présidente de la cour d’assises demande de présenter aux jurés une pièce à conviction : des lunettes de soleil de marque Springfield retrouvées dans le sac Decathlon de Mehdi Nemmouche, à côté d’une cagoule, une veste avec une caméra collée dessus, et encore des gants. Une autre paire de lunettes de soleil (de marque Orao) a été découverte dans le sac à roulettes retrouvé dans la soute du bus où a été arrêté Mehdi Nemmouche à Marseille. Une paire de lunettes de vue (de marque Gucci), avec une branche cassée, était enfin sur Mehdi Nemmouche, rapportent les douaniers.
18h07 – Les images du repérage
Me Courtoy s’interroge sur les images du repérage et sur la méthode utilisée pour les retrouver. Il s’étonne du fait que ces images de repérage ont été retrouvées très tard. Un enquêteur explique qu’il a reçu, début juin, le soutien d’une vingtaine de jeunes tout justes sortis de l’école de police de Liège et que ceux-ci ont dû travailler sans relâche “quasiment 16h à 18h par jour pour essayer d’avancer le plus vite possible” dans ce dossier. Ces jeunes policiers ont notamment dû chercher l’un après l’autre des indices de repérage. Les images ont été revues plusieurs fois, explique l’enquêteur, qui affirme encore que “peu de monde avait vu Mehdi Nemmouche en vrai”. “On ne savait pas non plus ce à quoi il ressemblait en costume et on n’avait pas les images de la gare des bus de Marseille”, ajoute une juge d’instruction.
18h00 – “La seule chose qui peut nous sauver”
La présidente de la cour d’assises demande à Me Courtoy pourquoi la défense de Mehdi Nemmouche n’a pas demandé la récusation de policiers vu que la défense affirme qu’il y a manipulation de preuves et que l’enquête est bâclée. “Nous ne pouvons pas demander la récusation de tous les policiers belges”, clame l’avocat. “La seule chose qui peut nous sauver, c’est un jury populaire”.
17h52 – Photo
Me Courtoy demande encore à la juge d’instruction s’il a bien demandé rapidement des devoirs d’enquête sur cette fameuse photo sans lunette. La juge d’instruction confirme et explique qu’il n’y a eu aucune manipulation d’image.
L’avocat relance encore ses questions sur l’analyse de ces photos mais la présidente de la cour d’assises demande d’avancer.
17h48 – “Manipulation d’images”
Me Courtoy demande de remontrer une photo de Mehdi Nemmouche, analysée par un portraitiste. Il demande au portraitiste s’il y a des lunettes sur ce portrait. “Je n’ai jamais parlé de lunettes. Je ne travaille qu’avec les ombres et la lumière”, explique-t-il.
L’avocat revient désormais sur la vidéo qu’il souhaite montrer depuis le début de la journée. On montre ainsi une vidéo basse résolution de la vidéosurveillance du Musée juif de Belgique, au moment de la fusillade. On y voit l’auteur de la fusillade : Me Courtoy affirme que les lunettes sont apparentes avant de disparaître puis de réapparaître. Les images sont très peu claires, même image par image. Il est difficile selon notre point de vue de voir s’il s’agit d’ombre ou non. L’avocat affirme qu’on ne voit pas bien car il faudrait voir la vidéo “sur un petit écran” (sic).
L’avocat demande si la vidéosurveillance a été manipulée. Un enquêteur confirme en vérifiant sur place que la vidéo est l’originale et que la seule modification de la vidéo concerne le codec, pour permettre de voir la vidéo sur tous les ordinateurs.
17h35 – Course
L’avocat de Mehdi Nemmouche revient une nouvelle fois sur les problèmes de santé de son client et demande si on a retrouvé des objets évoquant des problèmes de dos. Une juge d’instruction confirme qu’une ceinture de soutien dorsal a été retrouvée mais aussi des affaires de “running”, ainsi qu’un Camel-bag, des chaussures de course…
17h32 – La course à pied
L’avocat de Mehdi Nemmouche revient sur la théorie d’un tueur qui aurait ensuite pris une voiture pour s’enfuir. La juge d’instruction rappelle que tous les moyens de transport ont été envisagés, car la théorie du tueur qui s’enfuit en Audi n’a pas été confirmée.
Me Courtoy demande encore si une personne peut réussir à faire le trajet entre le Musée juif et le domicile de Mehdi Nemmouche sans courir. Un enquêteur réplique : “On peut le faire en alternant marche et course à pied”. L’avocat répond avec une question : “A-t-on trouvé des médicaments dans le domicile de Mehdi Nemmouche ?” L’avocat explique en effet que son client est asthmatique. Seul du Doliprane a été retrouvé à son domicile à Molenbeek, mais un Ventolin a été retrouvé sur Mehdi Nemmouche. Un médecin explique pour sa part qu’une personne légèrement asthmatique peut courir.
