Manifestation en appui à la réfugiée belge Nalan Oral menacée d'extradition en Turquie

A l’initiative du collectif belge d’extrême gauche Secours rouge, une trentaine de personnes se sont rassemblées mercredi après-midi devant l’ambassade de Roumanie, à Uccle, pour appeler les autorités roumaines à ne pas extrader vers la Turquie Nalan Oral, une ressortissante turque bénéficiant du statut de réfugié en Belgique. Les manifestants ont scandé “Liberté pour Nalan” devant l’ambassade. Ils ont voulu remettre un dossier à l’ambassade de Roumanie, mais celui-ci a été refusé. “Elle a un statut de réfugié politique en Belgique”, souligne un des membres du Secours rouge. “Elle risque 30 années de prison si elle est extradée. On veut qu’elle soit libérée. Il y a des milliers de prisonniers politiques de gauche en Turquie et il y a des faits avérés de torture”.
Nalan Oral a été arrêtée vendredi dernier à la frontière entre la Hongrie et la Roumanie alors qu’elle était en vacances. Les autorités roumaines pourraient décider de la livrer à la Turquie, qui a transmis un mandat d’arrêt international à son encontre à Interpol. Cette mère de famille de 37 ans s’est vue reconnaître le statut de réfugié en Belgique en 2012. Elle avait fui la Turquie après avoir été condamnée à 30 ans de prison pour ses activités militantes en faveur des droits de l’Homme et des femmes, selon l’Union turque des Femmes socialistes dont elle est membre.
“Il y a de bons espoirs puisque que le HCR, le Haut Commissariat des Réfugiés aux Nations Unies, est intervenu pour signaler officiellement à la Roumanie qu’il demandait qu’elle ne soit pas extradée”, détaille Olivier Stein, avocat de Progress Lawyers Network en charge du dossier. “Le ministère des Affaires étrangères belge a également écrit en ce sens-là. On essaie de rassembler toutes les informations possibles pour montrer à la justice roumaine qu’elle est en danger d’un emprisonnement injuste, de torture et de viols en prison, d’après le dernier rapport d’Amnesty International. Son emprisonnement n’est motivé que par ses opinions politiques selon les instances d’asile belges”. Une audience est prévue lundi prochain en Roumanie. “La Turquie, qui pourtant persécute un grand nombre de personnes, a la possibilité de délivrer des mandats d’arrêt internationaux intégrés au sein du système Interpol”, continue Me Stein. “La Turquie peut profiter des automatismes qui s’appliquent à ce niveau-là, mais le juge a la possibilité de refuser de l’appliquer s’il y a intention de persécuter la personne”.

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12 juillet 2017 - 18h45