“No Mercy in this Land”, le nouvel album de Ben Harper & Charlie Musselwhite
Dans leur nouvelle collaboration, “No Mercy in this Land”, Ben Harper et Charlie Musselwhite, qui croisent la guitare et l’harmonica. D’un côté, le gardien du temple: Ben Harper, 48 ans, artiste de renommée internationale, métis, bras tatoués et chapeau de pasteur. De l’autre, le vieux sorcier: Charlie Musselwhite, 74 ans, artisan longtemps resté méconnu, teint pâle, yeux bleus malicieux et fine moustache.
Cinq ans après “Get Up”, leur premier effort commun récompensé du Grammy du “meilleur album de blues” en 2014, les deux Américains, qui se sont rencontrés en 1998 par l’entremise de John Lee Hooker, reviennent déverser leur blues entre deux âges, très primitif et moderne à la fois dans “No Mercy in this Land”.
Sur le titre éponyme, Ben partage le chant avec Charlie. Et pour cause, cette complainte fait écho à l’histoire de l’harmoniciste, abandonné par son père et dont la mère a été assassinée. “Ce vers, ‘ma pauvre mère est dans sa tombe’, a une résonance très personnelle. C’est l’essence du blues, cette émotion-là est pure”, dit-il.
“No Mercy in this Land” (“Pas de pitié dans ce pays”) évoque aussi l’Amérique actuelle. “On vit des temps très difficiles avec Trump. Ce qui se passe est assez écoeurant. Je n’imaginais pas que ça puisse empirer à ce point”, observe Charlie, dépité.
Autre titre-phare du disque, “The Bottle Wins Again”, parle de l’alcoolisme qui aurait pu “tuer cent fois” ce vieux sage désormais sobre. “Le blues que j’écris était fait pour être joué par Charlie”, assure Ben Harper.
En osmose, ces deux collectionneurs de disques vinyles s’accordent aussi sur la chanson qu’ils emporteraient sur une île, à savoir “Will the Circle Be Unbroken?”, une chanson populaire de 1907 dans la version des Staple Singers (1967).
“Ce titre a tellement de puissance, de profondeur, d’émotion. Je peux l’écouter un nombre incalculable de fois, je ne m’en lasse jamais”, affirme Charlie soudain envahi par un sourire d’enfant.