Me Courtoy revient encore sur l’état de santé de Mehdi Nemmouche et affirme que son client a fait quatre pneumothorax (en 2006 et 2007). Un médecin explique que cela ne veut pas forcément dire qu’il ne peut plus faire d’efforts physiques : “Il faut en faire l’expertise médicale”. Me Courtoy confirme qu’il va en faire la demande.
17h25 – Itinéraires
Me Courtoy revient ensuite sur l’itinéraire qu’aurait pris Mehdi Nemmouche entre le Musée juif de Belgique et son domicile à Molenbeek, et le fait qu’il aurait été aperçu à un autre endroit par une témoin, entre 16h et 17h le 24 mai 2014. Les enquêteurs expliquent avoir réalisé plusieurs itinéraires, pour suivre celui qui serait le plus logique et faisable entre le Musée juif et son domicile.
L’avocat se demande encore si une caméra montre le tueur sur le chemin allant vers le domicile de Mehdi Nemmouche. La juge d’instruction explique avoir cherché de nombreuses images via les témoignages, d’abord, puis via le témoignage des voisins de Mehdi Nemmouche, “car on ne savait pas avant le 1er juin 2014 que le domicile de Mehdi Nemmouche était dans la rue Saint-Joseph”. “On ne pouvait plus alors retrouver les images, qui sont souvent perdues au bout de six ou sept jours”, explique la juge d’instruction.
17h17 – L’expert vocal
Pendant les explications de l’expert vocal, Me Courtoy parle notamment avec son collègue Me Laquay. L’expert réaffirme pour sa part que les rapports ne disent pas qu’il y a une “unanimité” selon laquelle la voix de la personne dans les vidéos des revendications est celle de Mehdi Nemmouche. Il revient également sur l’échelle, et affirme que les résultats à plus de 0,3 sont signifiants.
Me Courtoy s’énerve encore et affirme qu’il préfèrerait que “les prochaines analyses ne se fassent pas” avec l’expert vocal qu’il a interrogé. Cela se tend…
17h11 – Comparaisons de voix
Me Courtoy évoque les analyses vocales de Mehdi Nemmouche et de ses vidéos de revendication. Il s’interroge sur le fait qu’une “note négative” a été indiquée par l’expert vocal sur une comparaison entre une audition de Mehdi Nemmouche et une vidéo de revendication retrouvée sur son ordinateur. L’expert explique que cette note négative est considérée comme “zéro” car la note est supérieur à – 0,3.
L’expert ajoute que les résultats qu’il a donnés sont convergents. “Je n’ai jamais dit que les voix étaient formellement comparables. Elles vont dans le sens d’une identité de voix et non d’une identification”, explique l’expert vocal.
Me Courtoy relance en revenant sur des détails techniques qui n’auraient pas été indiqués dans le rapport de l’expert. “Vous n’avez pas suivi mon rapport correctement”, affirme encore l’expert à l’avocat de Mehdi Nemmouche.
17h05 – Nemmouche, Abdeslam et Bakkali
Me Courtoy revient sur la discussion qu’aurait eue Mehdi Nemmouche et Salah Abdeslam à la prison de Bruges. Il demande à la juge d’instruction qui était dans l’autre cellule à côté de Mehdi Nemmouche. Celle-ci ne connaissait que les initiales. Il s’agissait de Mohamed Bakkali, accusé d’avoir préparé les attentats de Paris, réplique l’avocat. Me Courtoy affirme que c’est Bakkali qui a demandé à Nemmouche de décrire les attentats du 22 mars 2016 à la télévision à Abdeslam.
17h01 – L’identification des victimes
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, commence ses nombreuses questions. Il demande au commissaire de la DR6, arrivé sur place après la fusillade : “Vous dites dans un P.-V. que l’identité des victimes ne peut pas être communiquée. Pourquoi et qui vous a donné l’instruction ?”
L”inspecteur principal (qui n’est pas commissaire, contrairement à ce qu’indique Me Courtoy) s’explique : “Je n’ai aucune explication verbale devant ce tribunal sur ces révélations d’identité. Ensuite, comme cela a été expliqué, au niveau de la police locale, nous ne menons pas d’enquête mais nous réalisons un P.-V. de descente des lieux. Nous n’avons qu’un rôle de rédacteur dans ce procès-verbal. Effectivement, il avait été convenu entre le procureur du Roi et le commissaire que nous n’avons pas à formuler d’identité des victimes décédées dans notre P.-V., vu l’exécution de nos tâches. Car cela ne donnait pas de plus-value dans notre procès-verbal. Je ne cherche pas à avoir des informations dont je n’ai pas besoin. Et je n’ai certainement pas menti sous serment”.
