Aides aux clubs sportifs : pourquoi la moitié seulement du fonds d’urgence prévu par la FWB a été octroyée ?
Les clubs sportifs ont été lourdement affectés par la crise sanitaire et le confinement. La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) avait constitué au mois de mai un fonds d’aide d’urgence pour le sport. Mais six mois plus tard, seule la moitié de ce budget a finalement été attribuée, s’étonne le député Michaël Vossaert (DéFI).
Les clubs sportifs ont connu début d’année plus exaltant. Le contexte sanitaire, les incertitudes liées à l’avenir pèsent sur le moral des troupes. « Heureusement, le mois de septembre est la période des cotisations. Nous devrions pouvoir nous en sortir », se rassure le président du RSD Jette, René Kruys. « Mais si les entraînements et les matchs sont annulés, les membres réclameront leurs cotisations ! Et là, ce sera la catastrophe », ajoute-t-il. Sans compter la fermeture des buvettes, qui prive les clubs de rentrées financières précieuses : le club jettois en a deux, qui rapportent 200.000 euros par an. Perdre un mois ou deux, c’est un coup dur. Pour couronner le tout, le club attend toujours les aides publiques promises pendant le confinement. « La Fédération Wallonie-Bruxelles nous a accordé un soutien de 3900 euros mais il nous faut compléter le dossier que nous avons remis à l’administration, par de nouvelles pièces justificatives. Nous nous exécuterons mais c’est une gestion lourde, et en ce moment nous n’avons pas le temps de nous en occuper », explique René Kruys.
Au Crossing Schaerbeek, le club a préféré ne pas même rentrer de dossier, découragé par la charge administrative : « Cela nous aurait pris beaucoup trop de temps », indique son administrateur Thierry Forton.
La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a constitué au mois de mai dernier un fonds d’aide d’urgence pour le sport. Doté de quatre millions d’euros, il visait à soutenir les structures affectées par le confinement et la crise sanitaire, clubs amateurs reconnus ou fédérations sportives, dont la viabilité était menacée.
Des procédures trop lourdes ?
Mais à l’arrivée, seuls deux millions d’euros ont été octroyés, soit la moitié du budget du fonds d’urgence sport. Incompréhensible, pour Michaël Vossaert (Défi), député au parlement de la FWB. 528 dossiers ont été jugés recevables, sur 580 dossiers déposés, pour un total de 1.77.000 euros, selon les chiffres du cabinet de Valérie Glatigny (MR), la ministre des Sports en FWB. Seuls 10 % des dossiers acceptés concernent des clubs bruxellois, s’étonne encore l’élu amarante. Ces chiffres résultent selon lui, de la complexité des démarches à effectuer. « Les formulaires de la FWB étaient tellement compliqués, qu’ils étaient assortis d’un vade-mecum de dix pages pour expliquer la marche à suivre. Beaucoup de clubs sont gérés par des bénévoles. Ils ne disposent pas des ressources humaines nécessaires pour s’embarquer dans un tel parcours administratif. » A cet égard, mettre clubs amateurs et fédérations sportives sur le même pied revient à défavoriser les premiers, continue le parlementaire. Et de plaider pour une simplification administrative des procédures de demande de soutien.
« Tout a été mis en place pour accompagner, guider, conseiller les éventuels bénéficiaires avec la mobilisation des services du cabinet ou des structures comme l’ADPES », répond le cabinet Glatigny. Le vade-mecum était précisément destiné à orienter les candidats aux aides, indique-t-il, et des « délais d’accompagnement » ont été prévus, compte tenu précisément de la situation des structures sportives amateurs. Mais oui, convient-il, les aides étaient conditionnées à une série de critères. Certains n’y correspondaient pas.
Différents types d’aides
Restent les deux millions non affectés. « Ces montants ont été réalloués », nous explique le cabinet Glatigny. Ainsi d’autres types d’aides étaient prévus, comme les deux opérations de l’action « J’me bouge pour mon club », dotées de près de 1.700.000 euros, et bien moins exigeantes en termes administratifs. Enfin 330.000 euros sont proposés sous forme d’appel à projet aux fédérations sportives pour des besoins de matériel, d’outils de communication et de sensibilisation sur le covid-19 entre autres.
Avec le groupe DéFI au parlement de la FWB, Michaël Vossaert propose, en lieu et place du mécanisme d’aides proposé par le gouvernement, un chèque sport spécial Covid-19, dispositif plus léger pour pouvoir soutenir les clubs face à l’urgence. Un système jugé inadéquat par la ministre. « Instaurer un montant forfaitaire sans distinction de la situation des clubs n’aurait pas permis de tenir compte des réalités spécifiques de chacun. D’autres aides, dont des aides directes avec des démarches administratives minimales ont également été mises sur pied, et le seront encore dans un futur proche », explique son cabinet.
Vu le contexte actuel – potentiel arrêt des activités, fermeture de buvettes – Michaël Vossaert demande que l’affectation de ces budgets soient réévaluée. Le gouvernement de la FWB rappelle de son côté que trois millions d’euros ont été débloqués durant le conclave budgétaire de la semaine dernière afin de soutenir les fédérations sportives touchées par la crise sanitaire.
S. R. – Photo: BX1