Un nouveau train de nuit Berlin-Bruxelles a débarqué à la gare du Midi ce mardi

Le premier train de nuit “Nightjet” en provenance de Berlin est entré en gare de Bruxelles-Midi mardi un peu avant 11h00, a constaté l’agence Belga sur place.

Son opérateur, la compagnie autrichienne ÖBB, avait prévu une arrivée à 9h56. Le convoi était parti de la capitale allemande lundi soir, avec notamment à son bord la CEO de la SNCB, Sophie Dutordoir. Le ministre fédéral de la Mobilité Georges Gilkinet était présent pour accueillir le “Nightjet”.

À partir de mercredi, la compagnie ÖBB lancera une liaison nocturne entre Bruxelles et la capitale allemande Berlin. Trois trains par semaine seront proposés dans un premier temps, avant que la fréquence ne devienne quotidienne à l’automne 2024. Le voyage durera, au total, 13 heures et 38 minutes, s’il n’y a aucun retard.

Le train fera escale à Francfort, Bonn, Cologne et Liège. Un train de nuit circulera également entre Paris et Berlin, en correspondance avec le train de nuit de Bruxelles.

Le “Nightjet” est opéré par la SNCB, la SNCF mais aussi la compagnie autrichienne ÖBB et la Deutsche Bahn en Allemagne. Les transporteurs souhaitent redonner au réseau des trains de nuit ses lettres de noblesse.

Des partenariats internationaux

Le ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet, y est également favorable et plaidera auprès de ses homologues européens pour la mise en place de partenariats internationaux. La reconstruction d’un réseau européen de trains de nuit constituera “une priorité pendant la présidence belge du Conseil de l’Union européenne“, a-t-il souligné.

Le ministre n’a pas caché son enthousiasme pour le nouveau “Nightjet” : “L’offre ferroviaire ne cesse de se développer et le gouvernement belge s’emploie activement en ce sens, notamment en offrant des aides financières à chaque entreprise ferroviaire proposant des trains de nuit desservant des localités en Belgique. Le rail constitue aujourd’hui l’alternative la plus écologique. Je suis donc très heureux de voir cette nouvelle ligne s’ouvrir“.

À chaque réunion avec mes homologues européens, j’essaie de les convaincre de prendre la même initiative que nous“, a poursuivi M. Gilkinet. Ce dernier prévoit d’ailleurs inscrire ce sujet à l’ordre du jour d’une réunion informelle en avril prochain. Les discussions pourraient inclure des aspects tels que l’harmonisation technologique, le système de changement de locomotive et le système de billetterie, en vue de simplifier les voyages en train à travers l’Europe. Le ministre envisage également d’explorer les initiatives privées et/ou publiques qui pourraient soutenir les trains de nuit.

Pour l’instant, le réseau n’est pas compétitif par rapport aux compagnies aériennes low-cost telles que Ryanair. Mais les promoteurs du projet sont convaincus qu’une demande croissante fera baisser le prix des billets. M. Gilkinet a souligné à cet égard l’importance “d’aider les prestataires de services et les opérateurs à développer un modèle économique rentable“.

Selon Sophie Dutordoir, CEO de la SNCB, le Plat pays est historiquement comme géographiquement connecté aux trains de nuit : “Depuis Georges Nagelmackers, fondateur de la légendaire Compagnie des Wagons-Lits, les trains de nuit ont toujours fait partie de l’histoire des chemins de fer belges. D’un point de vue géographique, la Belgique est située au cœur du réseau ferré européen. Lorsque ÖBB a souhaité redonner vie aux trains de nuit au début de l’année 2020, il est apparu essentiel à la SNCB de se joindre à l’initiative et ainsi permettre de connecter davantage de capitales et de villes européennes à Bruxelles et ce, de jour comme de nuit“.

Une économie de CO2

Le train de nuit Paris-Bruxelles-Berlin constitue la deuxième ligne de train de nuit “Nightjet” dans notre pays. Le “Nightjet” d’ÖBB circule déjà entre Vienne, la capitale autrichienne, et Bruxelles. Et depuis fin mai, un train de nuit circule entre Bruxelles et Berlin, exploité par European Sleeper.

Cette liaison ferroviaire fait partie de la stratégie internationale de la SNCB“, a assuré la CEO. La dirigeante souligne la particularité de cette initiative, notamment sur le plan écologique. “En voyageant de cette manière, nous économisons des tonnes de CO2. C’est également une manière très conviviale de voyager, par le biais de laquelle émergent des échanges avec les autres passagers.”

À terme, l’objectif est d’ajouter éventuellement d’autres lignes au réseau de trains de nuit et d’étendre l’alliance à d’autres villes partenaires. “La SNCB n’exploitera jamais seule des lignes internationales“, a précisé Mme Dutordoir. Compte tenu des retours des compagnies ferroviaires voisines, la CEO prévoit que Bruxelles deviendra “le point central pour le départ et l’arrivée de nouvelles lignes à l’avenir“.

Travailler sur la sécurité

La gare du Midi, qui est déjà la station la plus fréquentée du pays, attirera encore davantage de voyageurs avec cette nouvelle liaison internationale. Cependant, la gare est également connue pour ses problèmes d’insécurité, de sans-abrisme et de consommation de drogues dans ses environs. “Je ne dirais pas que la gare est dangereuse, mais nous devons travailler à assurer une sécurité maximale“, a-t-elle déclaré à l’agence Belga, précisant que “92 % des voyageurs se sentaient parfaitement en sécurité à l’intérieur de la gare”.

D’après elle, plusieurs initiatives ont déjà été mises en œuvre pour renforcer la sécurité de la gare. En collaboration avec les communes de Saint-Gilles et Anderlecht, des moyens ont été déployés pour “nettoyer” le quartier environnant et l’espace intérieur de la gare. La création d’un commissariat de police dans la gare est également en cours, et une nouvelle aile de la gare du Midi sera érigée le long de l’avenue Fonsny. “Cette nouvelle structure durable devrait revitaliser le quartier du Midi.”

Le projet est en cours depuis plusieurs années. L’année dernière, le permis de construire, qui fait actuellement l’objet d’un recours, a été délivré. D’après la CEO, “le premier coup de pelle sera donné dans les mois à venir“.

Belga

■ Reportage de Jean-Christophe Pesesse, Yannick Vangansbeek et Hugo Moriamé