La ministre Kitir à l’écoute de victimes dans le port dévasté de Beyrouth

La ministre belge de la Coopération au développement Meryame Kitir a déposé mercredi une gerbe de fleurs au port de Beyrouth (Liban), frappé à l’été 2020 par une explosion dévastatrice, et annoncé une aide humanitaire belge de 3 millions d’euros à la population libanaise, via les Nations unies. En visite officielle au Moyen-Orient, Mme Kitir a rencontré à Beyrouth la famille belgo-libanaise de Krystel El Adm, décédée à l’âge de 34 ans des suites de ses blessures encourues dans l’explosion gigantesque, le 4 août 2020, d’un hangar de produits chimiques.

Cette explosion, due au stockage sans mesures de précaution depuis fin 2013 d’énormes quantités de nitrate d’ammonium, a fait au moins 214 morts – dont deux personnes belgo-libanaises – et dévasté des quartiers entiers de la capitale.

Ce jour-là, Krystel El Adm, qui à côté de son travail menait des activités de bénévole dans l’aide sociale sur place, était venue apporter un iPad à un jeune du quartier du port qui devait suivre des cours en ligne quand l’appartement de ce dernier a été soufflé par la déflagration.

Un an après le drame, les victimes et leurs proches sont toujours en attente de justice, car l’enquête locale sur les causes et les responsabilités piétine, dans un contexte de fortes pressions politiques.

“Nous voici un an et deux mois après la catastrophe. Tout le monde en connait la cause, sauf les Libanais ! Combien de temps cela durera-t-il encore ? “, a demandé le Dr Nazih El Adm, le père de Krystel, sans cacher sa colère.

L’homme ne fonde pas de grands espoirs sur le nouveau gouvernement libanais, mis sur pied après des mois d’impasse politique. Le nouveau chef du gouvernement, Najib Mikati, est un milliardaire des télécoms qui a déjà été Premier ministre à deux reprises par le passé. “Rien n’a changé, c’est bonnet blanc et blanc bonnet”, dénonce le Dr El Adm.

Engluée dans une crise économique sans précédent, qualifiée par la Banque mondiale d’une des pires au monde depuis 1850, la société libanaise doit vivre avec une monnaie qui a perdu plus de 90% de sa valeur. A Beyrouth, les files s’éternisent des heures durant devant les stations-services où le carburant est en pénurie. Ceux qui en ont les moyens quittent en masse le pays, tandis que plus de la moitié de ceux qui restent vivent dans la pauvreté. 

Au port de Beyrouth, la ministre Kitir (Vooruit) a annoncé une aide de 3 millions d’euros supplémentaires au fonds pour le Liban de l’OCHA, le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu.

“Il n’est jamais trop tard”, a commenté le Dr El Adm. “Cela donne un peu d’apaisement à notre famille. Ça aurait été aussi très important pour Krystel”. L’homme s’investit dans le soutien à la jeunesse: des proches ont créé une fondation au nom de sa fille, via laquelle il compte organiser des formations IT gratuites à Beyrouth pour des jeunes de 15 à 18 ans. “Ma fille est morte en voulant aider un jeune du quartier dans son éducation, je veux prolonger cet engagement en son nom”.