16h55 – La perception
La présidente de la cour d’assises demande d’abord aux enquêteurs si la faible résolution des images qui vont être proposées peut faire que la perception des images peut changer. Notamment sur le fait qu’une personne semble porter ou non des lunettes. Un enquêteur confirme que la perception est subjective et celle-ci peut donc bien changer.
Me Courtoy s’énerve à nouveau et demande plutôt qu’on voit les images selon ses prérogatives.
16h52 – L’audience reprend
On va passer aux questions de la défense aux enquêteurs et juges d’instruction. Les avocats de Mehdi Nemmouche ont déjà annoncé “des dizaines de questions”, tout comme les avocats de Nacer Bendrer. La séance de questions et réponses risque donc de se prolonger ce mercredi.
16h26 – Suspension de séance
Les parties civiles ont terminé de poser leurs questions. Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, demande le visionnage de plusieurs séquences de la vidéosurveillance du Musée juif.
La séance va désormais être suspendue au retour du greffier et la défense pourra ensuite poser ses questions. La séance doit reprendre vers 16h50.
16h03 – L’ADN mixte
Les avocats d’Unia prennent désormais la parole. Me Marchand revient sur les traces ADN et demande des précisions. Il s’interroge notamment sur une empreinte de la porte : “On ne peut pas inclure ou exclure le fait qu’il y a de l’ADN de Mehdi Nemmouche. On ne sait pas le dire”, confirme un enquêteur. Ces questions irritent particulièrement Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche.
15h51 – Nemmouche et Abdeslam
Me Hirsch pose encore une question sur les déclarations de Mehdi Nemmouche à des co-détenus à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy en 2014, rapportées dans un article de Mediapart. Cet article rapporte notamment que Mehdi Nemmouche aurait affirmé qu’il voulait “fumer une petite Juive”. Ces déclarations avaient été notifiées dans l’acte d’accusation.
L’avocate du CCOJB revient encore sur les discussions qu’ont eues Mehdi Nemmouche et Salah Abdeslam, suspecté d’avoir préparé les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, dans la prison de Bruges. Ces précisions tentent visiblement de montrer les liens entre Mehdi Nemmouche et les djihadistes qui ont frappé l’Europe en 2014 et 2015.
Mehdi Nemmouche relatait ainsi à Salah Abdeslam, le 22 mars 2016, jour des attentats de Zaventem et de Maelbeek, ce qu’il voyait à la télévision ce jour-là : “Brahim et Sofiane de Schaerbeek (NDLR : Najim Laachraoui) sont morts, ils cherchent toujours l’homme au chapeau. Maintenant, il reste Abrini”, tels étaient les propos de Mehdi Nemmouche selon la juge d’instruction. Me Hirsch explique qu’à l’époque, la presse ne connaissait aucune des personnes citées par Mehdi Nemmouche.
15h38 – Un otage danois
Me Hirsch, avocate du CCOJB, revient sur le séjour en Syrie de Mehdi Nemmouche en 2013. Trois journalistes français affirment en effet que Mehdi Nemmouche étaient leur geôlier. Mais Me Hirsch explique qu’un otage danois était également présent à ce moment-là, et que ce dernier n’a pas été interrogé. “Parle-t-il de M. Nemmouche comme étant geôlier en Syrie ?”, se demande l’avocate. “Il dit qu’il a eu quelques gardiens célèbres dont Mehdi Nemmouche, qui voulait devenir célèbre selon lui”, répond un enquêteur.
“Il y avait aussi Najim Laachraoui, l’un des terroristes des attentats de Zaventem”, explique encore l’enquêteur.
15h32 – Numéro turc
Les avocats de l’association française des victimes de terrorisme se demandent qui est la personne à qui appartient le numéro de téléphone turc qui a émis des appels à la grand-mère de Mehdi Nemmouche, lors de ses séjours en étranger. Ce numéro était notamment en lien avec deux personnes qui sont partis en Syrie en janvier 2014. “Il y avait un candidat au combat, qui est parti de Belgique pour rejoindre l’État Islamique en Syrie le 20 janvier 2014. L’autre personne serait Abdelhamid Abaaoud, une des personnes abattues en novembre 2015 et considérée comme une des personnes ayant perpétré les attentats du 13 novembre à Paris”, confient les juges d’instruction.
15h30 – Les repérages
Me Nardonne, également avocat du Musée juif, demande des précisions sur l’ordinateur de Mehdi Nemmouche, le 23 mai 2014. Il fait notamment le lien entre le fait que l’ordinateur était éteint et les repérages réalisés par le tireur devant le Musée juif, le 23 mai.
