Succès “exceptionnel” pour la collection Morozov à Paris

Avec 1,25 million de visiteurs, dont 84% de Français, l’exposition de la collection russe Morozov, qui s’est achevée le 3 avril à Paris à la Fondation Louis Vuitton, a rencontré un succès “exceptionnel”, malgré l’absence de public étranger liée à la crise sanitaire. La Fondation a annoncé ce bilan lundi, légèrement inférieur au record établi par la collection Chtchoukine en 2016-2017 (1,3 million de visiteurs) mais “exceptionnel” en raison de “l’impact évident de la crise sanitaire” sur la fréquentation.

Si un petit pourcentage de visiteurs européens a pu la visiter, Américains et Asiatiques ont été “quasiment absents”, a souligné la Fondation.   

Pendant un peu plus de six mois, le public a pu admirer, pour la première fois hors de Russie dans cette ampleur, 200 chefs-d’oeuvre de la collection constituée de Van Gogh, Gauguin, Renoir, Cézanne, Matisse, Bonnard, Monet ou Manet ainsi que de peintres russes comme Golovine, Gontcharova, Korovine, Machkov, Malevitch, Melnikov, Répine, Serov… l’une des plus importantes collections d’art impressionniste et moderne au monde.

Intitulée “La collection Morozov, Icônes de l’art moderne”, en hommage à Mikhaïl et Ivan Morozov, frères et industriels passionnés d’art moderne du tournant des XIXe et XXe siècles, l’exposition initialement programmée jusqu’au 22 février 2022, avait été prolongée jusqu’au 3 avril, en raison de son immense succès.

En plein décrochage, et alors que les tableaux doivent repartir dans les prochains jours en Russie, la collection a été rattrapée ce week-end par la guerre en Ukraine, deux oeuvres, dont une appartenant à un oligarque russe, devant rester en France. 

Le premier tableau, un autoportrait de Piotr Kontchalovski, datant de 1911, appartient à Petr Aven, visé par une mesure de gel d’avoirs. Le second, un portrait de Margarita Morozova du peintre Serov, provient du musée des Beaux-Arts de Dnipropetrovsk, dans l’est de l’Ukraine, et restera en France à la demande des autorités ukrainiennes pour des raisons de sécurité. 

Une troisième oeuvre, un portrait du peintre Serov représentant un parent de la famille Morozov, est détenue par une fondation privée liée à un autre oligarque, Viatcheslav Kantor, et fait l’objet d’un examen par les services de l’État. Son sort n’était pas tranché lundi soir, selon la Fondation.  

La plupart des oeuvres doivent regagner leurs institutions d’origine, principalement le musée Pouchkine et la galerie Tretiakov à Moscou, ainsi que le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Même dans le cadre des sanctions européennes, les États membres de l’Union européenne peuvent déroger à l’interdiction de transfert et d’exportation vers la Russie des oeuvres d’art dès lors que ces oeuvres ont été prêtées dans le cadre d’une coopération culturelle officielle avec la Russie, a précisé le ministère.