15h27 – Détention préventive de Mehdi Nemmouche
Place désormais à Me Masset, avocat du Musée juif. Alors que Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, s’énerve et affirme que les parties civiles colportent des mensonges.
Me Masset demande des précisions sur la détention préventive de Mehdi Nemmouche et les comparutions de l’accusé devant la Chambre du conseil, tous les deux mois. La juge d’instruction belge répond : “Mehdi Nemmouche a rarement comparu. Il a comparu lors de ses problèmes de santé, sinon il n’était pas présent. On n’a eu aucune demande particulière de la part des avocats, qui avaient accès au dossier. Il y a également eu peu d’appels de ces décisions, seulement au début de l’instruction car les avocats demandaient plus de temps pour préparer leur dossier. La juge d’instruction confie qu’elle a donné plus de jours que d’habitude aux avocats de Mehdi Nemmouche vu la taille du dossier”.
15h20 – Des armes “prêtes à l’emploi”
Me Koning, avocat de la famille de Dominique Sabrier, une des victimes de l’attentat, pose désormais ses questions. Il revient sur la défense de Mehdi Nemmouche et sur la théorie selon laquelle l’accusé aurait transporté les armes de la fusillade, mais n’aurait pas tiré avec et aurait tenté de les sécuriser. Il demande aux enquêteurs si cette explication tient la route et si les armes étaient sécurisées. “Le fusil d’assaut était prêt à l’emploi car il y avait un chargeur enclenché et une cartouche engagée. Dessus était posé un drap blanc”, explique le douanier. “L’arme n’était pas sécurisée, de mon point de vue. Et le revolver était également prêt à l’emploi”.
Les juges d’instruction confirment que les armes ont été “directement sécurisées” quand elles ont été récupérées par la police.
15h08 – Le premier secouriste d’Alexandre Strens
Me Dalne, avocat de la mère d’Alexandre Strens, prend la parole et pose une question de sa cliente. Celle-ci demande de revoir l’extrait vidéo pour voir la première personne qui aide Alexandre Strens et qui le met en position latérale de sécurité. La mère d’Alexandre Strens souhaite en effet savoir si elle a été identifiée et si elle a fait une déclaration. Un pompier-ambulancier explique qu’il a vu cette personne : “Il m’a dit qu’il était médecin et qu’Alexandre Strens était vivant. Je me souviens juste de cette personne un peu âgée, d’une soixantaine d’années. Il s’est levé après que je sois arrivé et il est parti”. Les enquêteurs confirment son identité et qu’il a été interrogé vers 17h20 le jour de la fusillade.
14h59 – Livres de Mehdi Nemmouche
Un enquêteur a retrovué la liste de tous les livres amenés par Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche : des livres sur la CIA et les théories du complot, la Corée du Nord, Pinochet, l’histoire des juifs et musulmans en Algérie, l’histoire du contre-terrorisme…
14h57 – Services israéliens
Me Lurquin demande notamment si les juges d’instruction ont eu des contacts avec la sûreté israélienne, vu la nationalité des époux Riva. La juge d’instruction affirme qu’il n’y a pas de contact direct avec tout service étranger de ce type, mais que des informations sont transmises via les services nationaux compétents.
Cette question a notamment été posée suite à la théorie de la défense de Mehdi Nemmouche selon laquelle les époux Riva travaillaient avec les services secrets israéliens.
14h53 – Précisions
Un autre avocat de la famille Riva demande aux enquêteurs de préciser l’ensemble des livres que Mehdi Nemmouche a reçu en prison. Il a notamment eu des livres sur “la CIA et les théories du complot”.
Me Lurquin, avocat de Mme Billeke, qui était dans le Musée juif le jour de la fusillade, demande pour sa part si les enquêtes autour d’un assassinat “terroriste” ont des spécificités. “Oui, pour le contenu de l’enquête”, explique une juge d’instruction. “Il faut contextualiser les faits et faire des recherches sur le passé, le contexte, l’histoire des suspects et les conséquences que les faits ont sur la population”.
14h48 – Les époux Riva
Place aux avocats de la famille Riva. Il se lance dans une plaidoirie mais est coupé par la présidente de la cour d’assises. Il doit poser une question. Il demande si dans tous les documents, dans toutes les auditions, bref dans toute l’enquête, “y a-t-il un seul élément que l’arrivée des époux Riva au Musée juif de Belgique était programmé ?”
“Aucun élément ne prouve que les époux Riva avaient l’intention d’aller au Musée juif”, rapportent les juges d’instruction.
14h38 – L’audience reprend
L’audience reprend. On va passer aux questions des parties civiles et de la défense durant toute l’après-midi. Cela risque de durer quelques heures.
13h11 – La poignée de porte
Le procureur fédéral remontre des images de vidéosurveillance, trois heures avant la fusillade du Musée juif. Elles montrent notamment que Dominique Sabrier pousse également la poignée de la porte du Musée juif, mais son ADN n’a pas été retrouvé. Un enquêteur confirme qu’on peut ne pas laisser son ADN sur une poignée de porte, et une juge d’instruction ajoute que plusieurs personnes ont encore touché cette poignée pour apporter les premiers soins aux victimes, après la fusillade.
La défense de Mehdi Nemmouche a en effet affirmé dans son acte de défense qu’aucune trace d’ADN de Mehdi Nemmouche n’a été retrouvée sur la porte du Musée juif, et joue sur ce fait pour l’innocenter.
C’est sur cette nouvelle analyse que la présidente de la cour d’assises suspend la séance. Reprise à 14h30.
13h02 – Comparaison d’images
Le procureur fédéral continue de tenter de contrecarrer la théorie des avocats de Mehdi Nemmouche, qui évoquent un coup monté et préparé. Il demande de revoir au ralenti plusieurs images de vidéosurveillance du Musée juif, le jour de l’attaque, notamment pour montrer qu’Emmanuel Riva et le tireur ont touché la poignée de la porte du musée au même endroit. Ce qui pourrait donc confirmer que plusieurs empreintes ont pu être détectées sur cet endroit de la poignée.
Un enquêteur confirme que plusieurs ADN, dont celui d’Alexandre Strens, ont été retrouvés sur cette poignée de porte. “On ne retrouve pas de trace d’Emmanuel Riva, ni de Mehdi Nemmouche, ni d’aucune autre personne connue dans le dossier, à part Alexandre Strens”, explique l’enquêteur.
12h49 – Demandes
Le procureur fédéral tente de contredire les théories de la défense et demande aux juges d’instruction si les avocats de Mehdi Nemmouche ont fait des demandes de devoirs d’enquête sur le wi-fi du Musée juif, sur les bâtiments à côté du Musée juif, etc. Le procureur demande également de revoir les images de vidéosurveillance du Musée juif, notamment concernant le bouton-poussoir qu’aurait cherché à pousser Dominique Sabrier pour ouvrir la porte ou contacter la société de sécurité. Sur les images, lors de la fusillade, le procureur affirme qu’elle a ses mains “au niveau de son clavier”, et non près du bouton-poussoir.
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, s’énerve à nouveau face aux questions du procureur fédéral.
12h38 – L’ordinateur de Mehdi Nemmouche
Le procureur demande à la présidente de la cour d’assises d’interroger Mehdi Nemmouche sur la navigation privée utilisée sur son ordinateur. L’accusé refuse de répondre à la question et dit qu’il va “répondre quand (mes) avocats auront développé certaines choses”. La présidente se demande s’il va faire “une déclaration”, “non, je répondrai aux questions”, sourit-il.
Le procureur demande des précisions aux enquêteurs concernant les logiciels utilisés et les sites visités sur l’ordinateur de Mehdi Nemmouche. Ils confirment que la navigation privée était désactivée lorsque des sites d’information ont été consultés, après le 24 mai 2014. Le procureur revient sur le dernier site consulté sur cet ordinateur, le 29 mai 2014 : une vidéo sur le site de RTL Info consacrée aux réactions politiques internationales sur l’attentat du Musée juif.
12h34 – Courriers d’avocats
Le procureur fédéral revient sur la saisie de courriers d’avocats de Mehdi Nemmouche dans la cellule de l’accusé. La défense avait affirmé que cela n’avait pas été fait dans la légalité. La juge d’instruction explique que les courriers ont bien été restitués sans avoir été lus, elle affirme donc que tout s’est fait dans la légalité.
12h29 – La confrontation entre Nemmouche et Bendrer
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, rigole et parle avec son client alors qu’un enquêteur raconte la confrontation entre Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer. En effet, l’enquêteur ne se souvient “plus bien” de l’ensemble de l’audition.
12h25 – Photo et identification des victimes
La défense se demandait notamment pourquoi on n’a pas montré de photo de Mehdi Nemmouche à certains témoins. La juge d’instruction estime que le visage de Mehdi Nemmouche a été largement diffusé dans la presse et que montrer une photo de Mehdi Nemmouche comme principal suspect n’aurait fait que polluer l’esprit des témoins. “On ne fait jamais de comparaison dans ces cas-là”, explique-t-elle.
Par rapport au fait que les noms des victimes n’ont pas été rapportés rapidement à la police locale, la juge d’instruction explique qu’après être descendue sur les lieux, elle n’avait pas non plus les noms des personnes identifiées. Elle affirme qu’il fallait faire les identifications une à une et qu’il fallait d’abord prévenir les proches. “Je n’ai pas donné d’instruction sur l’identification des victimes”, explique la juge d’instruction.
Un policier et enquêteur confirme que l’identification peut prendre du temps.
12h17 – L’arrestation de Nemmouche
Le procureur pose désormais des questions sur l’arrestation de Mehdi Nemmouche à Marseille. Il demande de revoir les images de vidéosurveillance de la gare des bus de Marseille Saint-Charles, et de l’arrivée des militaires du plan Vigipirate. “Nous voulons montrer que cela n’a rien d’une opération préparée”, comme pourrait le dire la défense de Mehdi Nemmouche, estime le procureur.
“Lorsque nous avons découvert les armes, nous n’étions que trois dans le bus, sans protection extérieure. J’ai balayé d’un regard les vitres du bus et j’ai aperçu trois militaires qui se baladaient près de la gare. Après avoir sécurisé le revolver, j’ai demandé aux militaires d’intervenir. Ce n’était pas une opération préparée. Si on avait dû interpeller un individu, on ne l’aurait évidemment pas fait dans un bus. Cela aurait été inconscient de mener une interpellation sur une personne lourdement armée dans un bus”, explique le douanier qui a arrêté Mehdi Nemmouche.
11h59 – Vérifications
On en est encore aux vérifications des contacts téléphoniques entre Mehdi Nemmouche, Nacer Bendrer et Mounir Attalah entre le 9 et le 24 avril 2014. On va désormais passer aux contacts téléphoniques du 24 au 29 avril 2014, lorsque Mehdi Nemmouche est annoncé à Marseille. Le procureur fédéral s’interroge notamment sur les localisations des numéros de téléphone dans les différents arrondissements de Marseille. Le procureur se demande s’il y a des “éléments objectifs” de la présence de Mehdi Nemmouche à La Valentine. Les enquêteurs répondent que seuls les auditions confirment qu’il était à La Valentine mais qu’aucun relais téléphonique ne le confirme. Pendant ce temps, Mehdi Nemmouche rigole.
Ces questions sont notamment posées pour savoir si les contacts téléphoniques peuvent confirmer ou non la présence d’une personne dans tel ou tel arrondissement : “Une personne qui n’a pas activé de borne téléphonique dans un arrondissement peut être dans cet arrondissement car les frontières sont techniques et non administratives”, précise un enquêteur.
Cela risque encore de durer un moment.
11h35 – L’audience reprend
L’audience reprend désormais. On reparle donc des questions posées par le procureur fédéral sur les contacts téléphoniques. Ce sont des confirmations de tous les contacts entre Mehdi Nemmouche, Nacer Bendrer et Mounir Attalah entre le 13 et le 24 avril 2014. Le procureur souhaite surtout que les durées soient précisées ainsi que le nombre d’appels entre les différents numéros utilisés par les trois protagonistes. L’enquêteur revient, un à un, sur chaque contact téléphonique et évoque les bornes activées (à Marseille et à Koekelberg, non loin de Molenbeek).
11h04 – La “téléphonie de guerre”
Le procureur fédéral revient encore et toujours sur “la téléphonie de guerre” entre Mehdi Nemmouche, Nacer Bendrer et Mounir Attalah, soit les contacts téléphoniques entre ces trois personnes durant le mois d’avril 2014.
Le procureur demande aux enquêteurs de préciser les contacts téléphoniques sur les téléphones utilisés par Nacer Bendrer du 13 au 24 avril 2014, ainsi que le nombre de contacts. Il revient également sur le fait qu’un des numéros n’a plus été utilisé dès le 17 avril 2014, alors qu’un autre a cessé d’émettre le 24 avril 2014.
L’audience est suspendue, le temps pour les enquêteurs de répondre à ces questions très précises du procureur.
10h46 – Appels du 9 avril
La présidente de la cour d’assises interroge Nacer Bendrer sur le fait qu’il a changé de numéro de téléphone dans la soirée du 9 avril 2014, avant d’acheter des billets pour Bruxelles : “J’avais un problème de batterie, j’ai déjà répondu”, affirme-t-il. Le procureur revient encore sur le fait que deux numéros ont connu diverses activités durant cette soirée du 9 avril 2014. L’enquêteur en charge de ces contacts téléphoniques confirme que le téléphone qui n’avait plus de batterie selon Nacer Bendrer a bien fonctionné rapidement après que ce dernier a changé de téléphone.
10h43 – Encore des détails
Le procureur fédéral revient sur des détails des conversations téléphoniques. Jusqu’ici, cela ne concerne pas des points importants de l’enquête, mais plutôt des détails du dossier. Face à ces nombreux points précis, Me Blot, l’avocat de Nacer Bendrer, s’énerve et estime que ces questions ont déjà été posées par le passé.
10h34 – Les avocats de Nacer Bendrer ont “beaucoup de questions”
Avant de rentrer dans la salle d’audience, les conseils de Nacer Bendrer ont confié à l’agence Belga qu’ils ont “beaucoup de questions à formuler”. “On doit avoir un regard critique par rapport à l’enquête et c’est le moment de poser des questions, d’essayer de voir ce qu’ils n’auraient pas fait et de se pencher sur des pistes qu’ils n’auraient pas explorées jusqu’au bout”, a ainsi confié Me Gilles Vanderbeck. Celui-ci estime que les enquêteurs n’ont pas fait preuve d’“une grande rigueur intellectuelle” en soulignant certains éléments d’une enquête française concernant Nacer Bendrer mais en en omettant d’autres.
10h26 – Téléphones
Le procureur fédéral revient sur les téléphones et les conversations entre toutes les personnes du dossier. Un enquêteur confirme que Nacer Bendrer a utilisé trois numéros de téléphone différents en août 2014, et encore un autre numéro en novembre 2014.
Pendant ce temps, Nacer Bendrer et Mehdi Nemmouche discutent avec leurs avocats, avec un léger sourire.
10h20 – Perquisition chez Nacer Bendrer
Le procureur fédéral revient sur la perquisition du domicile familial de Nacer Bendrer. Les enquêteurs révèlent que l’appartement était “proche de l’état d’insalubrité” et “en désordre apparent”. Chaque enfant de la fratrie (ils sont huit enfants) n’avait pas de chambre à soi. Seuls Nacer et Reda Bendrer semblaient avoir une chambre à eux, précisent les enquêteurs.
10h17 – Algérie
Les procureurs demandent si le 9 décembre 2014, lors de sa première audition, Nacer Bendrer avait évoqué son voyage en Algérie lors de l’attaque du Musée juif de Belgique. Les enquêteurs répondent : “Nacer Bendrer a confirmé un voyage fin avril, début mai 2014, en Algérie, pour un ancien ami. Il a dit être resté là-bas durant quatre jours environ”. Or, la fusillade du Musée juif a eu lieu le 24 mai 2014. Lors de son interrogatoire, en début de procès, Nacer Bendrer avait encore affirmé qu’il était en Algérie le jour de la fusillade.
10h13 – Le jury a terminé ses questions
Des questions sont encore posées sur les armes et sur les autres enquêtes autour des personnes autour de Nacer Bendrer et de Mehdi Nemmouche. Le jury a terminé de poser ses questions. On passe désormais aux procureurs.
10h07 – Le cas Perrin
Face à toutes ces questions autour de Yohann Perrin, le propriétaire de la villa où a été arrêté Bendrer, la présidente de la cour d’assises interroge Nacer Bendrer : est-ce que Mehdi Nemmouche connaissait Yohann Perrin ? “Pas à ma connaissance”, dit-il.
10h01 – Détails
Les jurés s’interrogent encore sur les données informatiques récupérées chez Mehdi Nemmouche ou sur le drapeau islamique retrouvé dans ses affaires. Une jurée demande notamment si une analyse graphologique a été menée sur les inscriptions sur le drapeau. Un enquêteur répond qu’un islamologue leur a précisé que l’écriture émane plutôt d’une personne qui ne connaît pas bien l’arabe.
Une jurée questionne à nouveau sur M. Perrin, le propriétaire présumé de la villa. “On sait qu’il a également prêté sa voiture à Mounir Attalah. Y a-t-il d’autres contacts avec d’autres personnes concernées dans l’enquête ?”, s’interroge-t-elle. Les enquêteurs affirment que M. Perrin n’a des contacts établis qu’avec Mounir Attalah et Nacer Bendrer. Ils ne peuvent toutefois pas répondre sur ce que M. Perrin faisait à l’époque et où il était “car on n’avait pas de raison de s’intéresser à lui à ce moment-là de l’enquête”.
9h51 – Munitions
Un juré revient sur l’arrestation de Nacer Bendrer : “Y a-t-il eu des traces de Nacer Bendrer sur la cartouche retrouvée dans l’arme qu’il a touché ?”. Une enquêtrice confirme que des traces ont seulement été retrouvées sur un pistolet et une kalachnikov, mais pas sur des munitions.
Les questions des jurés sont souvent techniques, et reviennent sur des détails de l’enquête.
9h45 – La villa de Yohann Perrin
Une jurée se demande si la police française a mené des perquisitions autour de la villa de Yohann Perrin avant l’arrestation de Nacer Bendrer. Un enquêteur répond qu’il ne sait pas.
La jurée interroge enfin l’enquêteur sur la porte de la villa : Nacer Bendrer avait affirmé qu’il gardait la villa car “les portes ne fermaient pas”. Un enquêteur affirme pour sa part que les policiers ont dû forcer la porte car celle-ci était fermée.
9h41 – Faux passeport
Une jurée demande si la photo du faux passeport utilisé pour acheter les armes de la fusillade en Espagne correspond à celle de l’homme à qui appartenait les armes auparavant. Un enquêteur confie qu’il lui semble que la photo correspond à cet homme, même si “notre rencontre avec l’homme date de 2016 alors que le faux passeport était périmé en 2000. La photo devait donc dater de plus de 10 ans”.
9h38 – Le “craquage” des iPhone
Une jurée s’interroge sur le “craquage” des iPhone des accusés : “Pourquoi cela n’a-t-il pas été possible ?” Un enquêteur explique que c’est quasiment impossible en France voire même en Europe de craquer un iPhone sans autre autorisation. Une juge d’instruction que cela ne semble possible qu’aux États-Unis, mais sous la condition de nombreuses restrictions autour de la vie privée et la demande d’une commission rogatoire internationale.
9h36 – Nice et Yohann Perrin
Un juré pose encore une question sur les armes à Marseille et notamment le fait que la ville de Nice a été évoquée une fois dans le dossier. Une juge d’instruction explique que seul Mounir Attalah a évoqué “Nice”, sans autre précision. Enfin, on revient sur le cas de Yohann Perrin, l’homme qui serait le propriétaire de la villa où a été arrêté Nacer Bendrer. La juge d’instruction précise qu’aucune autre information que les déclarations de Nacer Bendrer n’a pu être confirmée.
9h30 – Premières questions des jurés
Place aux questions des jurés. Un juré demande pourquoi des GSM qui n’ont pu être analysées n’ont pas été conservés. Une juge d’instruction explique que des copies ont été faites mais qu’aucun accès n’a pu être trouvé pour analyser ces téléphones.
Ce même juré s’interroge ensuite sur la façade du Musée juif de Belgique : des affiches laissaient-ils sous-entendre qu’il y avait une exposition ? “Des images occultaient les vitres, c’est sûr. Et il y avait en effet des affiches”, confirme une juge d’instruction en montrant les photos de la façade.
9h17 – L’audience commence
La présidente de la cour d’assises est arrivée, tout comme les accusés (Mehdi Nemmouche porte un gilet noir et son habituel pull jaune orangé, Nacer Bendrer est en pull noir). Cette nouvelle journée d’audience peut commencer. Me Courtoy, l’un des avocats de Mehdi Nemmouche, manque toujours à l’appel.
9h10 – Premières déclarations
Avant d’entrer dans la salle d’audience, Me Adrien Masset (avocat du Musée juif) et Me Guillaume Lys (avocat de l’association française des victimes de terrorisme) ont indiqué qu’ils étaient “satisfaits de l’enquête présentée par les enquêteurs” et qu’ils ne risquent pas de poser beaucoup de questions durant cette nouvelle journée d’auditions.
Les avocats de Nacer Bendrer annoncent pour leur part qu’ils veulent “mettre en lumière plusieurs éléments” autour de cette enquête, notamment afin de “montrer qu’il n’y a pas de complicité entre (Nacer Bendrer) et Mehdi Nemmouche”.
8h35 – Les questions
Les douze jurés effectifs et les jurés suppléants seront les premiers à poser des questions. Suivront ensuite les parties civiles, puis la défense, notamment celle de Mehdi Nemmouche qui risque d’interroger longuement les enquêteurs, vu que sa défense se base notamment sur le fait qu’aucune trace d’ADN n’a été retrouvée sur la porte du Musée juif de Belgique.
L’audience reprendra vers 9h00, à l’arrivée de toutes les parties dans la salle de la cour d’assises. Cette séance de questions-réponses devrait durer toute la journée.
8h30 – Retour sur les premières auditions
Cela fait plus d’une semaine que les enquêteurs en charge de l’enquête autour de l’attaque terroriste du Musée juif de Belgique sont entendus devant la cour d’assises de Bruxelles. Ils sont ainsi revenus sur leurs entretiens avec Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, sur leurs mobiles, sur les armes retrouvées sur les deux accusés, sur leurs séjours en prison, ou encore sur l’arrestation de Mehdi Nemmouche à Marseille.
Voici, en résumé, ce dont ils ont parlé devant la cour d’assises :
► Des vidéos du tueur évoquent “une série d’attaque sur la ville de Bruxelles”
► Nacer Bendrer aurait menti sur les dates de son séjour en Algérie, le jour de la fusillade
► Les enquêteurs pointent une ressemblance entre les vêtements du tueur et de Nemmouche
► “On ne laisse pas toujours de trace ADN sur quelque chose qu’on touche”
Grégory Ienco et C.T.Q. avec Belga – Photos : Belga/Igor Preys